Six ans après La Fille De Brest, Emmanuelle Bercot fait son retour derrière la caméra avec De Son Vivant, qui réunit au casting Benoît Magimel, Catherine Deneuve, Cécile de France, Gabriel Sara ou encore Melissa George. Présenté en avant-première lors de la vingt-deuxième édition de l’Arras Film Festival, le long-métrage nous expose le parcours d’un homme souffrant d’un cancer du pancréas…

Après être revenue sur le scandale du Mediator dans La Fille De Brest, Emanuelle Bercot continue d’arpenter les couloirs aseptisés du milieu hospitalier pour s’atteler cette fois à un drame pur et dur, De Son Vivant étant une incursion totale dans le domaine du mélo – non sans une note de poésie – pour une valse avec la mort remettant en perspective notre rapport à la vie, à grands renforts de scènes lacrymales.

Ce parti-pris de foncer tête baissée vers ce genre trouvera grâce aux yeux de certains quant d’autres seront irrités que l’on vienne les chercher par la main pour leur tirer des larmes, ce qui est le but premier du long-métrage, qui se veut un vecteur d’émotions. Pour s’y faire, la réalisatrice, accompagnée de la scénariste Marcia Romano, nous font suivre le dernier voyage de Benjamin, un professeur de théâtre découvrant qu’il souffre d’un cancer du pancréas incurable, la seule option lui étant offerte étant de l’aider à retarder un minimum l’inévitable. Un point de départ donnant rapidement le ton sur la tragédie qui va se nouer, le but étant d’accompagner jusqu’à la fin un personnage condamné et de le regarder partir une fois ce dernier arrivé à l’hiver de sa vie, pour un chant du cygne aux allures de lente agonie.

Divisé en plusieurs chapitres, où les saisons se succèdent, De Son Vivant témoigne du parcours résilient des patients et de leur proches, qui s’effectue sous le regard d’un personnel soignant bienveillant – tous devant puiser dans leurs ressources pour affronter avec dignité cette danse avec la grande faucheuse. Le combat de Benjamin sert de moteur à l’intrigue, qui tend à montrer à quel point la maladie peut affecter la cellule familiale et le cercle intime, la souffrance se propageant telle une contagion. Si l’état d’esprit de notre protagoniste est un enjeu majeur, le long-métrage nous expose les conséquences de cette bataille perdue d’avance sur sa mère ainsi que sur les médecins le prenant en charge. Un microcosme prend vie alors que le temps passe et nous rapproche de l’inéluctable, alimentant ce torrent d’émotion voulu par Emmanuelle Bercot, bien décidée à faire sortir les mouchoirs.

Pour aider le public à verser une larme, la réalisatrice peut compter sur sa distribution, qui comprend de fidèles camarades. Sachant tirer le meilleur parti de ses troupes, cette dernière brille en terme de direction d’acteurs avec notamment un tandem Catherine Deneuve/Benoît Magimel des plus touchants, celui-ci nous livrant une excellente partition dans la peau de Benjamin qui, malgré sa rencontre prochaine avec la mort, respire la vie lorsqu’il enseigne son art. Notons également l’excellente surprise Gabriel Sara, un cancérologue de profession, dont la douceur et la sagesse viennent apporter un halo de lumière dans cet océan de noirceur. Pour palier à cet état dépressif, qui atteint son apogée dans un dernier acte tire-larmes, notons la bonne idée d’insérer des petites touches de poésie, que ce soit à travers l’évocation du théâtre ou de la musique, offrant des instants de respiration bienvenus.

Si le dosage n’est pas toujours des plus fins en ce qui concerne l’émotion, avec un attrait pour le pathos qui divisera à coup sûr les spectateurs selon leur sensibilité, De Son Vivant n’en reste pas moins un mélodrame conscient de sa nature, Emmanuelle Bercot parvenant à retranscrire son cahier des charges à l’écran. Cherchant à faire vibrer au maximum la corde sensible des spectateurs, la réalisatrice se donne les moyens de son ambition et, même si l’on peut regretter ce côté larmoyant, saluons tout de même l’exploit. Si le scénario ne fait pas dans la nuance, apprécions tout de même les notes de poésie qui s’en dégage ainsi que la performance de son casting, avec notamment un Benoît Magimel investi et émouvant.

© Les Films Du Kiosque

Laisser un commentaire