Trois ans après s’être fait repéré avec Hostile, le réalisateur français Mathieu Turi fait son retour derrière la caméra pour sa deuxième incursion dans le genre horrifique avec Méandre, qui comprend au casting Gaia Weiss, Peter Franzen, Romane Libert et nous fait suivre le calvaire d’une jeune femme se réveillant dans un tube rempli de pièges mortels…

Avec Méandre, Mathieu Turi continue son travail d’expérimentation dans le domaine de l’horreur et puise dans les codes de la série B pour son nouveau projet, qui se veut une représentation symbolique du chemin de croix. Comme pour son premier essai, Hostile, qui nous introduisait à un monde post-apocalyptique, cette seconde réalisation se voit teintée de science-fiction pour ce qui se révèle être un survival âpre et étouffant ne manquant pas d’idées pour immerger le spectateur – et son personnage principal – dans un véritable purgatoire.

Véritable film d’ambiance, dont l’attrait est de se reposer un maximum sur les sens et les émotions pour maintenir notre intérêt, Méandre devrait rappeler à certains Cube de Vincenzo Natali – l’un des récents mètre-étalons de ce sous-genre dit de l’enfermement – dont il se rapproche conceptuellement parlant, la comparaison s’arrête ici. Le but n’est pas d’offrir un spectacle sadique s’articulant sur le taux de léthalité provoquer par les pièges mortels disséminés mais plutôt de se servir de cette convention pour tenter d’en prendre le contre-pied et de l’épurer, afin d’offrir un voyage métaphoriquement cathartique, les codes de l’horreur servant ceux du drame.

Si l’on devine assez rapidement sur quel terrain il veut nous emmener, Mathieu Turi cherche tout de même à brouiller les pistes avec une scène d’introduction classique où une rencontre malencontreuse mène une femme à se retrouver prisonnière dans un lieu inconnu. Telle une souris dans un labyrinthe, notre victime se retrouve au beau milieu d’une sorte de tube, s’ouvrant sur un obscur dédale de sombres et étroits couloirs. S’amusant dans un premier temps à s’engouffrer dans cette idée – pour le moins vidéoludique – de perpétuel mouvement, le réalisateur, qui officie également au scénario, fait ramper Gaia Geiss vers des épreuves pour le moins douloureuses pour un itinéraire infernal devant être fait dans un temps limité, histoire d’ajouter une dose de tension supplémentaire.

Ainsi, Méandre jongle entre horreur et suspense avec plus ou moins d’aisance, la redondance se faisant quelque peu ressentir vers la mi-parcours mais cela n’entache pas l’expérience dans sa globalité et ce grâce au soin porté à la sensorialité ainsi qu’à l’intimisme. En effet, lorsque l’intrigue bifurque vers la S-F et évoque frontalement la question du symbolisme dans sa seconde partie, cela confère une dimension plus personnelle à ce parcours de souffrance, où la vie et la mort se conjuguent sur l’autel du deuil. De la noirceur propre à cette situation à priori inextricable, d’où prennent naissance la peine et le chagrin, notre héroïne doit se battre pour se frayer un chemin vers la lumière, une trajectoire faisant prendre tout son sens au titre du film et à cette notion de purgatoire, élément clé de l’intrigue.

Ce qui ajoute du cachet à cette traversée cauchemardesque et cathartique, c’est tout d’abord la mise en scène inspirée de Mathieu Turi, qui continue à tracer son sillon dans ce petit monde de l’horreur en réussissant à donner du corps aux univers qu’il créé. Grâce à son sens du cadre, ce dernier parvient à insuffler de manière efficace cette dimension claustrophobe qui donne son cachet à Méandre aux côtés du travail opéré sur la photographie par Alain Duplantier, oscillant entre obscurité et clarté. N’oublions pas non plus le rôle de Gaia Weiss, qui avait la lourde tâche de porter le long-métrage sur ses épaules et qui y parvient avec une prestation solide, nous faisant croire au supplice de son personnage malgré des contraintes physiques et peu de lignes de dialogues.

Le cinéma de genre se porte bien actuellement avec l’émergence de nouveaux talents, venant ajouter leur pierre à l’édifice avec une énergie et une inventivité qui ne sont pas feintes. Nouvelle preuve ici avec Méandre qui respire un amour indéniable de l’horreur et de la S-F et parvient à capter l’attention de son auditoire. S’il n’est pas exempt de défauts, ce parcours du combattant n’en reste pas moins une proposition intéressante à suivre, confirmant que Mathieu Turi est un talent à suivre.

© Alba Films

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