Cinq ans après Vice Versa, Pete Docter fait son grand retour derrière la caméra – aux côtés de Kemp Powers – avec Soul, dernier-né des studios Pixar. Comprenant au casting vocal Jamie Foxx et Tina Fey en version originale et Omar Sy, Camille Cottin ou encore Ramzy Bedia dans la version française, le film d’animation nous fait suivre le parcours pour le moins onirique d’un professeur de musique arrivé à un carrefour de sa vie…

Après avoir analysé les sentiments dans Vice Versa, Pete Docter, un des grands noms de Pixar à qui l’on doit notamment  Monstres & Cie et Là-Haut et Vice & Versa, s’associe à Kemp Powers pour sonder la psyché humaine et ensemble, les deux hommes nous convie à un formidable voyage intimise nous interrogeant sur ce qui nourrit notre âme, ce qui sculpte notre personnalité.

Le studio d’animation frappe donc un grand coup avec sa nouvelle production, nous prenant une fois de par les sentiments en convoquant des thématiques universelles. D’où viennent nos rêves, nos centres d’intérêts ? Qu’est-ce qui fait de nous…nous ? Ces questions sont au cœur du long-métrage avec l’itinéraire de Joe Gardner, professeur de musique en plein doute quant à ses choix de carrière, tiraillé entre la sécurité de l’emploi et l’envie de vivre de sa passion première, le jazz. Le jour où son rêve devient finalement accessible, un coup du sort entraîne malencontreusement notre homme dans une phase d’introspection alors qu’il se rapproche – littéralement – de l’au-delà, dans un monde appelé le ‘grand avant’ dernier palier avant la rencontre avec la grande faucheuse.

Avec ce high-concept, Pete Docter, Kemp Powers et leur co-scénariste Mike Jones conjuguent la vie et la mort sur l’autel de la musique, pour une réflexion métaphysique sur l’épanouissement personnel et plus globalement sur le sens de l’existence. L’incroyable aventure vécue par Joe va être l’occasion pour ce dernier de remettre en contexte ce qui le motive, à travers sa rencontre avec 22, une âme récalcitrante à l’idée de faire ses premiers pas sur Terre. En jouant sur les oppositions, l’équipe créative de Soul nous concocte une épopée entre deux univers, deux personnages que tout sépare pour ce qui se révèle rapidement être un buddy-movie des plus sympathiques, d’autant plus lorsqu’il est agrémenté de l’ingrédient phare de tout bon Pixar, l’émotion, ajoutant une maturité comme toujours efficace et résonnant dans le cœur du plus grand nombre – plus particulièrement dans celui des personnes mettant toutes leur tripes dans leur passion.

Si petits et grands s’amusent des déboires de Joe et de 22 à la fois dans le ‘grand avant’ et sur Terre grâce à l’utilisation du fameux échange de corps, ce procédé cache une fonction plus profonde qui parlera avant tout aux adultes. Cet outil scénaristique est certes classique, donnant ainsi lieu à un esprit bon enfant, celui-ci est utilisé judicieusement afin de mettre en parallèle les divergences de notre tandem et délivrer un message bienveillant sur l’importance de s’émerveiller des petites choses de la vie et de garder une certaine âme d’enfant dans un monde où le poids des responsabilités et des obstacles se mettant en travers de notre chemin peut mener à obscurcir notre vision de l’existence et nous empêcher de capter sa beauté. Pete Docter et Kemp Powers mettent en pratique une philosophie simpliste mais pertinente – encore plus dans notre société actuelle – et nous démontrent avec ingéniosité que le bonheur n’est pas inaccessible.

Si le scénario tient ses promesses, Soul vaut également le coup d’œil pour sa réalisation maitrisée et propice à l’évasion. De film en film, Pixar gagne en qualité visuellement parlant, l’évolution des technologies propre à l’imagerie par ordinateur ne cessant de progresser avec les années. Nouvelle preuve ici, avec une plongée magnifique dans un New-York automnal favorable au spleen, riche en détails et en réalisme, pour un résultat sublime.

Si le scénario tient ses promesses, Soul vaut également le coup d’œil pour sa réalisation maitrisée et propice à l’évasion. De film en film, Pixar gagne en qualité visuellement parlant, l’évolution des technologies propre à l’imagerie par ordinateur ne cessant de progresser avec les années. Nouvelle preuve ici, avec une plongée magnifique dans un New-York automnal favorable au spleen, riche en détails et en réalisme, pour un résultat sublime. Le design du ‘grand avant’ n’est pas en reste avec un soin porté sur la pureté, présente aussi bien dans l’environnement de cet univers que dans la représentation de ses habitants, soulignant ainsi l’innocence de l’âme et offrant de ce fait un contraste comparé à l’atmosphère bouillonnante régnant sur Terre.

La beauté du voyage offert par Soul ne serait rien sans le rôle central joué par la musique, qui fait office de troisième personnage principal car essentiel à l’intrigue. La partition jazzy proposée par le chef d’orchestre Jon Batiste est exaltante, représentant à merveille l’effervescence de la vie tandis que les notes plus feutrées, plus sensorielles de la composition du tandem Trent Reznor-Atticus Ross, caractérise avec douceur l’existentialité propre à l’au-delà dépeint dans le film. Deux bandes originales pour le prix d’une, symbolisant la dualité présente dans ce dernier-né des studios Pixar, créant au final une harmonie entre la musique et la réalisation. De ces oppositions naît une forme de cohésion.

S’il n’est pas le chef d’œuvre annoncé, Soul n’en reste pas moins un excellent cru de la maison Pixar, prouvant avec force que le studio a encore de beaux jours devant lui avec de telles productions. L’association Pete Docter/Kemp Powers fait des merveilles et si le message délivré quant à la quête de bonheur peut sembler naïf, il n’en reste pas moins touchant et nous met clairement du baume au cœur en cette période difficile. Visuellement bluffante, cette escapade méta-physique qui ne manque pas d’âmenous fait voir la vie du bon côté.

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