[Critique] Moxie, à bas le sexisme ordinaire
Deux ans après Un Week-End à Napa, la comédienne Amy Poehler fait son retour derrière la caméra (et devant) avec Moxie, l’adaptation du roman éponyme de Jennifer Mathieu qui comprend […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Deux ans après Un Week-End à Napa, la comédienne Amy Poehler fait son retour derrière la caméra (et devant) avec Moxie, l’adaptation du roman éponyme de Jennifer Mathieu qui comprend […]
Deux ans après Un Week-End à Napa, la comédienne Amy Poehler fait son retour derrière la caméra (et devant) avec Moxie, l’adaptation du roman éponyme de Jennifer Mathieu qui comprend au casting Hadley Robinson, Lauren Tsai, Nico Hiraga, Alycia Pascual-Pena, Sidney Park, Anjelika Washington, Josephine Langford, Patrick Schwarzenegger, Sabrina Haskett, Marcia Gay Harden ou encore Clark Gregg et nous fait suivre le combat d’une adolescente introvertie contre le sexisme régnant au sein de son établissement scolaire…
Engagée pour la cause féministe, Amy Poehler trouve dans l’oeuvre de Jennifer Mathieu un écrin sur mesure pour évoquer son cheval de bataille, Moxie faisant souffler un vent frais dans le domaine du teen-movie, en prenant à bras le corps la problématique du patriarcat.
Si on pourra lui reprocher un côté un peu trop sage ainsi qu’une écriture assez didactique, le scénario de Tamara Chestna et Dylan Meyer n’en reste pas moins plaisant, puisant dans les tropes de ce sous-genre du cinéma pour mieux délivrer ses messages quant à l’inégalité des sexes. Pour appuyer ses propos, l’intrigue se concentre sur le microcosme du lycée, y analysant le masculinisme systémique régnant en son enceinte, reflet d’une société où homme et femme sont traités selon des standards différents. Un constat affligeant qui est le point de départ du long-métrage, alors que – comme Vivian, le personnage principal – nous assistons à des leçons de sexisme ordinaire, entre les sportifs de l’établissement qui joue les caïds et les harceleurs, entre propos déplacés, listes malsaines et actes condamnables envers la gente féminine.
Des méfaits commis dans une relative impunité, grâce à ce fameux effet ‘pas de vague’ voulu par l’équipe pédagogique, qui confère à certains de ces petits malins une toute puissance dans leurs actions, ce qui laisse un goût amer en bouche. Derrière l’apparente légèreté et bonhommie propre au monde de l’adolescence, se cache une réalité plus délétère qui mérite d’être dénoncée, ce que fait Moxie. Prenant exemple sur le militantisme de sa mère, féministe dans l’âme, notre héroïne se lance dans l’écriture d’un fanzine pour exprimer sa colère face à de telles disparités. Très vite, ce manifeste va servir de symbole à un mouvement de révolte dans les couloirs du lycée, les filles se serrant les coudes et tentant, ensemble, de bousculer l’ordre établi. Cet esprit de sororité est ce qui fait le sel du film, le scénario pointant du doigt, à raison, ce double-standard entre hommes et femmes avec des scènes pertinentes à l’image de celle où la proviseure vient réprimander une élève pour sa tenue – un débardeur – alors que l’un de ses camarades de classe en porte un également, sans que cela ne pose problème.
A travers Moxie résonne le cri du cœur d’une génération de filles, las de se faire constamment rabaisser, discriminer, harceler, dans un climat de défiance permanent. Si le script ratisse large dans ses dénonciations, quitte à survoler des sujets sensibles comme le racisme ou les violences sexuelles, le choix de privilégier l’angle sociétal à la comédie est bienvenue, le sexisme étant malheureusement toujours d’actualité. Un combat difficile, qui transparaît dans le parcours de nos protagonistes, où coups bas et complexités administratives viennent mettre à mal la portée de leur lutte. Plus sérieux que prévu, le film s’évertue à démontrer que dans cette guerre des sexes, ce qui prime est l’éducation, celle qui doit être inculquée aux hommes, ne devant pas faire de la gente féminine leur proie.
Si cette critique est perspicace, celle-ci perd malgré tout de son efficacité à cause de quelques maladresses – particulièrement dans sa dernière ligne droite – avec quelques errances dans la trajectoire de Vivian, que ce soit dans sa relation avec sa mère ou son petit ami. Des point faibles qui ne dénaturent pas le message central du long-métrage mais qui diviseront les spectateurs. Ce qui devrait les mettre d’accord est la partition collégiale du casting féminin, Hadley Robinson et Lauren Tsai en tête, qui tient la dragée haute à leurs homologues masculins – même si Nico Hiraga s’en sort très bien – ainsi que la mise en scène efficace d’Amy Poehler qui donne la part belle à la direction d’acteurs.
Avec Moxie, Amy Poehler joue avec les codes du teen-movie pour mieux dénoncer les dérives du patriarcat et ce à tout âge. En résulte une comédie dramatique résolument engagée qui, si elle ne manque pas de défauts, offre une critique sagace du sexisme ordinaire, qui se doit d’être combattu, comme cela l’est bien décrit ici.