Quatre ans après 3 jours à Quiberon, la réalisatrice Emily Atef effectue son retour derrière la caméra avec Plus que jamais, porté par Vicky Krieps, Gaspard Ulliel et Bjorn Floberg. Présenté en avant-première lors de la vingt-troisième édition de l’Arras Film Festival, le long-métrage se centre sur la difficulté d’un couple à face au spectre de la maladie…

Evoquer la mort est toujours délicat, le sujet étant difficile car symbole de douleur, de peine. Il faut alors trouver le ton juste pour ne pas sombrer dans le mélodrame, pour réussir à toucher le cœur des gens avec tact. Consciente du poids émotionnel de son œuvre, Emily Atef cherche à susciter l’émotion en restant sur les flots de la sensibilité, Plus que jamais se révélant être un voyage contemplatif où la quête de soi amène à porter un regard différent sur ce point final tant redouté venant clore le chapitre de nos vies. Le tout pour un film crépusculaire qui, malgré la nature de son intrigue, parvient à éclaircir d’un bout à l’autre le sombre tunnel dans lequel il s’engouffre inéluctablement.

Au cœur de son récit, les efforts d’un couple tentant de rester accroché l’un à l’autre contre vents et marées, alors que la tempête qu’ils traversent gagne en intensité. Eperdument amoureux, Hélène et Mathieu sont des âmes sœurs que rien ne peut séparer. Du moins c’est ce qu’ils pensaient jusqu’au jour où une épée de Damoclès leur tombe sur la tête – et qu’un diagnostic médical vient bouleverser leur quotidien. Comment appréhender une probable tragédie et en même temps essayer de garder espoir face à un avenir s’assombrissant ? Telle est la problématique soulevée par la cinéaste, qui prend le temps d’exposer ses éléments de réponses au gré d’une déambulation fantomatique dans le monde des vivants d’où se dissipe les incertitudes pour mieux avancer vers la lumière.

Aussi puissants soient-ils, les liens unissant les êtres aimés ne peuvent rester intacts face à la présence de la grande faucheuse, d’autant plus lorsqu’elle peut s’abattre sur eux à n’importe quel moment. Un cas de figure dans lequel se retrouvent Hélène et son mari, alors que le mal qui la ronge se fait de plus en plus présent. En dépit des différentes options s’offrant à elle, notre protagoniste ne sait pas comment réagir face à sa condition, qui la fait totalement basculer. Le cocon au sein duquel elle s’épanouissait se brise morceau par morceau, avec pertes et fracas. Une sensation de chute libre retranscrite dans la première partie du long-métrage, qui entrouvre ce fossé se créant entre la protagoniste et son entourage pour mieux nous amener sur le chemin de l’introspection.

Malgré quelques détours étirant plus que de raison le parcours tracé, Plus que jamais n’en reste pas moins une balade solaire vers un horizon des plus flous – qui se précise au fur et à mesure que les pas de notre personnage central s’affirment. Avec finesse, Emily Nataf prépare le public à la finalité de ce périple dans les paysage somptueux de la Norvège, qui viennent apporter une dimension onirique judicieuse au drame se nouant devant nos yeux. En plus de profiter à bon escient du cadre naturel dans lequel se déroule son histoire, la réalisatrice parfait sa direction d’acteurs, laissant son tandem central s’exprimer avec sincérité. De l’indéniable complicité entre Vicky Krieps et Gaspard Ulliel se renforce la trajectoire de Hélène et Mathieu, le couple faisant bloc face aux vagues s’abattant sur eux, fragilisant petit à petit leur cocon. La performance de chacun tire indéniablement ce drame vers le haut, évitant le tire-larmes dans les moments difficiles. De cette justesse naissent de véritables émotions. D’autant plus à l’heure de la conclusion, quand il est venu le temps de faire nos adieux à Gaspard Ulliel, qui tient ici son dernier rôle.

Avec Plus que jamais, Emily Atef prend le chemin d’une quête introspective pour s’interroger sur le sombre spectre de la mort, pour un drame délicat tirant sa force de la partition de Vicky Krieps et du regretté Gaspard Ulliel.

© Jour2Fête

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