Neuf ans après Yes We’re Open, le réalisateur Richard Wong est de retour derrière la caméra pour Mission Paradis, qui comprend au casting Grant Rosenmeyer, Hayden Szeto, Ravi Patel, Gabourey Sibide, Janeane Garofalo ou encore C.S. Lee et se centre sur trois jeunes adultes prenant part à une aventure rocambolesque pour connaitre leur première fois dans une maison close de Montréal…

En 2007, le public faisait la connaissance d’Asta Philpot, un américain atteint d’arthrogrypose, à travers le documentaire For One Night Only, diffusée sur la BBC. Ayant perdu sa virginité dans une maison close en Espagne spécialement équipée pour les personnes à mobilité réduite, ce dernier avait réitéré l’expérience en compagnie de deux autres personnes en situation de handicap. Un périple au cœur de l’œuvre retransmise sur la chaîne britannique, destinée à mettre en lumière un sujet sociétal qui est celui du droit à la sexualité des personnes en situation de handicap et d’ouvrir à la réflexion. Ce voyage pour le moins iconoclaste a d’ailleurs rapidement intéressé le monde du septième art, inspirant deux longs-métrages à savoir Hasta La Vista de Geoffrey Enthoven et Adios Amigos de Albert Jan van Rees.

Après les versions belge et néerlandaise, c’est au tour de la version américaine de voir le jour avec Mission Paradis, mise en scène par Richard Wong, qui traite de cette histoire vraie avec finesse à travers une comédie pétillante et attendrissante, qui évite les pièges pouvant se mettre sur son chemin. En effet avec un tel sujet, il aurait été facile de foncer tête baissée vers le mauvais goût en choisissant de concentrer sur un humour gras et grivois, l’intrigue pouvant s’y prêter aisément. En effet, suivre trois hommes dans leur quête pour perdre leur virginité, qui plus est dans un bordel, aurait pu donner lieu à un proto teen-movie à la lisière d’un American Pie pour citer un exemple connu. Heureusement, le long-métrage maintient le cap et maitrise sa ligne de conduite, oscillant entre légèreté et profondeur.

S’il y a tout de même quelques répliques crues et situations cocasses à la clé, le scénariste Erik Linthorst évite de basculer dans la vulgarité grâce à une écriture de qualité, se servant de ses instants comiques pour mieux dresser un portrait empathique de notre galerie de personnages. Ainsi, nous voici introduits à Scotty, paraplégique avide de connaître les plaisirs de la chair, apprenant l’existence d’une maison close au Québec et cherchant des volontaires pour partir à ses côtés et partager les frais de transport. C’est ainsi que vont le rejoindre Matt, cloué sur un fauteuil roulant, et Mo, malvoyant, prêts à s’essayer à cette expérience de la ‘première fois’. Ensemble, accompagnés de Sam, leur infirmière/chauffeur, notre joyeuse troupe va sillonner les routes direction Le Chateau Paradis.

Plutôt que de jouer la carte du pathos ou de l’apitoiement, le film se dirige vers une atmosphère plus authentique et humaine, notre trio principal pouvant aussi bien se balancer des vannes sur leur handicap que se mettre à douter sur l’entreprise qui les réunit. Ainsi, à bord de la camionnette qui les amène de leur Colorado natal à Montréal, un voyage émancipateur attend nos héros, qui sortent du giron de leurs proches pour voler – le temps d’un aller-retour – de leurs propres ailes. Cet esprit de liberté transparaît dans la majorité des plans de Richard Wong, qui sait placer sa caméra à bonne distance, laissant la part belle à ses comédiens pour s’exprimer. De manière générale, le réalisateur se montre délicat dans son approche de ce sujet, preuve en est, la justesse de deux séquences majeures, se situant dans ce fameux ‘Paradis’ et sur une plage, qui viennent achever ce road-trip sur une note douce-amère.

Avec Mission Paradis, Richard Wong signe une comédie tendre et humaniste qui nous éclaire sur des questions sociétales trop peu abordées. Les difficultés vécues par les personnes en situation de handicap nous sont ainsi exposées intelligemment à travers un voyage où l’humour et la bonne humeur se conjuguent à l’émotion, pour un résultat lumineux et bienveillant.

© Star Invest Films France

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