Deux ans après avoir nagé en eaux troubles avec Crawl, le réalisateur Alexandre Aja clôt sa parenthèse américaine, débutée il y a quinze ans, faisant son retour sur le sol français pour sa nouvelle mise en scène, Oxygène, un thriller réunissant Mélanie Laurent, Mathieu Amalric et Malik Zidi au casting, se centrant sur une jeune femme amnésique, se réveillant dans une unité de cryogénie…

Alexandre Aja poursuit son exploration du genre horrifique et, après s’être intéressé au sous-genre animalier avec Crawl et son belliqueux crocodile, le réalisateur s’essaye au survival avec Oxygène, un thriller claustrophobique teinté de science-fiction qui, s’il n’évite pas quelques écueils, fait son petit effet.

A la base destiné pour le marché américain, devant notamment être mis en scène par Franck Khalfoun (Maniac), le long-métrage s’est finalement concrétisé en France avec Aja aux manettes, conservant le scénario original imaginé par Christie LeBlanc – qui a fait partie de la fameuse ‘Black List’ – qui a été traduit pour l’occasion. Jouant sur la notion de confinement, ce qui a une dimension quelque peu ironique dans un monde où le COVID-19 nous a (in)justement obligé à être cloîtrés entre quatre murs, celui-ci tente de créer de la tension en nous faisant suivre un personnage piégé dans un espace exigu avec un temps de vie limité. Un postulat classique, générant une succession d’éléments destinés à créer un sentiment d’urgence et à intensifier ce fameux enjeu de sortir en un seul morceau de cet enfer suffoquant.

Ainsi, nous sommes aux premières loges du calvaire d’une femme amnésique, se réveillant à l’intérieur d’un caisson cryogénique à la suite d’une mal fonction dérèglant son état de sommeil mais surtout vidant sa réserve d’oxygène. Avec un temps qui lui est compté et sans aucun souvenir de son identité, notre victime va devoir faire travailler sa mémoire pour espérer sortir de ce cercueil 2.0. Ne comprenant pas comment elle en est arrivée là – et le spectateur non plus – cette dernière doit faire la lumière sur ce trou noir qui obstrue ses pensées, tout en prenant soin de ne pas gaspiller l’air nécessaire à sa survie. Pour l’aider dans sa quête, une intelligence artificielle, dont les fonctionnalités – de l’utilisation de bases de données à la prise de contact avec le monde extérieur – en font un allier de poids, car permettant de lever progressivement le voile sur les tenants et les aboutissants du long-métrage.

Si la tension n’est pas aussi palpable qu’elle aurait dû l’être, ce que nous devons à une intrigue s’étirant plus que de raison en voulant tout sur-expliquer, flash-backs quelques poussifs à l’appui, on se plaît tout de même à suivre cet itinéraire vers la vérité, avec son lot de faux-semblants. D’ailleurs, c’est lorsqu’il sort du cadre dans lequel il était enfermé que le film révèle son potentiel, élargissant son horizon en lorgnant du côté de la science-fiction, ouvrant son champ des possibles avec une réflexion sur l’éthique et la raison d’être. Un existentialité qui donne à Oxygène son cachet et lui permet de s’enrichir thématiquement, la survie laissant place à la vie, tout simplement.

N’évitant pas certaines actions téléphonées pour maintenir un semblant de suspense – on pense notamment à la raréfaction du taux d’O² – il n’empêche que l’on ne boude pas son plaisir devant le long-métrage qui doit sa qualité à la prestation solide de Mélanie Laurent, qui avait fort à faire pour maintenir notre intérêt durant une heure quarante et parvient à se montrer convaincante dans la peau de cette femme refusant de s’abandonner à son sort et mettant tout en œuvre pour démêler le vrai du faux afin de se sortir de cette situation à priori inextricable. Ajoutons à cela la mise en scène d’Alexandre Aja, qui s’amuse de la notion d’espace, s’efforçant de prime abord à une atmosphère étouffante pour petit à petit élargir ses angles, ses plans pour mieux nous surprendre lors d’une séquence sombrement poétique où Mélanie Laurent sort du noir où elle était plongée pour découvrir la réalité de sa condition. Son champ de vision ainsi que le notre s’élargit brusquement et l’infiniment petit côtoie l’infiniment grand pour un passage clé, sublimé par la bande originale onirique composée par Rob.

S’il ne restera pas dans les annales du genre, Oxygène n’en reste pas moins une proposition solide dans l’univers du survival, n’évitant pas certains attendus mais offrant une légère bouffée de fraîcheur par ses emprunts à la science-fiction et par la mise en scène inspirée d’Alexandre Aja qui viennent étoffer cette course contre la montre et contre la mort.

© Netflix

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