Quatre ans après Fast & Furious 8, la saga rutilante d’Universal Pictures reprend le chemin du grand écran avec un neuvième opus, qui marque le retour derrière la caméra de Justin Lin – qui a mis en boîte les épisodes 4 à 6 – et réunit Vin Diesel, Michelle Rodriguez, Jordana Brewster, Tyrese Gibson, Nathalie Emmanuel, Ludacris, Kurt Russell, Charlize Theron ou encore John Cena, pour une nouvelle mission où les fantômes du passé vont venir perturber la tranquillité de Dominic Toretto et de ses proches…

Après la pause récréative qu’a constitué le spin-off Hobbs & Shaw, permettant à Dwayne Johnson et Jason Statham de sortir de l’ombre de Vin Diesel, il est temps de retrouver notre chef de famille pour une nouvelle aventure rocambolesque, qui marque le retour de Justin Lin au poste de pilotage – ce qui était un gage de qualité du point de vue de la saga, le réalisateur l’ayant revigoré en l’espace de trois films. Sauf que cette fois, pas de renouvellement au programme, ce dernier se contenant d’appliquer en mode automatique le cahier des charges ‘bigger and louder’ propre à la franchise depuis plusieurs volets maintenant, le réalisateur se repose sur ses lauriers en laissant le moteur ronronner plutôt que d’enclencher la vitesse supérieure.

Résultat, Fast & Furious 9 se complaît dans son schéma nanardesque, qui a été autrefois une force mais qui devient désormais un aveu de faiblesse puisque la route patine sévèrement niveau intrigue et morceaux de bravoure. Il y avait pourtant de la matière à ce que les enjeux prennent moins d’ampleur, avec cette plongée dans le passé trouble de la fratrie Toretto, qui aurait ainsi permis de prendre un chemin de traverse moins spectaculaire et de revenir en quelque sorte à l’essence originelle de l’univers F&F. Sauf que Justin Lin et son co-scénariste Daniel Casey embourbent le conflit opposant Dom à son frère sorti de nulle part, Jakob, au milieu d’une quête autour du globe pour retrouver Arès – un MacGuffin high-tech dont on se contrefiche malheureusement, le scénario peinant à convaincre de nous y intéresser un minimum, la faute à un recyclage d’idées.

Difficile de ne pas se rendre compte que la saga commence à tourner sévèrement en rond, quand on nous rejoue constamment les mêmes cartes à commencer par celle des résurrections, le retour sur le devant de la scène de Han faisant redite avec la fausse mort de Letty, avec une fénéantise supplémentaire pour expliquer le pourquoi du comment. Alors que la disparition de ce membre clé de l’équipe de Dom avait un certain poids et de réelles conséquences, annonçant l’arrivée fracassant de Deckard Shaw (Jason Statham) dans l’équation, tout est effacé pour recoller les morceaux avec la storyline développée, quitte à créer une certaine incohérence. Les connaisseurs savent que l’écriture n’est pas le point fort de Fast & Furious mais tout de même, sur cet opus un essoufflement certain se fait ressentir.

Même au niveau des séquences d’actions, où la norme est de sans cesse repousser les limites du possible et du crédible, une redondance apparaît, principalement au niveau des courses poursuites qui émaillent le film où cette fois un aimant géant remplace les voitures zombies du précédent volet et donne le quota de destruction massive nécessaire à un blockbuster de ce calibre. En plein cœur de ce chaos motorisé, nos protagonistes déjouent les lois de la physique et enchaînent les cascades en toute décontraction, avec comme point d’orgue une improbable virée dans l’espace – preuve que l’on s’approche du ridicule. La gravité n’a plus aucun effet sur nos as de la cabriole et comme le fait remarquer Roman (Tyrese Gibson), nos personnages sont devenus en quelques sortes des super-héros, avec une invincibilité à toute épreuve. Une réflexion méta qui aurait pu donner lieu à une remise en question – au second degré bien entendu – de la part de l’équipe créative mais Justin Lin préfère se prendre au sérieux, avec un Vin Diesel arrachant un plafond en béton en toute aisance et sortant sans la moindre égratignure de ce bordel sans nom.

© Universal Pictures

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