Quatre ans après s’être fait remarqué avec Hardcore Henry, le réalisateur russe Ilya Naishuller est de retour à la réalisation avec Nobody. Un nouvel actioner bourrin comprenant Bob Odenkirk, Connie Nielsen, Aleksey Serebryakov, Michael Ironside, Colin Salmon, Robert Fitzgerald Diggs ou encore Christopher Lloyd au casting et se centrant sur Hutch Mansell, un père et un mari frustré, qui va voir sa vraie nature ressurgir à la suite d’un cambriolage…

Après avoir joué avec le concept vidéoludique du tir à la première personne, Ilya Naishuller continue de tracer son sillon dans le domaine de l’action avec Nobody, qui repose cette fois sur un canevas plus classique et ne tente pas d’apporter ne serait-ce qu’un soupçon de fraîcheur sur ce genre, l’idée étant de servir de véhicule à Bob Odenkirk, qui avait envie de s’essayer à un exercice de style.

Cousin lointain de John Wick, une parenté qui s’explique notamment par la présence de David Leitch à la production et de Derek Kolstad au scénario, le long-métrage nous entraîne dans une réaction en chaîne violente et explosive, menant à un certain chaos. Reprenant le schéma du monsieur tout le monde cachant sa véritable nature, l’intrigue se centre sur Hutch Mansell, un père de famille peu considéré par ses proches et enfermé dans le cycle métro (plutôt bus dans ce cas précis)/boulot/dodo. Un quotidien ronronnant qui va voler en éclats lorsque un cambriolage se produit dans sa maison. Préférant désamorcer la situation en laissant ces intrus repartir sans qu’il n’y ait d’effusion de sang, notre homme prend sur lui et empêche ses bas instincts de revenir à la surface.

Cet évènement traumatique se révèle être le déclencheur d’une spirale de brutalité alors que notre anti-héros ne peut contenir sa rage intérieure. Lorsque celle-ci éclate, les ennuis démarrent. Si l’on est surpris de voir que le cambriolage initial devient rapidement de l’histoire ancienne, on regrette que cela soit pour foncer tête baissé vers des archétypes du genre avec une confrontation malencontreuse avec des mafieux russes. Ne laissant alors que peu de place à la subtilité, Nobody bombe le torse et sort les armes, pour une entreprise de destruction mutuelle. Chassez le naturel, il revient au galop, un adage qui se confirme dans les exactions de Hutch, qui réveille le guerrier qu’il était dans un lointain passé. Sous les traits tirés et fatigués de cet homme bien sous tous rapports se cache un implacable tueur qu’il ne fallait pas énerver, ce que nos criminels vont vite découvrir…

N’ayant nulle autre ambition que de proposer un divertissement régressif où les coups pleuvent, cet actioner suit une route toute tracée, avec peu de surprises à la clé. Cela n’empêche pas d’apprécier le spectacle, qui doit beaucoup à l’atmosphère désinvolte infusée par le scénario et renforcée par la mise en scène d’Ilya Naishuller qui, derrière la caméra s’amuse avec des ruptures de ton – ajoutant un soupçon d’humour noir à l’ensemble – et livre des séquences lisibles, à l’image du combat se déroulant dans le bus. Mais ce qui fait le charme de Nobody est Bob Odenkirk, dont la prestation est le point fort du film. Dans un rôle à contre-emploi, l’acteur s’éclate et cela se voit à l’écran, apportant un minimum d’épaisseur à son personnage de Hutch Mansell. Ce que l’on retient surtout est son engagement physique, l’interprète de Saul Goodman dans Breaking Bad/Better Call Saul donnant littéralement de sa personne pour être crédible dans la peau de cet agneaux doux comme un loup. Saluons également Christopher Lloyd, qui prend un malin plaisir à prendre part à cette aventure musclée et manie les armes comme personne.

S’il ne marquera pas le genre de son empreinte, ce qui n’est pas sa volonté manifeste, Nobody n’en reste pas moins un actioner qui offrira aux amateurs leur dose de divertissement bourrin même si le film se contente de jouer en terrain connu. Reste la prestation de Bob Odenkirk, l’atout cœur de ce spectacle régressif, l’acteur en imposant pour cette première incursion dans le genre.

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