[Critique] Jury Duty, sur le banc des piégés
Quelques mois après sa diffusion aux Etats-Unis sur Amazon Freevee, l’heure est venue pour le public français de découvrir Jury Duty, qui a su faire parler d’elle avec son sujet […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Quelques mois après sa diffusion aux Etats-Unis sur Amazon Freevee, l’heure est venue pour le public français de découvrir Jury Duty, qui a su faire parler d’elle avec son sujet […]
Quelques mois après sa diffusion aux Etats-Unis sur Amazon Freevee, l’heure est venue pour le public français de découvrir Jury Duty, qui a su faire parler d’elle avec son sujet sortant de l’ordinaire. Imaginée par Lee Eisenberg et Gene Stupnitsky, cette série aux allures de télé réalité comprenant notamment au casting James Marsden, Alan Barinholtz, Susan Berger, Cassandra Blair ou encore Rashida Olayiwola se centre sur la tenue d’un procès peu orthodoxe. Et pour cause, il est totalement inventé, ce que ne sait pas l’un des jurés…
Quand deux scénaristes de The Office tentent de transposer la comédie de bureau dans le monde judiciaire, cela ne se fait pas sans un twist. Malicieux, Lee Eisenberg et Gene Stupnitsky ont tenté de sortir de la case sitcom pour proposer une farce scriptée avec Jury Duty, qui s’articule autour du concept suivant : piéger une personne en construisant autour de lui tout un univers de faux-semblants. Une idée alléchante sur le papier, ce ‘surprise sur prise’ à l’américaine étant synonyme de défi logistiquement parlant. Mais à l’écran, le résultat tient-il ses promesses ?
Composée de huit épisodes, la série se veut un documentaire nous plongeant au cœur d’un procès, suivant le processus de délibération d’un jury. En réalité, nous sommes face à une affaire montée de toutes pièces, où juge, victime, accusé, membres du tribunal sont des comédiens. Parmi la douzaine de jurés présent sur le banc, un certain James Marsden, mais surtout Ronald Gladden, la véritable vedette de cette caméra cachée géante, l’entrepreneur de vingt-neuf ans étant le seul persuadé de prendre part à une véritable procédure. Ayant répondu à une annonce sur le site Graiglist, le jeune-homme n’a aucune idée qu’il est en réalité de la nature réel du projet auquel il prend part, pensant seulement jouer son rôle de citoyen.
Le point de départ d’un jeu de dupes où l’équipe créative doit constamment être sur le qui-vive, tout le sel de Jury Duty reposant sur les réactions de Ronald face à ce qui se déroule au sein de la cour, qui peuvent amener à des modifications de la trame principale. Ce qui nous amène à suivre un procès en huis-clos, où les jurés doivent vivre ensemble coupé du monde extérieur, un processus aidant à refermer le piège sur notre protagoniste. Entre le tribunal et l’hôtel où (quasiment) tout le monde loge, se créé naturellement un microcosme, nos jurés apprenant à se connaître tout en tentant de démêler le vrai du faux du litige les accaparant. Il faut dire que les situations farfelues s’enchaînent et viennent remettre une pièce dans la machine quant à la culpabilité ou non de l’accusé, entre un avocat de la défense peu avisé, une patronne d’entreprise difficile à cerner et des pièces à conviction réapparaissant par magie.
Ajoutez à cela les personnalités parfois loufoque que notre groupe de jurés, dont les actions viennent pimenter l’intrigue – quitte à en faire parfois trop – et vous obtenez un procès pour le moins hors-normes, auquel croit malgré tout Ronald Gladden, qui devient contre toute attente le compas moral de cette histoire en restant fidèles à ses convictions. Nous sommes à des années lumières d’un diner de cons, ce que prouve à tous la star de la série qui, en dépit des simagrées d’un James Marsden impeccable dans une version parodique de lui-même et des autres exactions de ses pairs, reste droit dans ses bottes et surtout humain. Ce qui aide à s’investir dans cette aventure, car de son parcours dans cet univers en carton, s’installe un rythme et provoque une réelle alchimie avec le casting et l’équipe technique, toujours sur le fil de l’improvisation.
Ce dont témoigne le huitième et ultime chapitre de Jury Duty, où les barrières entre réalité et fiction se brisent, le pot aux roses étant finalement exposé à notre victime, médusé mais bon joueur. D’ailleurs, il est dommage de ne pas avoir montré davantage les coulisses de la production, car le potentiel était là pour redonner un coup de fouet au programme et faire durer le plaisir. Voir acteurs, scénaristes et producteurs s’arracher les cheveux pour maintenir l’illusion et se raccrocher aux wagons selon les agissements de Ronald étant intéressant, offrant un autre point de vue à la série. Quoiqu’il en soit, ce Truman Show télévisé est sympathique à suivre et devrait continuer à faire parler, ayant été nommé quatre fois à la prochaine édition des Emmy Awards.
Si certaines de ses ficelles sont grosses, Jury Duty n’en reste pas moins une expérience plaisante à suivre, se voulant un jeu de dupes grandeur nature gentiment farfelu tirant sa force de la nature empathique de son personnage central, sans qui la série n’aurait pas eu autant d’impact.