Un an après avoir mis le feu aux poudres dans les salles obscures avec Halloween Kills, le carnage de Michael Myers s’achève avec Halloween Ends, troisième et ultime opus de la franchise sous l’égide de Bluhmouse. Comprenant au casting Jamie Lee Curtis, Andi Matichak, Rohan Campbell, Will Patton, James Jude Courntey et Nick Castle, le long-métrage nous prépare à un dernier affrontement entre le boogeyman et sa nemesis, Laurie Strode…

En 2018, Jason Blumhouse a eu le nez creux en faisant ressurgir des enfers l’un des méchants les plus redoutables du septième art, avec à la clé un reboot couronné de succès. Sous la direction de David Gordon Green, Halloween est devenu l’opus le plus rentable de la franchise avec 255,6M$ de recettes mondiales (pour un budget s’élevant à 10M$), donnant – logiquement – de continuer à parcourir ce terrain de jeu macabre.

En a résulté la mise en place d’un diptyque, histoire de conclure dans le sang et la violence le pas de deux entre Michael Myers et la sororité Strode, amenés à croiser le fer dans la souffrance. Ce que l’on a pu constater dans Halloween Kills, où notre implacable tueur a semé la mort d’un bout à l’autre de la petite bourgade d’Haddonfield, touchant en plein cœur son ennemie préférée en guise d’apothéose, semant ainsi les graines d’un duel crépusculaire pour boucler cette nouvelle boucle de la saga. Entre temps, une pandémie mondiale a bouleversé le calendrier établi, amenant l’équipe créative à revoir sa copie quant au chapitre devant mettre un point final aux exactions du tueur en série. De ce temps de réflexion est née la volonté d’approfondir la notion du mal, afin d’en montrer la nature dévastatrice, ce qui est en soit une idée plutôt intéressante. Une piste transformant en profondeur Halloween Ends qui, à la surprise générale, dévie de sa trajectoire principale pour rester dans la pénombre et se nourrir de la noirceur pour évoquer les démons pouvant sommeiller en chacun – pour le meilleur et pour le pire.

Dans une ville meurtrie par les ravages d’un seul homme, les tourments des victimes peuvent alimenter une spirale infernale et enfermer tout le monde dans un cercle sans fin où le désespoir prévaut. Un sombre contexte cherchant à démontrer que Michael Myers n’est que le symptôme d’une maladie, pouvant contaminer n’importe qui et provoquer une nouvelle tragédie pour la pas si tranquille bourgade d’Haddonfield. Une sorte de relecture de la fameuse malédiction de Michael Myers, qui embarqua la franchise dans un gloubi-boulga mystique au début des années 90. Il y avait donc matière à rehausser le niveau dans le domaine du surnaturel, les bases fragiles autrefois érigées pouvant être détruites sans grands regrets. Une entreprise de réhabilitation menée à la va-vite par David Gordon Green et ses coscénaristes Danny McBride, Chris Bernier, Paul Brad Logan, témoignant du changement brutal de direction opéré durant la préproduction de Ends.

En témoigne l’introduction au forceps d’un nouveau protagoniste, Corey Cunningham, clé de voûte de ce troisième opus made in Blumhouse, vecteur de cette transmission du mal. Un choix scénaristique au premier abord couillu, laissant à penser que ce contrepied pouvait insuffler un vent de fraîcheur dans la saga. Hélas, l’intrigue patine rapidement en ne laissant que trop peu de place aux deux piliers de Halloween, Laurie Strode et Michael Myers, qui restent en périphérie de l’histoire narrée par le réalisateur. Le basculement de Corey vers le côté obscur de la force aurait pu s’avérer pertinente si elle avait été pensée en amont de ce dytique final, pouvant laisser le temps au public de compatir avec le personnage, traumatisé par un malencontreux homicide volontaire avant d’assister à sa chute vers les abymes de la violence. Ici, en vampirisant l’espace, ce dernier exaspère plus qu’il ne suscite l’inquiétude, d’autant plus lorsque se met en marche une romance malsaine avec Allyson, la petite-fille de Laurie qui elle aussi a son lot de souffrances.

Le potentiel était là sauf que les pièces du puzzle s’emboîtent avec difficulté, l’écriture manquant de profondeur, voulant aller plus vite que la musique dans le développement de ce concept métaphorique du mal engendrant le mal ce qui est dommage. Reste le parcours de Laurie, laissant la vengeance derrière elle pour réapprendre à aller de l’avant qui a ses bons moments mais le scénario ne s’y attarde que trop peu, alors que cela permettait à Jamie Lee Curtis de proposer une variation de cet alter-ego qu’elle ne connaît que trop bien depuis ces quatre dernières décennies. Dans l’ensemble, des coupes évidentes se ressentent à l’écran et tout comme pour son prédécesseur, cela sent la version longue pour le marché de la vidéo – qui permettra peut-être de réévaluer cette conclusion peu concluante. S’il se veut anti-climatique, ce chant du cygne n’oublie pas de jouer la carte du slasher dans sa dernière ligne droite, l’esprit de Michael venant se rappeler à notre bon souvenir afin de parachever son chemin de croix sous l’égide de Blumhouse. De quoi réveiller un tantinet David Gordon Green, dont la mise en scène se révèle plus percutante dès que la violence s’exprime, avec deux, trois séquences bien pensées. Ce qui est déjà ça de pris.

Avec Halloween Ends, le chant du cygne de Michael Myers orchestré par David Gordon Green se veut anti-climatique, partant vers une obscure direction ne pouvant que diviser, s’attardant sur la symbolique du mal plutôt que d’offrir le face-à-face attendu entre Laurie et son nemesis. Il y avait de l’idée mais scénaristiquement parlant, tout est mal amené, ce qui porte préjudice à cet ultime volet made in Blumhouse.

© Universal Pictures

Laisser un commentaire