Comme vous le savez peut-être, pour qu’un long-métrage passe de la salle de cinéma au petit écran, une procédure doit être précautionneusement suivie et un délais doit être respecté. Ce […]
Comme vous le savez peut-être, pour qu’un long-métrage passe de la salle de cinéma au petit écran, une procédure doit être précautionneusement suivie et un délais doit être respecté. Ce que l’on appelle la chronologie des médias, un accord qui définit les règles permettant aux chaînes publiques et privées ainsi qu’aux services de VOD de diffuser des œuvres cinématographiques. Avec la perpétuelle évolution de l’industrie audiovisuelle, de nouveaux acteurs ont fait leur entrée dans la partie telles les plateformes de streaming, qui ont changé la donne concernant le visionnage de contenus – ne cessant de se multiplier (HBO Max devrait débarquer courant 2023 en France). Ce qui implique de revoir régulièrement les termes de ce contrat, afin de mieux coller à la réalité de la situation.
Alors qu’aux Etats-Unis, la pandémie de COVID-19 a accéléré cette mutation avec une fenêtre de diffusion réduite et la possibilité de sorties simultanés salles/plateformes, sur notre territoire des discussions plutôt tendues ont eu lieu quant à la marche à suivre pour les prochaines années. entre Ainsi, après des mois de tractations plutôt tendues, un nouvel accord a été signé entre divers représentants des secteurs cinématographiques et télévisuels au Ministère de la Culture, avec des changements à la clé concernant cette fameuse chronologie. Si beaucoup le craignait, la durée d’exploitation en salles n’a heureusement pas été impactée par le calendrier dévoilé ce 24 janvier, qui continue de protéger “ce capital culturel et économique qu’est la salle de cinéma dans notre pays” comme l’a précisé la ministre Roselyne Bachelot dans un communiqué officiel.
Les films resteront exclusivement projetés au cinéma durant quatre mois – trois pour ceux engrangeant moins de 100 000 entrées en quatre semaines – avant de pouvoir débarquer sur les services de vidéo à la demande et en support physique. Si cette fenêtre de tir reste inchangée, qu’est ce qui nous attendra à partir de février (le 10 précisément) concernant le reste ? Mis en œuvre jusqu’en 2025, avec un premier bilan effectué au terme de la première année, ce deal a pour effet de raccourcir le temps d’attente entre la sortie en salles et la disponibilité à la télévision et sur les plateformes. De ce fait, la possibilité est offerte aux chaînes payante à l’image de Canal+ (qui va investir 600M€ dans le cinéma français ces trois prochaines années) de démarrer sa fenêtre de diffusion dès six mois – s’il y a accord avec les organisations professionnelles du septième art. Dans le cas contraire, celle-ci restera à neuf mois. Pour les chaînes gratuites, le délais passe désormais de trente à vingt-deux mois – si jamais elles continuent d’investir au minimum 3,2% de leur chiffre d’affaire dans l’industrie.
Concernant les plateformes, notons que seul Netflix a fait partie des signataires de ce nouveau règlement, ce qui lui a permis d’être avantagée par rapport à ses concurrentes puisqu’elle pourra proposer des long-métrages quinze mois après leur sortie en salles, contre trente-six auparavant – un délais que conserve les services streaming gratuits. Disney+, Amazon Prime, Apple TV+ et consort devront pour leur part attendre dix-sept mois. En échange, la société devra investir en moyenne quarante millions d’euros dans la création cinématographique – soit 4% de son chiffre d’affaires réalisé en France – et produire au moins dix films. Malgré cette avancée importante, soulignons que la disponibilité des contenus sera soumis à quelques exceptions. En effet, avec les chaînes gratuites pouvant conserver leur droit d’exclusivité du vingt-deuxième au trente-sixième mois, à défaut de se mettre en accord sur des périodes dites de “co-exclusivité”, les nouveautés disparaîtront des catalogues durant quatorze mois – à part si celles-ci ont été produites par les plateformes pour un coût inférieur ou égal à 25M€. Compliqué n’est-ce pas ? Un mic-mac qui ne plait pas à Disney, qui a fait publiquement connaître son mécontentement : “Nous pensons que la nouvelle chronologie des médias n’établit pas un cadre équitable et proportionné entre les différents acteurs de l’écosystème audiovisuel. Ceci est d’autant plus frustrant que nous avons augmenté nos investissements dans la création de contenus originaux français.”
Du côté de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD), cette nouvelle chronologie a également été accueillie avec un peu de méfiance, faisant part de ses craintes sur son site officiel en stipulant que “personne ne peut imaginer que les termes de cet accord peuvent aujourd’hui rester en vigueur pour une durée de trois ans. Les mutations rapides du secteur en termes d’offre, de technologie et de demande conduiront inéluctablement à une évolution rapide de la place du cinéma dans l’ensemble des offres disponibles sur le marché français. La conclusion de cet accord pour une durée de 3 ans apparait donc à la fois incompréhensible et déraisonnable. Et l’ajout ultime d’une clause de revoyure en cours de période ne change rien au fond : elle est sans effet sur la durée de l’accord, soit jusqu’en février 2025.”
Comme vous pouvez le constater, avec les différentes règles et exceptions en vigueur, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver. C’est pour cela que les principales informations de la chronologie des médias ont été compilées dans un tableau récapitulatif :