Après avoir vu sa carrière prendre une stature internationale grâce au succès de Dix Pour Cent aussi bien sur le sol français qu’à l’étranger, Fanny Herrero s’associe à Netflix pour sa nouvelle série, Drôle, qui continue de nous plonger dans les coulisses du show-business en s’articulant cette fois sur le monde du stand-up. Comprenant au casting Mariama Gueye, Younès Boucif, Elsa Guedj, Jean Siuen, Marc Riso ou encore Pascale Arbillot, celle-ci se centre sur quatre jeunes comédiens essayant de se faire une place dans le milieu…

En troquant les plateaux de tournage pour les projecteurs de la scène, Fanny Herrero et son pool de scénaristes n’ont rien perdu au change, parvenant avec Drôle à dresser le portrait d’une génération complètement paumée par le biais d’une immersion dans le monde du stand-up qui, si elle s’articule sur des tropes parfois usés jusqu’à la moelle, s’avère paradoxalement rafraîchissante en grattant sous la surface et nous révélant avec tact ce qui se cache derrière les rires.

Au programme du show, le parcours d’une brochette d’humoristes rêvant désespérément de vivre de leur passion et de voir s’ouvrir le chemin vers le succès et la reconnaissance – ce qui n’est pas des plus aisés dans un univers très concurrentiel où les ambitions et les égos de chacun peuvent venir gripper un plan de carrière. De la vanne à la déveine, il n’y a qu’un pas pour ces amateurs de bons mots devant sans cesse montrer leurs preuves pour essayer d’attirer la lumière vers eux et d’exposer aux yeux de tous leur talent. Entre gloires et déboires, l’équipe créative lève le rideau pour nous inviter à découvrir les différents pans d’une industrie où l’éclate n’est pas toujours au rendez-vous. Un synopsis somme toute classique donc, mais de cette porte d’entrée commune, Fanny Harrero et ses camarades de jeu – qu’ils soient devant ou derrière la caméra – y apportent un coup de polish, débordant d’entrain et d’énergie pour que le public applaudisse à la fin du numéro.

Se déroulant principalement au sein du Drôle, comedy-club parisien servant de tremplin à qui le souhaite, la série se concentre sur quatre protagonistes principaux, Aïssatou, Nezir, Bling et Apolline, tous à un stade particulier de leur carrière, qu’elle soit pour le moment inexistante, bourgeonnante ou confirmée. Tous virevoltent dans un environnement où la pression est palpable malgré la bonne humeur de façade, en plus d’arriver à un carrefour de leur vie. De leur vocation, ils aimeraient en faire leur gagne-pain mais cela ne se fait pas en un claquement de doigt. Le long de ses six épisodes, la série jongle entre la scène et les coulisses pour appuyer son propos sur les faux-semblants de ce monde, le stand-up n’étant pas qu’une succession de vannes plus ou moins bien pensées, que la célébrité ne s’obtient pas du jour au lendemain, il faut trimer pour y arriver. En s’entourant au niveau de l’écriture de figures du milieu telles que Shirley Souagnon, Jason Brokerss et Thomas Wiesel – Fanny Herrero signe une immersion plutôt réaliste dans l’antre de l’humour, voire pertinente quand pointe des sujets d’actualité sur le racisme ou cette sempiternelle question du ‘peut-on rire de tout ?’, qui se retrouvent notamment via le parcours vers le haut de l’affiche d’Aïssatou.

Mais ce qui fonctionne avant tout dans Drôle est le soin porté à la caractérisation de nos protagonistes, dont les failles et les maladresses nourrissent le récit. En ne se contentant pas de n’être qu’une comédie et en creusant petit à petit son sillon vers le drame, sans jamais oser aller dans le mélo – ce qui est un très bon point – la série se révèle touchante, les troubles personnels de notre quatuor apportant une fragilité bienvenue à l’ensemble. Outre les galères professionnels, problèmes financiers et familiaux viennent peser lourd dans la balance et apportent un contre-poids de qualité à l’apparente légèreté de l’ensemble. De quoi donner la part belle au casting, au diapason sous les projecteurs. La sincérité de jeu de Mariama Gueye, Younès Boucif, Elsa Guedj et Jean Siuen – tous excellents dans leur genre – fait que l’on s’attache rapidement à leur alter-ego, aidant à se laisser embarquer dans cette aventure. Ajoutons à cela une excellente mise en scène de la part des trois réalisateurs se succédant le long de ces six épisodes, à savoir Farid Bentoumi, Bryan Marciano et Léonard Vindry, alliant photographie soignée et plans travaillés – donnant du relief à cette immersion de l’autre côté de la scène.

Si le postulat de départ reste classique, Drôle parvient à faire fi de ses ficelles scénaristiques pour nous proposer un show qui ne manque ni de pep’s ni de cœur, grâce à une direction d’acteurs et une réalisation aux petits oignons, qui font de cette plongée dans le monde du stand-up un petit moment de convivialité et de douceur – creusant avec soin ses personnages. Maintenant que la séance de chauffe est terminée, il n’y a plus qu’à voir ce que Fanny Herrero et ses comparses vont nous concocter par la suite – si renouvellement il y a bien entendu – le potentiel étant présent.

© Netflix

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