Repérée avec ses deux courts, Rae (2012) et À l’arraché (2016), la réalisatrice belge Emmanuelle Nicot signe son premier long-métrage avec Dalva qui réunit au casting Zelda Samson, Alexis Manenti, Fanta Guirassy, Marie Denarnaud, Jean-Louis Coulloc’h ou Sandrine Blancke et se centre sur le parcours d’une jeune fille désemparée face à son placement en foyer…

Pour son premier long-métrage, la réalisatrice Emmanuelle Nicot vise droit dans le cœur, livrant un drame délicat sur un sujet grave. Avec pudeur, Dalva se charge d’évoquer la pédophilie et ses conséquences sur les victimes via un parcours d’acceptation, gagnant en puissance au gré des stades traversés par l’héroïne éponyme du film.

Officiant également à l’écriture, la cinéaste tisse le récit d’une reconstruction en prenant soin de ne jamais jouer la carte du mélo ni de juger les principaux protagonistes, des choix scénaristiques pertinents dans la mesure où cette subtilité décuple à juste titre l’impact de l’intrigue sur le spectateur. Impossible de rester de marbre face à cette histoire d’enfance volée, qui évoque l’horreur avec une colère froide, utilisant le prisme de l’incompréhension pour mettre en lumière la noirceur d’une bien triste réalité.

Ainsi, en restant constamment aux côtés de Dalva, le long-métrage démontre des effets destructeurs de l’emprise et de la difficulté de prendre le recul nécessaire pour ouvrir les yeux face à une situation qui et tout sauf normale. Brusquement retirée du domicile de son père, notre pré-adolescente tente de comprendre ce qui lui arrive. Pourquoi doit-elle aller dans un centre éducatif ? Pourquoi son géniteur a t-il été arrêté ? Des questions dont le public connaît les réponses mais pas la jeune fille, qui va progressivement et douloureusement comprendre de la vie qu’elle a eu jusqu’ici n’était faite que de mensonges, de manipulations.

Porté par l’impressionnante prestation de Zelda Samson, qui nous montre une palette d’émotions des plus riches, Dalva parle de l’inceste sans faire dans la démonstration, ce qui en fait sa force. Toute la perversité de tels actes prend sens à travers le regard de cette fille devenue femme, qui retrouve l’innocence propre aux enfants de son âge de par ses interactions avec la société. De cette confrontation avec un monde dont elle ne connaît pas les codes, s’en suit une remise en perspective salutaire pour notre personnage, qui se doit de trouver son propre chemin, de s’épanouir malgré les épreuves traversées.

Avec Dalva, Emmanuelle Nicot signe un premier film délicat évoquant avec finesse ce terrible tabou de l’inceste, interpellant le public en évitant tout pathos et en donnant la part belle à sa distribution à commencer par la jeune Zelda Samson, magnétique.

©  Caroline Guimbal/Helicotronc/Tripode Productions

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