Après Emily in Paris, la romance entre Darren Star et Netflix se poursuit avec Uncoupled, série créée en collaboration avec Jeffrey Richman, réunissant Neil Patrick Harris, Tisha Campbell, Brooks Ashmanskas, Emerson Brooks, Tuc Watkins ou encore Marcia Gay Harden au casting. Au programme, le retour d’un homme à la vie de célibataire, après une rupture brutale avec son compagnon de longue date…

L’amour et ses petites contrariétés, un domaine que connaît sur le bout des doigts Darren Star, source intarissable d’inspiration pour le showrunner derrière Beverly Hills 90210, Melrose Place, Sex in the City et Younger qui – pour la première fois de sa prolifique carrière – se consacre pleinement au milieu homosexuel à travers Uncoupled. Une comédie romantique imaginée aux côtés de Jeffrey Richman, qui a le mérite de mettre en lumière la communauté via un prisme encore peu abordé à la télévision, donnant la part belle à des cinquantenaires, soit un postulat ne manquant pas de potentiel notamment avec les problématiques liées à cette tranche d’âge ainsi qu’à leur appréciation du monde qui les entoure. Encore faut-il trouver le ton juste pour aborder de tels sujets, ce qui est le dilemme de cette première saison qui, à l’image de son personnage principal, cherche sa raison d’être.

Composée de huit épisodes, la série ne manque pas d’atouts, à commencer par son casting, l’emploi de vétérans du petit écran tels que Neil Patrick Harris et Tisha Campbell aidant à se laisser aisément embarquer dans ce microcosme prenant vie devant nos yeux grâce à leur indéniable capital sympathie de même que leur sens du jeu. Si le tandem mène la barque solidement, ils sont bien aidés par les autres membres, que ce soit Emerson Brooks, Tuc Watkins et Marcia Gay Harden – dont les visites ponctuelles dynamisent la cohésion de groupe. Ensemble, ils tentent d’élever le niveau quant l’écriture n’est pas au point, la feuille de route suivie par l’équipe créative n’étant pas linéaire, et y parviennent sans trop de difficultés. De quoi renforcer l’attachement du public pour nos protagonistes, un élément important pour que l’on croit un minimum en leur déboires sentimentaux et professionnels, qui sont les clés de voute du show.

Quand le cocon dans lequel s’épanouit Michael depuis dix-sept ans vole en éclats, s’amorce un changement radical pour cet amoureux de la vie en couple, se retrouvant comme un poisson hors de l’eau. Quitté par Colin, son conjoint, le jour du cinquantième anniversaire de ce dernier, notre agent immobilier de l’Upper East Side doit encaisser le choc et apprendre avancer sans l’homme de sa vie à ses côtés. Mais comment aller de l’avant lorsque l’on a perdu son unique point de repère, sa boussole ? Une question qui trouve progressivement sa réponse alors que s’ouvre un nouveau champ des possibles pour ce cœur brisé, le monde du célibat lui tendant désormais les bras. Débute ainsi une quête de soi, prenant forme au gré des sorties et des rencontres, synonymes de situations cocasses pour cet homme mûr adepte à l’existence bien rangée. Adepte de soirées cocooning, d’escapades à deux, Michael se voit entrainer par ses camarades sur le chemin opposé, où rencards et coups d’un soir sont la norme.

Une navigation dans la sphère gay qui, malgré de bonnes pistes, s’avère au final plutôt sage dans son traitement, alors qu’il y avait du matériel pour s’interroger davantage sur les changements de mentalités et de techniques de dragues entre les diverses générations, avec cette thématique du jeunisme voir du culte du corps. Ces différences ne sont pas éludées mais seulement effleurées, avec quelques clichés pour parfaire le tout, ce qui pénalise la pertinence de la série, qui en garde trop sous le coude pour réellement se démarquer dans ce vaste océan télévisuel où nous sommes constamment abreuvés de nouveaux programmes. Alors que le retour de Michael dans un environnement dont il ne maitrise plus les normes aurait pu apporter un peu de piment à Uncoupled, les scénaristes ont préféré jouer la sécurité sur ce point, notamment concernant le rapport au sexe où finalement, notre être esseulé s’en sort avec une étonnante facilité, avec des intérêts amoureux beaux gosses tombant facilement la chemise, trop facilement pour que l’humour se corse un tantinet et que le parcours de notre homme prenne de la hauteur.

Lorsqu’il s’agit d’amitié, Darren Star et Jeffrey Richman se montrent plus convaincant, exposant avec plus de justesse les changements de dynamiques que peuvent apporter une séparation sur le cercle intime, resserrant – ou dénouant – des liens. La lente reconstruction de Michael prend davantage de poids dès qu’elle dérive de ses relations avec son noyau dur de potes, de sa collègue Suzanne à ses BFF Billy et Stanley, leurs interactions accentuant ce côté affectif qui fait petit à petit son effet. S’ils sont bien moins de choses à défendre que la tête d’affiche, ces personnages se voient offrir des storylines en toute fin de saison, les graines étant semées pour les faire évoluer au même rang que leur comparse, dont la trajectoire vers la stabilité prend une tournure intrigante tandis que se referme ce premier chapitre du reste de sa vie.

Quoiqu’il en soit, malgré ses balbutiements, Uncoupled n’en reste pas moins une sympathique comédie romantique, devant beaucoup à la bonhommie de sa distribution, qui croit en la vision de Darren Star et Jeffrey Richman. Il n’y a plus qu’à savoir si cela est le cas de Netflix, qui – au moment où sont écrites ces lignes – n’a pas encore statué sur le sort de la série.

© Netflix

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