Près de quarante ans après sa création, la série d’animation hispano-japonaise Les Trois Mousquetaires revient au goût du jour sous l’impulsion de son auteur Claudio Biern Boyd qui, avec l’aide du réalisateur […]
Près de quarante ans après sa création, la série d’animation hispano-japonaise Les Trois Mousquetaires revient au goût du jour sous l’impulsion de son auteur Claudio Biern Boyd qui, avec l’aide du réalisateur Toni García, a redonné un second souffle à cette adaptation anthropomorphique de l’œuvre d’Alexandre Dumas – sous la forme d’un long-métrage. À l’occasion de sa sortie sur grand écran, SeriesDeFilms s’est entretenu avec le réalisateur, afin de revenir sur la conception du projet. Ce dernier a gentiment répondu aux questions posées, en concertation avec le créateur du programme original.
SeriesDeFilms : D’Artagnan Et Les Trois Mousquetaires a eu le droit à une belle exposition à la télévision durant les années 80/90, restant dans la mémoire de différentes générations de spectateurs. Vingt-six ans ont passé depuis la toute dernière aventure de votre version de D’Artagnan. Quelle était l’idée derrière ce retour ?
Toni García : Nous pensions qu’il y avait un certain manque de contenus familiaux dans le circuit cinématographique. Nos séries basées sur D’Artagnan (ndlr : Les Trois Mousquetaires et sa suite Au Service De Sa Majesté) sont toujours regardées par un public familial, des années après leur diffusion, alors nous avions envie de réaliser un film pour les personnages ayant aimé le programme à l’époque tout en l’adaptant pour les nouvelles générations en utilisant les dernières technologies en matière d’animation. Le résultat est excellent si l’on en croit les bonnes critiques, nous sommes donc heureux après tous ces efforts effectués en ces temps difficiles !
Était-ce difficile de redonner vie à votre création et de l’adapter pour le grand écran ?
Non du tout, c’était tout le contraire. Il y a des années, le style narratif s’adaptait aux limitations de l’animation 2D. Maintenant, vous avez une liberté totale pour expliquer en long et en large cette fantastique histoire basée sur l’œuvre d’Alexandre Dumas, grâce aux mouvements des caméras, on peut peaufiner ce style narratif, en créant une meilleure mise en scène, etc.
Ces éléments ont également été renforcés par l’excellente bande originale créée pour le film avec l’Orchestre Symphonique de Navarre, l’incroyable chœur de l’Orphéon de Pampelune, etc. Le compositeur, Manel Gil-Inglada, a fait de l’excellent travail et pour l’anecdote, Vanessa Garde, la cheffe-d’orchestre, a dirigé la formation avec une baguette signée par John Williams. Le résultat final, avec les choristes, a permis d’élaborer une nouvelle version de la célèbre musique de la série composée par Guido et Maurizio de Angelis (chantée par Jean-Jacques Debout en France), qui sont d’ailleurs revenus pour composer une musique spécialement pour le film. Donc vous reconnaitrez l’ADN original de la série mais dans une version deluxe conçue pour le cinéma et les familles.
Comment s’est déroulé votre collaboration avec le scénariste Doug Langdale, présent à l’écriture du film ?
Mr. Claudio Biernétant l’auteur de la série, le script original vient de lui. Doug s’est chargée de l’adaptation en long-métrage. Le script est la partie la plus sensible dans tout développement de film. Si celui-ci ne fonctionne pas, aucune des autres parties du projet ne peut marcher correctement.
Comment vous y êtes vous pris pour à la fois attirer l’attention des fans de la série originale et celle d’un nouveau public ? Était-ce un challenge ?
Nous avons travaillé avec ce but précis en tête durant les différentes phases d’écritures du script, le développement visuel et le storyboarding. Nous voulions créer un film pour les familles comme je l’ai déjà dit, en se voulant plus proche des personnages originaux tout en adaptant le récit avec ce sens de l’actualité, que ce soit l’empowerment des personnages féminins, la présence accrue de seconds-rôles tels que celui de Pip la souris ou encore l’apport d’un rythme plus dynamique et le résultat semble être apprécié dans les différents pays où le long-métrage a été projeté jusqu’ici, les retours étant bons et le public heureux à la sortie de leur séance !
Mr. García, après avoir travaillé sur la série en tant que storyboardeur, vous revenez sur D’Artagnan Et Les Trois Mousquetaires en tant que réalisateur. Comment vous êtes-vous retrouvé sur ce projet et comment s’est déroulée cette première expérience à la tête d’un long-métrage ?
A l’époque de mon travail sur les storyboards de la série, nous devions faire face aux limitations technologiques. Maintenant, je peux faire tout ce dont je rêvais avec l’équipe de storyboardeurs d’origine, d’utiliser la technologie au service de l’histoire sans aucune contrainte. Je me suis servi de différents procédés pour cette production. Celle-ci débute avec un tempo et un style narratif restant proche de la série et petit à petit, alors que les retournements de situations apparaissent dans le script, ces éléments se transforment et se modernisent de plus en plus, le tout mixé avec des flashbacks élaborés dans la tradition de l’animation 2D – en clin d’œil au style du dessin-animé. Et nous avons réussi à retranscrire ce rythme trépidant que le public aime.
En matière d’animation, ce choix d’utiliser des CGI/effets 3D pour le film est un changement créatif drastique par rapport aux séries D’Artagnan. Comment avez-vous appréhendé ce nouveau style ? Avez-vous fait face à des difficultés techniques ?
Nous avons fait un tas de tests pour adapter D’Artagnan à ce style tout CGI, que ce soit en confectionnant des textures peintes à la main, en utilisant énormément d’effets animés et des jeux de lumières, afin d’obtenir un rendu des plus dynamiques, avec des visuels évoluant de concert avec l’histoire tout en étant respectueux des personnages originaux. Nous avons également procéder à des recherches intensives avec des conseillers concernant l’environnement de l’époque, les lieux historiques, le mobilier, les peintures, les éléments décoratifs, les navires, etc. Le Louvre ou encore Calais ont été des endroits particulièrement intéressants à recréer par ordinateur.
Pour terminer, à votre avis, qu’est ce qui fait de D’Artagnan cette icône intemporelle et quelle est la force de l’œuvre d’Alexandre Dumas ?
C’est un héros très puissant qui peut intéresser le public du monde entier. Il y a toujours des personnes néfastes essayant de manipuler la réalité et des héros tentant de les démasquer. D’Artagnan se bat pour des valeurs universelles telles que l’honneur, la loyauté et l’amitié. Un pour tous et tous pour un !