Deux ans après Spider-Man : Far From Home, qui clôturait la Phase 3 du MCU, Peter Parker fait son retour au sein de l’Univers Marvel Studios pour conclure sa trilogie solo chapeautée par Jon Watts. Intitulé Spider-Man : No Way Home, ce troisième opus voit Tom Holland, Zendaya, Jacob Batalon, Marisa Tomei et Jon Favreau être rejoints entre autres par Benedict Cumberbatch, Willem Dafoe, Alfred Molina, Jamie Foxx, J.K. Simmons ou encore Benedict Wong, pour une aventure mouvementée suite à la révélation de l’identité secrète de notre héros…

Après quelques bisbilles à la suite de la sortie de Spider-Man : Far From Home, Sony Pictures et Marvel Studios ont su mettre chacun de l’eau dans leur vin pour conclure un nouvel accord concernant l’intégration du personnage au sein du MCU. Un deal qui donne ainsi lieu à la conclusion de la trilogie ‘Home’ mise en scène par Jon Watts, qui sert par la même occasion de point d’entrée quant à une thématique phare de la Phase 4 à savoir le Multiverse. Chargé d’une double mission, Spider-Man : No Way Home avait donc du plain sur la planche pour tenter au mieux de concilier les demandes des deux studios, devant être à la fois synonyme de fin de cycle de même qu’une introduction à une vaste intrigue. Défi réussi ? On ne va pas se mentir, la réponse n’est pas des plus positives.

A tisser trop de toiles à la fois, le long-métrage tombe sans son propre piège, ne sachant plus où donner de la tête, ce qui résulte en un gloubi-boulga de deux heures et demi où les scénaristes bricolent, tâtonnent – se prenant ci-et-là les pieds dans le tapis avant de retombant sur leurs pattes. Avec une machinerie Marvel qui a dû s’adapter à une certaine pandémie, ce qui d’ailleurs modifié le calendrier de la Phase 4 (en effet Doctor Strange In The Multiverse Of Madness devait à la base sortir en amont de ce volet), les errances de Jon Watts ainsi que des scénaristes Chris McKenna et Erik Sommers prennent une autre dimension. Malgré des défauts évidents, apprécions tout de même que le spectacle proposé soit d’un niveau supérieur à Far From Home – qui n’avait pas été la tasse de thé de l’auteur de ces lignes. Ici, les enjeux ont un poids conséquent et permettent de mettre le Peter Parker de Tom Holland dans une situation le permettant d’évoluer, ce qui est déjà ça de pris – même si la route chaotique emprunté pour amener à la maturité n’est pas des plus encourageantes.

Faisant suite aux évènements du précédent volet, Spider-Man : No Way Home se concentre sur un Peter Parker au dos du mur, son identité secrète ayant volé en éclats à cause d’un dernier tour de force de la part de Mysterio, qui a ainsi réussi sa dernière illusion. Devant faire face aux conséquences de cette manipulation, qui le met lui et ses proches sous le feu des projecteurs, avec une certaine méfiance de la population à son égard, ce cher Peter opte pour une solution ‘magique’ pour venir à bout de cette cabale médiatique et judiciaire. Quoi de mieux que s’associer au Sorcier Suprême pour faire table rase du passé ? Tel est le choix de notre héros, qui va demander de l’aide à Stephen Strange, pour le meilleur et pour le pire. Un adage qui trouve tout son sens devant et derrière la caméra puisque, malgré une introduction qui laissait poindre du potentiel, le soufflé retombe alors que la carte de l’emballement pouvait nous amener à une simili chasse à l’homme. Au début de la production, des rumeurs évoquaient cette piste avec l’arrivée de Kraven Le Chasseur, une piste bien vite oubliée pour se diriger vers un retour vers le passé. Ce qui sert de prétexte à une célébration de la franchise par le biais du Multiverse.

Ainsi, passé une première heure brouillonne, les choses sérieuses commencent lorsque des figures issus d’anciens épisodes des sagas de Sam Raimi et Marc Webb font leur entrée en scène. En perturbant le sort devant faire oublier au monde entier qu’il était Spider-Man, notre cher Peter attire davantage l’attention sur lui, sa maladresse amenant à l’arrivée d’ennemis provenant de divers univers. Se devant de rattraper ses erreurs, notre homme-araignée va apprendre à ses dépends que de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités. Un rappel aux bases de l’épopée cinématographique du personnage créé par Stan Lee et Steve Ditko, qui emploie les grands moyens pour allier anciennes et nouvelles générations. Si certains pourront considérer cela comme un aveu de faiblesse, prouvant que jusqu’ici l’Iron Boy qui nous sert de Spider-Man était plutôt vain, concédons plutôt un fan-service de premier ordre, cherchant à combler les fans de toutes les œuvres proposées jusqu’alors sur grand écran. Quoiqu’il en soit, malgré des approximations, force est de reconnaître que dès lors qu’un Bouffon Vert, un Docteur Octopus et bien d’autres font leur apparition, l’effet est garanti.

Cette utilisation d’une partie des Sinister Six a ses bons comme ses mauvais côtés, cette réunion de méchants souffrant de problèmes d’écriture – à l’image de l’utilisation de l’Homme de Sable et du Lézard – mais dans l’ensemble, avec une construction instable, l’ambition voulue par Sony et Marvel Studios donne de la force à la seconde partie de No Way Home. Si l’on regrette une présence accrue d’un humour plus que douteux, venant faire tomber à plat certaines surprises, cet épisode gagne finalement en épaisseur et permet à Tom Holland de proposer une palette de jeu plus sombre, qui a gagné ses galons en tant que Spider-Man maintenant que l’ombre de Tony Stark ne plane plus au-dessus de toutes les têtes. Confronté à son manque de jugeotte, à son humanité, Peter Parker doit affronter les conséquences de ses actes à travers un passage à l’âge adulte se faisant dans la douleur, un point qui vient rehausser le niveau global, d’autant plus lorsque cela implique de réel changements pour le futur de la franchise. Au final, après une célébration de l’essence même de Spider-Man, qui se fait à l’aide de nombreuses guests – dont certaines que nous ne nommerons pour ceux qui n’ont pas encore vu le long-métrage – nous assistons à un soft-reboot de la saga.

Sony Pictures et Marvel Studios semblent ainsi avoir des plans différents quant à l’avenir de l’araignée sympa du quartier, ce dernier s’apprêtant à tisser sa toile hors du MCU pour se diriger vers le Spider-verse Est-ce un bon choix ? seul l’avenir le dira. Pareil pour le Multiverse, qui peut amener à toutes les excentricités, le champ des possibles pour multiplier les crossovers et autres rencontre du troisième type étant sans limite. Nos deux studios vont-ils s’engouffrer dans ce portail où le fan-service peut facilement régner en maître ? Une autre question pour le moment sans réponse. En tout cas, malgré un scénario des plus fragiles et une réalisation aux fraises, Jon Watts ne parvenant jamais à poser sa caméra où il faut ni à construire une scène d’action de manière correcte – avec comme point d’orgue une bataille finale loin d’être iconique – saluons le trio central de Spider-Man : No Way Home et plus précisément de la trilogie ‘Home’. Si Tom Holland s’en tire avec les honneurs à l’aube de nouvelles aventures sous le giron de Sony, n’oublions pas la prestation de Zendaya, dont l’alchimie avec son Peter Parker permet de donner une autre intensité à cet opus, ni de Jacob Batalon, qui s’amuse dans la peau du sidekick/meilleur ami – ayant cette fois mieux à jouer qu’une romance à l’eau de rose.

Devant gérer un cahier des charges partant dans toutes les directions, Spider-Man : No Way Home doit composer avec trop d’éléments branlants pour être la conclusion épique qu’elle se devait d’être. Malgré une pléiade de défauts, qui viennent le déstabiliser, ce dernier volet de la trilogie de Jon Watts retombe de justesse sur ses pieds grâce à une deuxième partie qui caresse le fan dans le sens du poil et cumule les surprises. Partant sur de nouvelles bases, le Spider-Man de Tom Holland est fin prêt à partir vers d’autres horizons, ce qui a de quoi intriguer.

© Sony Pictures

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