Huit ans après Vincent n’a pas d’écailles, Thomas Salvador effectue son retour devant et derrière la caméra avec La Montagne. Réunissant au casting, Louise Bourgoin, Martine Chevallier, Laurent Poitreneaux, Andranic Manet […]
Huit ans après Vincent n’a pas d’écailles, Thomas Salvador effectue son retour devant et derrière la caméra avec La Montagne. Réunissant au casting, Louise Bourgoin, Martine Chevallier, Laurent Poitreneaux, Andranic Manet ou encore Hassan Jouhari, le long-métrage se centre sur l’expédition impromptu d’un homme inexplicablement attiré par les cimes enneigées des Alpes.
S’il se fait rare dans le paysage cinématographique hexagonal, Thomas Salvador sait se faire remarquer puisque près d’une décennie après avoir revisité à sa manière le genre super-héroïque, ce dernier gravit un nouvel échelon en s’attelant à l’exploration du film naturaliste avec une approche sensorielle – invitant le public à prendre de la hauteur, à se laisser porter par la force tranquille des éléments.
En prenant le chemin d’une quête existentielle teintée d’onirisme, le cinéaste s’aventure sur un terrain non balisé pouvant amener à l’avalanche en cas de pas non assuré. Heureusement, équipé pour ce type d’expérimentation, notre alpiniste en herbe s’équipe en conséquence et se dirige avec sérénité sur le col qu’il doit escalader. Accompagné de Naïla Guiget à l’écriture, celui-ci tisse une histoire simple, où l’intime côtoie le fantastique pour proposer une parenthèse méditative, synonyme de bol d’air rafraîchissant. L’appel de la nature, c’est l’appel à retrouver l’essence de la vie, une citation symbolisant plutôt bien La Montagne, qui se veut une expérience à part entière, amenant tout en douceur à la réflexion quant au monde qui nous entoure.
S’amorce alors une fable écologique alors qu’un ingénieur parisien, en déplacement professionnel au cœur du massif des Alpes, se laisse absorber par l’environnement qui l’entoure. Attiré par les sommets qui se dressent devant lui, Pierre ne peut lutter et se dirige vers ce lieu tutoyant les nuages, pour y installer un bivouac. Le point de départ d’un voyage inopiné où la nature se montre sous un jour inédit, imposant le respect par sa puissance, par sa magnificence. Face à l’immensité de cette surface recouverte d’un manteau blanc, nul besoin de parole, ce qu’à compris Thomas Salvador, qui instille une ambiance fantasmagorique d’un bout à l’autre de son métrage.
Un parti pris qui fait le charme de La Montagne, même si cette immersion introspective ne trouvera pas sens pour tout le monde – tout étant une question de sensibilité. D’autant plus lorsque le film bifurque vers le merveilleux. Mais qu’à ne cela ne tienne, les choix artistiques opérés ici ne laisseront personne indifférent. De quoi se laisser aisément transporter par cette ascension au sommet, qui doit énormément à son atmosphère enlevée ainsi qu’à sa mise en scène maîtrisée, Salvador parvenant à faire de cette éminence givrée qu’est la montagne une entité à part entière.
Avec La Montagne, Thomas Salvador convoque nos sens en prenant le pas d’une expérience naturaliste singulière, prenant de la hauteur pour mieux inviter le public à l’introspection. En somme, un beau film, qui devrait en transporter plus d’un.