Vingt-huit ans après la version de Claude Berri, Germinal, l’un des romans les plus populaires d’Émile Zola, débarque sur le petit écran, réadapté au format télévisé. Présentée en avant-première lors du festival Series Mania, avant sa diffusion d’ici quelques mois sur France 2, la série a dévoilé son potentiel avec la diffusion de ses deux premiers épisodes.

Première co-production entre France TV, la plateforme Salto et la RAI, Germinal est un projet d’envergure, profitant de cette coalition entre la Fance et l’Italie pour se donner les moyens de ses ambitions, ce qui se voit à l’écran.

Adapter le roman fleuve de Zola en une série de six épisodes, une lourde tâche – à double tranchant – qui a été confiée à Julien Lilti qui, à la télévision, a fait ses preuves avec notamment Hippocrate et Family Business. En resserrant l’intrigue tout en mettant davantage en lumière ses personnages féminins, le scénariste tente de donner un souffle de modernité à cette relecture et y parvient à la vue des deux premiers chapitres visionnés, qui se révèlent de très bonne facture.

Bien emballée, avec des enjeux clarifiés et un rythme fluide, cette relecture de Germinal démarre sous de bons auspices, s’articulant comme elle le devait sur la dimension humaine de cette épopée poussièreuse et violente dans le bassin minier de la fin du XIXe siècle, nous présentant avec efficacité les principaux protagonistes au cœur de la rébellion à venir, que ce soit Étienne Lantier, les membres de la famille Maheu ou les dirigeants des mines de Montsou. L’interprétation de la distribution, où se côtoient parmi une myriade de figurants acteurs débutants et confirmés – tels que Guillaume De Toncquédec, Alix Poisson, Thierry Godard, Natacha Lindinger, Sami Bouajila, Rose-Marie Perreault et Louis Peres – aide d’ailleurs grandement à cet affect pour les protagonistes développés à l’écran.

À travers leur parcours respectif nous est souligné avec simplicité la lutte des classes qui est au cœur du récit avec une immersion dans les corons dépeignant sans fards la misère qui y régnait avec les conditions de vie pour le moins déplorables des ouvriers, envoyés au charbon pour deux sous. Cette peinture pour le moins grisâtre et amère du bassin minier, où les patrons vivent dans l’oppulence tandis que les employés triment pour subvenir à leurs besoins, sert à renforcer l’intérêt du spectateur quant à la révolte à venir, les graines de la colère étant disséminés avec attention dans le but de faire grimper la tension.

Cette entrée en matière dans l’univers des corons se veut également immersive, un atout indéniable que l’on doit à la réalisation maitrisée de David Hourrègue (SKAM France), qui – grâce à un budget confortable – a pu reconstituer avec minutie le microcosme du monde minier, dépeignant avec réalisme la soufrière que représentaient les puits dans lesquels s’engouffraient hommes et femmes pour extraire le charbon, profitant des décors de la fosse Arenberg pour parfaire son tableau. Une mise en scène de qualité, venant apporter une plus-value au scénario supervisé par Julien Lilti. De bon augure pour les quatre derniers épisodes de la série, qui seront à découvrir prochainement sur France 2 et en avant-première sur la plateforme Salto.

Banijay


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