Présentée en avant-première durant le festival Séries Mania, Aspergirl se dévoile actuellement au grand public sur la chaîne OCS. Comprenant au casting, Nicole Ferroni, Carel Brown, Mustapha Abourachid, Suzanne de Baecque, Victoire du Bois, Wassim Loqmane, Benjamin Tranié ou encore Hélène Theunissen, la série se centre sur le parcours d’une mère célibataire récemment séparée découvrant qu’elle et son fils présentent un trouble du spectre de l’autisme.

Chapeautée par Judith Godinot et Hadrien Cousin, Aspergirl évoque l’autisme sous un spectre lumineux en abordant ce sujet sous une tonalité tendrement décalée. Une volonté créative qui fait le sel de cette comédie douce-amère, démontrant avec bienveillance que l’on ne doit pas être défini par des cases. Car pour saisir l’essence même de la tolérance, il faut faire des différences de chacun une force.

Composée de dix épisodes, la série nous interroge donc sur la question de la normalité dans une société en constante évolution, où ce que l’on ne comprenait pas par le passé prend un tout autre sens une fois conjugué au présent. Comme le rappelle nos scénaristes en conclusion de chaque chapitre, les femmes souffrent d’une pression sociale plus importante que les hommes, les amenant ainsi à devoir prendre bien plus de responsabilités au quotidien. Parmi les conséquences inhérentes à cette charge mentale de grande ampleur, la difficulté à déceler les traits autistiques, ceux-ci étant mieux masqués de par cette capacité à devoir sans cesse courir partout, être au four et au moulin. D’où des diagnostiques bien souvent tardifs en ce qui concerne la gente féminine, à l’image donc de notre wonder woman Louison, dont la vie va s’éclairer sous un nouveau jour dès la confirmation de sa particularité – et celle de son garçon.

Sous le coup d’une enquête des services sociaux à la suite d’un incident impliquant son petit Guilhem au collège, la trentenaire va tenter de mettre toutes les chances de son côté pour protéger sa famille et empêcher une possible séparation, en essayant de suivre le mouvement et être dans la norme. Mais qu’est-ce que la normalité dans un monde où l’on cherche à uniformiser les gens ? Telle est la question centrale posée par la série qui, passés deux épisodes introductifs trace sa route et trouve sa voie. Grâce à une écriture plutôt fine, Judith Godinot, Hadrien Cousin et leurs scénaristes pointent du doigt les diktats d’une société où se modeler d’après un moule prédéfini paraît être la seule alternative, laissant de ce fait que trop peu d’espace aux personnes ne pouvant s’y astreindre.

En suivant la trajectoire de ce duo mère/fils, Aspergirl met en lumière ces notions d’ouverture aux autres, d’acceptation tandis que Louison et Guilhem se confrontent à une réalité qu’ils ne savent comment appréhender, que ce soit dans le cadre personnel ou professionnel. De leurs tentatives d’acclimatation, s’expose le nœud du récit, à savoir que trouver sa place dans ce bas monde est une épreuve en soit, ce que l’on constate alors que le microcosme de nos protagonistes s’élargit avec la sphère familiale et amicale. Ex, grands-parents, camarades de classe et de travail, des personnages agrandissant le spectre de l’intrigue et confirmant que chacun à son propre agenda, ses propres failles mais surtout son propre style. De quoi relativiser sur la nature humaine et sur cette fameuse normalité, qui n’est au final qu’un terme fourre-tout.

D’ailleurs, que ce soit au niveau structurel ou visuel, le show parvient à créer un univers bien à lui, la réalisation de Lola Roqueplo multipliant les idées visuelles au fur et à mesure des épisodes, traduisant de l’état d’esprit de notre mère courage, allant d’une photographie colorée à un noir et blanc déprimant pour illustrer l’évolution de la situation. Ajoutons à cela la partition remarquée de Nicole Ferroni et de Carel Brown – récompensé d’un prix d’interprétation à Séries Mania justement – qui forment le noyau dur de la série en toute sincérité et donnent du cachet à une comédie tantôt barrée tantôt tendre, qui se laisse découvrir non sans déplaisir.

OCS

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