Parmi les séries françaises diffusées lors de cette dixième édition de Séries Mania, les productions de la chaîne Arte sont en bonne place puisque trois d’entre elles ont été présentées cette année, une concourant dans la Compétition Officielle (Eden) et les deux autres faisant partie de la Compétition Française. La première, Mytho a déjà été évoquée sur le site il y a quelques jours, il est désormais temps de s’intéresser à la seconde, Une Île, série écrite par Gaia Guasti, Aurélien Molas (que nous avions interviewé lors de la précédente édition pour sa série digitale, Red Creek) et réalisée par Julien Trousselier (Crime Time, mini-série également écrite par Molas). Comprenant au casting Laetitia Casta, Noée Abita, Sergi Lopez, Manuel Severi, Alba Gaia Bellugi, celle-ci revisite le célèbre mythe de la sirène.

UneÎle
© Image et Compagnie

Oscillant entre polar et fantastique, Une Île se révèle être une série pleine de mystères. Une aura surnaturelle plane au-dessus de l’intrigue et en enlevant les repères à la fois géographiques et temporels, les scénaristes jouent de cette atmosphère particulière pour perturber le spectateur et l’impliquer dans cette histoire de meurtres suspects.

Dans cet univers, Gaia Guasti et Aurélien Molas s’approprient donc le célèbre mythe de la sirène et y ajoutent les codes du polar. Nous suivons plusieurs intrigues au sein de cette île, parmi les principales, celle concernant la jeune Chloé (Noée Abita) et l’autre s’intéressant à l’enquête menée par le capitaine Bruno Garrigue (Sergi Lopez). Ces deux storylines se retrouvent liées à une seule et même personne, Théa (Laetitia Casta), une mystérieuse inconnue qui a sauvé Chloé d’une agression et qui est retrouvée dans la cale d’un bateau où deux pêcheurs ont disparu.
Le personnage de Laetitia Casta est clairement l’atout central de ces premiers épisodes visionnés et l’actrice joue tout en subtilité et en animalité, se concentrant sur la gestuelle, le regard et le mutisme de Théa, qui cache bien des secrets. D’une manière générale, le casting est intéressant, de Sergi Lopez à Noée Abita, tous ayant l’air investis et tentant de crédibiliser leurs personnages, archétypes du genre. Un bon point.

Si l’on apprécie le message féministe qui se dégage de l’ensemble, où la sirène est symbolisée comme une protectrice du genre féminin, les protégeant de l’homme et de ses dangers, on peut regretter une sexualisation bien trop présente. De même, dans un aspect général, la série emprunte de gros raccourcis scénaristiques et semble un peu confuses par moments.
Heureusement la réalisation de Julien Trousselier relève le niveau, sa mise en scène teintée d’horreur aidant à la mise en place de cette atmosphère ésotérique. Il profite du terrain de jeu terrestre et aquatique qui lui est offert et s’en sert à bon escient. Retenons un beau travail au niveau de la photographie et de très beaux plans, avec des séquences sous-marines réussies.

Les deux premiers épisodes d’Une Île, qui ne sont pas exempt de défauts avec des storylines pouvant paraître un peu brouillonnes, parviennent tout de même à intriguer avec cette réinvention du mythe de la sirène, distillant un climat ambigu et fantastique qui est encore rare dans le paysage audiovisuel français. Portée par une Laetitia Casta captivante, la série possède assez de mystères pour attiser notre curiosité et nous faire revenir pour découvrir les épisodes restants.

Laisser un commentaire