Cinq ans après Aurore, Blandine Lenoir effectue son retour derrière la caméra avec Annie Colère, qui réunit au casting Laure Calamy, Zita Hanrot, India Hair, Rosemary Standley, Florence Muller, Damien Chapelle ou […]
Cinq ans après Aurore, Blandine Lenoir effectue son retour derrière la caméra avec Annie Colère, qui réunit au casting Laure Calamy, Zita Hanrot, India Hair, Rosemary Standley, Florence Muller, Damien Chapelle ou encore Yannick Choirat et se centre sur les actions menées par le Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception à l’aube de la loi Veil…
Dans une actualité où la lutte pour les droits des femmes reste fondamentale, notamment concernant la question de l’avortement, Blandine Lenoir livre un film nécessaire sur ce combat de tous les instants avec Annie Colère, la réalisatrice nous rappelle de l’importance d’un tel sujet dans notre société, évoquant avec tact cette difficulté à faire changer les mentalités, par le biais d’un drame humaniste et délicat.
Avec pédagogie, la cinéaste remet en lumière une période aujourd’hui méconnue dans l’histoire du militantisme en invitant le public à se replonger au cœur de la France des années Giscard, avant la promulgation de la Loi Veil – qui fût synonyme de victoire dans une bataille pour la réappropriation de son corps. Car là est tout le sujet du long-métrage, ce besoin pour les femmes d’avoir le choix et de ne plus se plier au diktats d’un patriarcat se pensant plus à même d’aborder des problématiques qui ne sont pas de leur ressort. Accompagnée à l’écriture par la scénariste Axelle Ropert, Blandine Lenoir retrace de manière méticuleuse le parcours d’un mouvement qui aura aidé à éveiller les consciences et mettre sur la table des questions jusqu’alors tabous dans la sphère médiatique et politique, le MLAC.
Traitant avec bienveillance d’une dure réalité, Annie Colère prend le chemin d’une action solidaire, démontrant du bien-fondé de l’unité face à l’adversité, trouvant une caisse de résonance particulièrement pertinente tandis que de nos jours des acquis sont remis en cause. Une régression qui fait peine à voir lorsque l’on se rappelle de la précarité passée, comme évoqué dans cette œuvre. Se retrouvant enceinte accidentellement Annie, ouvrière et mère de deux enfants découvre l’existence du Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception – une association féministe prenant à bras le corps la question de l’interruption de grossesse. En faisant confiance à ces accompagnants lui tenant la main dans une épreuve difficile, notre protagoniste entame une introspection personnelle, sa vision du quotidien se modifiant au gré de son immersion au sein de l’organisation.
Partant du point de vue d’Annie, l’intrigue joue par la suite la carte du collectif, ce qui lui réussit car détaillant la carte d’une France divisée quant aux thématiques de l’avortement et la contraception. Face à la pression de l’opinion et des politiques, se dresse un front uni, se serrant les coudes et se réconfortant dans un contexte douloureux, résistant tant bien que mal aux remous. Comme le dit l’adage, le roseau plie mais ne rompt point, ce qui définit plutôt bien le film, dont le message de sororité démontre que l’union fait la force. Un constat se vérifiant également devant et derrière la caméra, Blandine Lenoir posant sa caméra à bonne distance de ces femmes de lutte, renforçant cet esprit de camaraderie voulu qui fonctionne grâce à la performance de sa distribution. Si Laure Calamy est lumineuse, comme à son habitude, l’actrice est bien entourée, notamment par le trio formé par Zita Hanrot, India Hair et Rosemary Standley, chacune apportant sa propre sensibilité afin d’harmoniser une partition des plus soignées.
Avec Annie Colère, Blandine Lenoir livre un film nécessaire sur la lutte pour les droits des femmes, évoquant avec finesse de cette difficulté à faire changer les mentalités, en prenant le pas d’un drame sensible et solaire, mettant l’humain au premier plan.