Six ans après L’Homme aux Mille Visages, Alberto Rodriguez nous revient avec Prison 77, drame carcéral réunissant Miguel Herrán, Javier Gutiérrez, Jesús Carroza ou encore Fernando Tejero au casting et se centrant sur le chemin de croix d’un détenu dans une Espagne en pleine mutation…

Valeur sûre du cinéma hispanique, Alberto Rodriguez démontre son savoir-faire à chacun de ses essais et en apporte une preuve supplémentaire avec Prison 77, drame engagé pointant du doigt les aberrations inhérentes à un système carcéral défaillant à une époque pour le moins troublée.

Aux côtés de son acolyte Rafael Cobos, fidèle coscénariste depuis le début de sa carrière, le cinéaste s’inspire de faits réels pour peindre le tableau en clair-obscur d’une Espagne profondément marquée par le Franquisme, ayant des difficultés à se relever passée près de quatre décennies d’un régime autoritaire. Une période transitoire plus complexe qu’il n’y paraît, qui sert d’ancrage pertinent à ce plaidoyer pour la démocratie et plus largement les droits de l’Homme, bien trop souvent bafoués. Une période transitoire plus complexe qu’il n’y paraît, qui sert d’ancrage pertinent à ce plaidoyer pour la démocratie et plus largement les droits de l’Homme, bien trop souvent bafoués – prenant corps à travers une immersion au sein d’un établissement pénitentiaire, où la liberté n’est qu’une illusion.

De cette base solide, s’articulant sur une sombre réalité, s’initie un drame humain qui, s’il ne révolutionne aucunement le genre dit ‘carcéral’, n’en reste pas moins des plus solides. Si son pas est moins assuré en fin de parcours, le long-métrage suit une trajectoire sinueuse avec tact, levant le voile sur les zones d’ombres propres à une nation aux portes d’une ère nouvelle sans didactisme. De quoi se laisser embarquer aux côtés de notre protagoniste principal derrière les barreaux de la prison Model de Barcelone, qui fût l’un des principaux lieux de la répression durant le règne de Franco, de nombreux détenus politiques s’y retrouvant enfermés. C’est au cœur de ce sombre univers que l’on suit Manuel, jeune comptable se retrouvant sous les verrous suite à un détournement de fonds.

Risquant une peine démesuré pour le délit commis, ce dernier va découvrir à ses dépends les conditions de vie déplorables entre ces épais murs de béton, devant lutter pour ses droits, sa dignité. Tandis que l’Histoire se met en marche dans son pays et que les cendres de l’ère franquiste laisse poindre l’espoir du retour de la démocratie, le prisonnier et ses compagnons d’infortune ne peuvent que constater que les jours heureux ne sont pas prêts d’arriver. Isolés dans un monde se refusant à suivre l’évolution en cours sur le territoire espagnol, ces hommes emplis d’amertume et de colère se lancent dans une lutte pour leurs droits – et pour l’amnistie. Ce combat pour rebattre les cartes et transformer en profondeur le système est le fil conducteur le plus important de Prison 77, traité avec justesse, permettant de mettre en avant la notion de solidarité dans un monde où prévaut la loi du plus fort. Ce qui a de quoi apporter un peu de lumière dans les sombres cellules et nuancer le propos du film, où tout n’est pas noir ou blanc. Pas de manichéisme au programme, ce qui est un bon point.

On retrouve d’ailleurs cette ambivalence dans la partition du casting, parfaitement dirigés par Alberto Rodriguez, qui profite du cadre clos de ‘La Model’ pour capter au plus les états-d’âmes de ses acteurs – à commencer par Miguel Herrán qui après La Casa de Papel et Elite passe avec finesse du petit au grand écran. Un style de mise en scène précis, offrant une caisse de résonance de premier ordre à l’intrigue développée qui, si elle tire un peu en longueur, éclaire le spectateur sur une réalité politique et sociale pas si lointaine.

Disponible en VOD et achat digital, Prison 77 signe le retour d’Alberto Rodriguez à la réalisation, ce dernier signant un drame carcéral pour le moins engagé s’articulant sur une période confuse de l’Histoire espagnole du XXe siècle.

© Plaion Pictures

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