Trois ans après Persona non grata, Roschdy Zem effectue son retour derrière la caméra avec Les Miens, qui comprend au casting Maïwenn, Sami Bouajila, Meriem Serbah, Rachid Bouchareb, Abel Jafri, […]
Trois ans après Persona non grata, Roschdy Zem effectue son retour derrière la caméra avec LesMiens, qui comprend au casting Maïwenn, Sami Bouajila, Meriem Serbah, Rachid Bouchareb, Abel Jafri, Nina Zem ou encore Carl Malapa au casting. Présenté en avant-première lors de la vingt-troisième édition de l’Arras Film Festival, le long-métrage se centre sur l’épreuve traversée par une famille à la suite de l’accident d’un de ses membres.
La puissance indéfectible des liens du cœur, une dimension importante présente en filigrane dans la carrière de cinéaste de Roschdy Zem, prenant une toute autre saveur dans Les Miens, servant dès lors de pierre angulaire à une comédie dramatique sur les remous pouvant faire tanguer l’équilibre de la cellule familiale, en toute intimité.
Avec la sensibilité qui est la sienne, Roschdy Zem s’est entouré de proches du métier et ce afin de donner du crédit à son sujet, la sincérité devant être de mise pour ce genre de projet, s’articulant autour d’une fratrie. Un noyau dur se devait d’être formé pour que le public se sente investi dans leur parcours commun, ce qui est le cas ici. Aidé par Maïwenn devant et derrière l’écran, où elle officie avec lui à l’écriture, l’acteur/réalisateur évoque le rapport à son prochain et les dissensions propre à l’absence de communication par le biais d’une chronique oscillant entre tensions et instants complices – engueulades et rabibochages étant l’apanage de tout clan. En se servant d’un incident traumatique comme grain de sel, nos deux scénaristes font enrayer une machine à première vue bien huilée, afin de faire éclater des conflits sous-jacents et d’exposer au grand jour les dysfonctions de ce microcosme réglant ses comptes à l’écran.
S’entendre mais ne pas s’écouter, tel est le vecteur principal ce drame tout en douceur. Débutant dans la cacophonie, inhérente aux grandes tablées, le long-métrage cherche à préciser la voix de chacun en les isolant, par le biais d’une entreprise de déstabilisation, prenant la forme d’un coup (littéral) sur la tête. Derrière les instants de complicité et la bonne humeur ambiante Moussa, l’un des piliers de la famille enfouit sa tristesse. A la suite d’une soirée tournant mal, l’homme doux et présent pour tout le monde se mue en un inconnu aux yeux de son entourage. Quand une commotion cérébrale modifie en profondeur le caractère de notre protagoniste, qui dit désormais tout ce qui lui passe par la tête. Un point de bascule synonyme d’avis de tempête, les mots prononcés pouvant se révéler tranchants et incisifs. Ce que vont vite constater ses enfants ainsi que ses frères et sa sœur, se retrouvant en première ligne de ces paroles sans filtres.
Evitant tout pathos, Les Miens distend les relations en restant sur le fil de la délicatesse, une force que l’on doit au soin porté aux dialogues – les nombreuses prises de bec et discussions à cœur ouvert émaillant le film sonnant plutôt justes. De quoi rester attentif aux problèmes réinitialisant l’ordre établi, la condition de Moussa affectant par ricochet son cercle intime à commencer par son frangin qu’il admire, Ryad, présentateur télé à la grande notoriété, dont l’autocentrisme va ressortir au grand jour. Les non-dits et l’égoïsme des uns et des autres vont servir de déclencheur à une remise en cause, qui va s’établir via le rétablissement du protagoniste incarné par Sami Bouajila tendre et acerbe. Dans sa globalité, la distribution est au diapason, Roschdy Zem ayant convoqué sa famille de cinéma pour que s’exprime naturellement ce sentiment de communauté, réussissant même à faire passer Rachid Bouchareb devant sa caméra pour son premier rôle. Que ce soit Meriem Serbah, Maïwenn ou encore Abel Jafri, tout le monde a du matériel pour apporter sa pierre à l’édifice.
Si l’on croit en leur tribulations, il est par contre dommage que dans l’ensemble, le scénario reste finalement sur la réserve, ne relevant pas le curseur un cran au-dessus en terme d’efficacité et de dramaturgie. Cela n’enlève rien au capital sympathie de l’œuvre, qui se révèle être la plus personnelle de son auteur, disons juste que dans une année où il a tutoyé l’excellence avec Enquête sur un scandale d’Etat, Les enfants des autres et L’Innocent, Roschdy Zem perd quelque peu en puissance avec cette sixième réalisation.
Avec Les Miens, Roschdy Zem se met au service d’une chronique familiale délicate qui, si elle manque quelque peu de force, bénéficie du capital sympathie de sa distribution, parfaitement dirigée.