[Critique] Reste un peu, dans la foi et la bonne humeur
Treize ans après Coco, Gad Elmaleh signe son second long-métrage avec Reste un peu, qui est l’occasion pour l’humoriste de réunir à l’écran une partie de sa famille, dont ses […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Treize ans après Coco, Gad Elmaleh signe son second long-métrage avec Reste un peu, qui est l’occasion pour l’humoriste de réunir à l’écran une partie de sa famille, dont ses […]
Treize ans après Coco, Gad Elmaleh signe son second long-métrage avec Reste un peu, qui est l’occasion pour l’humoriste de réunir à l’écran une partie de sa famille, dont ses parents et sa sœur. Présenté en avant-première lors de la vingt-troisième édition de l’Arras Film Festival, ce projet pour le moins personnel s’articule autour du questionnement spirituel de l’artiste alors qu’il revient de son périple américain…
Entamée sur le petit écran, avec la série Huge in France, la psychanalyse de Gad Elmaleh par lui-même se poursuit au cinéma à travers Reste un peu, comédie douce-amère à la lisière du mockumentaire où le comédien expose ses doutes d’ordre religieux via une quête identitaire synonyme de crise de foi – se cherchant à la fois devant et derrière la caméra.
Se voulant comme l’anti Coco, cet exercice dissociatif troque l’extravagance pour l’intimisme afin d’aborder des thématiques universelles sur la famille ainsi que le culte de manière posée et réfléchie. Privilégiant une approche simpliste, Gad ne cherche plus à en mettre plein la vue à son public à grands renforts d’effets clinquants et de vannes faciles, l’heure étant à l’introspection. Ce qui est déjà un bon point en soi. Officiant à l’écriture aux côtés du scénariste Benjamin Charbit, notre stand-upper prend le parti du récit alternatif afin de révéler une facette moins connue de sa personnalité, le but étant de montrer l’âme de l’homme derrière le masque du clown. Un exercice s’apparentant à un ‘vanity project’ de qualité mais qui étonnement, parvient à nous emmener sur un terrain moins lisse qu’attendu, en évoquant le poids des traditions.
Revenu de sa parenthèse enchantée aux Etats-Unis, le comédien pose ses bagages chez ses parents le temps d’une pause bien méritée. Un retour au bercail à priori anodin, du moins à première vue, Gad Elmaleh cachant la réelle raison derrière sa venue. Sa rencontre avec la Vierge Marie, qui change son regard sur le judaïsme et l’amène sur la voie du christianisme, pour le meilleur et pour le pire. Sa recherche intérieure va dès lors créer un tumulte dans son cercle familial, ses proches – en particulier son père et sa mère – ne comprenant pas la situation. La maison juive, on a beau chercher la sortie, personne ne l’a trouvé, une réplique synthétisant l’intrigue de Reste un peu, qui n’hésite pas à interroger ce rapport à l’héritage, à la transmission de valeurs, pouvant conduire à une fermeture d’esprit.
Si les atermoiements de notre comique en plein doute et son odyssée existentielle ont leur bons moments, notamment quand la légèreté s’invite au programme du séminaire préparé par Saint-Gad, ce qui est le plus intrigant à suivre s’avère être l’éclatement délicat du cocon dans lequel interagissent nos personnages. Quand le sujet de la religion revient sur le tapis, avec un baptême en ligne de mire, des pistes intéressantes s’esquissent sur la croyance et la pression pouvant en découler selon les sensibilités de chacun. Perdu entre sa peur de blesser ceux qu’il aime et son envie de s’émanciper vers un chemin spirituel inédit, notre célébrité ne sait plus à qui se vouer, vers qui se tourner pour avoir des réponses à ses questions. Un balbutiement qui approfondit quelque peu la trame du film, avec des rencontres salutaires venant abonder dans le sens de la nécessité d’ouverture à son prochain, la compréhension de l’autre renforçant la connaissance de soi – le tout dans la foi et la bonne humeur.
Des thématiques sociétales, venant apporter un peu d’eau dans ce moulin qui ne tourne plus par moments en restant autocentré sur le conflit opposant Gad Elmaleh à une partie de sa famille, ce qui est la limite de Reste un peu. En choisissant de convier ses parents, sa sœur et autres membres de son entourages à sa thérapie sur grand écran, cette expérience simili-fictionnel restreint son cadre. Si l’on saisit l’hommage orchestré par le réalisateur aux personnes qui lui sont chères, l’amour étant une valeur fondamentale dans la construction d’un être humain – ce qui est souligné dans le scénario – on peut également regretter cette confusion des genres, car en restant aux frontières du réel, la sincérité ne paraît pas toujours naturelle, la direction d’acteurs coinçant ci-et-là. Mettre en scène un documentaire pur et simple aurait peut-être pu renforcer les propos développés.
Même s’il emprunte des détours hasardeux sur la route se dressant devant lui, Gad Elmaleh s’en sort plutôt bien au final avec Reste un peu, son approche en toute simplicité de la question dogmatique l’aidant à ne pas trop s’égarer de la lumière. Le tout pour un second essai plus convaincant que le désastreux Coco, le chemin de l’intimisme réussissant mieux à l’humoriste.