[Series Mania] Anna, enfants perdus
Trois ans après Il Miracolo, qui a notamment été récompensé de deux prix lors de l’édition 2018, Series Mania nous présente la nouvelle série de Niccolò Ammaniti à savoir Anna, […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Trois ans après Il Miracolo, qui a notamment été récompensé de deux prix lors de l’édition 2018, Series Mania nous présente la nouvelle série de Niccolò Ammaniti à savoir Anna, […]
Trois ans après Il Miracolo, qui a notamment été récompensé de deux prix lors de l’édition 2018, Series Mania nous présente la nouvelle série de Niccolò Ammaniti à savoir Anna, l’adaptation de son roman éponyme. Concourant dans la Compétition Internationale, celle-ci comprend au casting Giulia Dragotto, Alessandro Pecorella, Clara Tramontano, Giovanni Mavilla, Roberta Mattei ou encore Elena Lietti et nous plonge dans un monde ravagé par une épidémie décimant la population adulte…
Avant que l’on ne puisse la découvrir en intégralité sur Arte, qui a officié en tant que co-producteur sur ce projet, Anna s’est dévoilée à Series Mania, le festival ayant proposé les deux premiers épisodes de la série – sur les six qu’elle comprend – qui nous introduisent à une dystopie qui n’est pas sans rappeler, dans une moindre mesure, ce que nous vivons actuellement. Le spectre du COVID-19 plane ainsi sur cette adaptation, qui se concentre sur les conséquences d’une pandémie des plus virulentes et, sans le vouloir, rappelle à travers ses images d’une Sicile désertée ce fameux confinement qu’une grande partie du monde a connu ces derniers temps.
De quoi faire monter de quelques degré le climat anxiogène dilué par Niccolò Ammaniti, qui prend le temps de présenter l’univers qu’il cherche à nous dépeindre par le biais de deux épisodes introductifs, posant avec efficacité les bases de son récit. Dans une Europe post-apocalyptique où un virus mortel nommé “La Rouge” a exterminé en une vitesse record la population adulte, se retrouvent laissés à leur sort les enfants, qui doivent apprendre à survivre en attendant que la maladie les emportent arrivés au stade de la puberté. Au milieu de ce monde en ruines, nous sommes confrontés aux conséquences de cette extinction de masse, qui transparaissent dans le quotidien d’Anna, jeune fille obstinée n’hésitant pas à braver tous les dangers pour subvenir aux besoins de son frère, dont elle a désormais la responsabilité. Une relation fraternelle fusionnelle qui est la pierre angulaire de la série.
Se partageant entre passé et présent, Anna s’affaire à nous montrer le délitement progressif de la société aussi bien dans le monde d’avant que celui d’après, où l’espoir n’est plus permis. Officiant au scénario aux côtés de Francesca Manieri, Niccolò Ammaniti transpose à l’écran la sombre tonalité de son roman, nous préparant à une quête initiatique lorgnant du côté de Sa Majesté Des Mouches, l’innocence propre à l’enfance s’étant vue sacrifiée par l’instauration de ce chaos. Livrée à elle-même, la jeunesse se délite sur l’autel de la violence, la loi du plus fort étant devenue la norme dans cet univers de désolation.
Un constat terrifiant se vérifiant dans les escapades d’Anna dans l’enceinte de la ville, où la sauvagerie est de mise, avec la présence entre autres de clans bien décidés à faire règner leur ordre. Une menace à la forme angélique, qui vient agrémenter cette immersion en terre brûlée d’une aura déstabilisante, cette génération perdue semblant condamné à s’auto-détruire. Seule constante dans cette obscure réalité, l’amour unissant notre héroïne et son frère Astor, seule lueur perceptible dans cet océan de noirceur. Grâce à une écriture des plus soignées, Niccolò Ammaniti et Francesca Manieri réussissent avec brio à nous embarquer dans cette odyssée post-apocalyptique, qui allie avec maîtrise tension, émotion et promet de se densifier par la suite au vu de la situation à laquelle nous assistons au terme du deuxième épisode.
Outre la qualité de son scénario, Anna bénéficie d’une sublime réalisation associé à une très bonne direction d’acteurs – en témoigne les prestations convaincantes des jeunes Giulia Dragotto et Alessandro Pecorella – Niccolò Ammaniti continuant son excellent parcours télévisuel après la réussite Il Miraculo. Sachant savamment ménager ses effets, ce dernier insuffle une atmosphère poétiquement macabre à sa série par sa mise en scène inspirée, renforcée par la magnifique photographie de Gogo Bianchi, le tout pour un voyage bucolique et onirique dans les décombres d’un monde en perdition. Si les prochains épisodes de cette adaptation sont de cet acabit, Ammaniti confirmera son potentiel sur le petit écran.