[Critique] Pieces Of A Woman, face au deuil
Trois ans après Inherit The Earth, le réalisateur hongrois Kornél Mundruczó est de retour derrière la caméra pour Pieces Of A Woman, son premier long-métrage tourné en langue anglaise. Sorti […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Trois ans après Inherit The Earth, le réalisateur hongrois Kornél Mundruczó est de retour derrière la caméra pour Pieces Of A Woman, son premier long-métrage tourné en langue anglaise. Sorti […]
Trois ans après Inherit The Earth, le réalisateur hongrois Kornél Mundruczó est de retour derrière la caméra pour Pieces Of A Woman, son premier long-métrage tourné en langue anglaise. Sorti directement sur Netflix, ce drame porté par Vanessa Kirby, Shia LaBeouf, Ellen Burstyn, Benny Safdie, Molly Parker, Iliza Shlesinger et Sarah Snooke, nous fait suivre la tentative désespérée d’un couple de se reconstruire suite à un accouchement ayant tourné à la tragédie…
Avec Pieces Of A Woman, Kornél Mundruczó traite d’un sujet délicat et sensible à savoir le deuil périnatal, pour nous en montrer les conséquences à travers une chronique familiale à fleur de peau qui ne laisse pas indifférent.
Pour sa huitième réalisation, Kornél Mundruczó tape droit au coeur avec un drame intimiste percutant qui nous plonge dans l’horreur que représente la perte d’un enfant. Un récit douloureux – écrit par la scénariste Kata Wéber – quise veut réaliste et sans fioriture quitte à déstabiliser le public, en témoigne la terrible scène d’introduction du film. Dès le départ, le cinéaste frappe fort avec un plan séquence de près d’une demi-heure, nous faisant suivre au plus près l’accouchement de Martha, jeune femme ayant décidé avec son mari l’arrivée de son bébé s’effectuerait dans leur maison. Un heureux évènement qui se déroule sans encombre, jusqu’à ce que progressivement s’installe une tension palpable alors que plusieurs contre-temps viennent se mettre en travers du chemin du couple. La joie laisse place au malaise pour se terminer dans la douleur quand le travail de notre mère en devenir ne se déroule pas comme prévu et que, après un repit de courte durée, l’impensable se produit. Une scène difficile et éreintante à la fois pour les comédiens et le public, pour un calvaire parfaitement orchestré par le metteur en scène avec une caméra virevoltant entre les personnages pour être au plus près d’eux et capter leurs émotions le tout pour un ballet tragiquement poétique.
Passée cette claque initiale, Kornél Mundruczó nous fait partager l’après-coup d’une telle injustice en nous plongeant dans le marasme du couple face à cette notion de deuil, si abconse. Comment réagir dans une telle situation ? Comment panser ses blessures et tenter d’avancer ? Ce sont les deux questions principales de cette introspection, qui nous montre que dans l’épreuve, l’union n’est pas toujours présente. Entre silences, non-dits et distances, Martha et son mari Sean ne surmontent pas de la même manière cette perte du fruit de leur amour. De ce grand vide naît l’éloignement du couple, qui se fissure inéluctablement alors que chacun avance à un rythme différent de l’autre. Pieces Of A Woman s’enfonce dans un climat austère et glacial alors que nos personnages dérivent et ne se comprennent plus, allant jusqu’au point de non-retour.
Un triste constat emplit d’amertume qui se conjugue à l’émancipation de Martha. Dans ce portrait de famille déchirée, notre femme meurtrie passe par une quête identitaire en réalisant que pour passer à une nouvelle étape de sa vie, il fallait faire table rase de ce lourd passé – qui est symbolisé par ce mari devenu un inconnu ainsi que par cette mère envahissante et castratrice qui est la sienne. Les non-dits s’expriment alors dans un dernier acte construit sous forme de confrontations, les mots explosant en bouche pour un règlement de comptes expiatoire et un plaidoyer final bouleversant, aidant notre protagoniste à faire le deuil, à pardonner, à avancer.
Un parcours touchant qui doit beaucoup à la direction d’acteurs de Mundruczó, qui a su exploiter le talent de Shia LaBeouf, qui livre une prestation incandescente mais surtout de Vanessa Kirby, LA révélation de Pieces Of A Woman. La comédienne impressionne dans le rôle de Martha, dont la palette de jeu éclate au grand jour avec une composition tout en nuances, où un geste, un regard suffit pour faire passer l’émotion suscitée. Kirby s’est investie corps et âme dans ce projet et cela se ressent à l’écran , à l’image de l’erreintante sequence d’introduction. Son prix de la Meilleure Actrice lors de la dernière Mostra de Venise est mérité et l’on espère que d’autres récompenses viendront saluer ce rôle marquant.
Avec Pieces Of A Woman, Kornél Mundruczó fait vibrer notre corde sensible en abordant un thème difficile avec force, nous embarquant dans un une quête émotionnelle tragique et mélancolique, qui doit beaucoup à la prestation sans faille de sa distribution à commencer par Vanessa Kirby – poignante.
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