[Critique] Jojo Rabbit, la haine je la jette
Deux ans après son arrivée au-sein de l’Univers Cinématographique Marvel avec Thor : Ragnarok, Taika Waititi est de retour derrière la caméra pour Jojo Rabbit, la libre adaptation du roman […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Deux ans après son arrivée au-sein de l’Univers Cinématographique Marvel avec Thor : Ragnarok, Taika Waititi est de retour derrière la caméra pour Jojo Rabbit, la libre adaptation du roman […]
Deux ans après son arrivée au-sein de l’Univers Cinématographique Marvel avec Thor : Ragnarok, Taika Waititi est de retour derrière la caméra pour Jojo Rabbit, la libre adaptation du roman Le Ciel En Cage écrit par Christine Leunens, comprenant au casting Roman Griffin Davis, Thomasin McKenzie, Rebel Wilson, Stephen Merchant, Alfie Allen, Sam Rockwell, Scarlett Johansson ainsi que Taika Waititi lui-même et nous emmenant en Allemagne durant la Seconde Guerre Mondiale pour suivre le jeune Johannes, endoctriné dans les jeunesses hitlériennes…
Avec Jojo Rabbit, Taika Waititi livre une satire anti-haine sous couvert d’un conte burlesque, pour une comédie pour le moins décalée.
Le réalisateur s’inspire très librement du roman de Christine Leunens, ne gardant qu’en substance le huis-clos entre les jeunes Elsa et Johannes, pierre angulaire de l’oeuvre, préférant élargir l’horizon de cette intrigue pour mieux appuyer sa critique du nazisme sous une forme plus cartoonesque.
Le scénario nous montre les ravages de l’endoctrinement sur la jeunesse à l’image de notre cher ‘Jojo’ qui se laisse envahir par les idées nauséabondes inculquées au sein des jeunesses hitlériennes et traite ce sujet sous une apparente légèreté, utilisant à bon escient l’absurde, qui permet de mieux dénoncer cette sombre page de l’Histoire. Ce décalage pourra en décontenancer plus d’un, surtout vu le traitement réservé à Hitler, d’abord traité comme une rock-star, pour une introduction qui donne le ton puis comme un compagnon de route imaginaire aux conseils peu avisés, campé par un Taika Waititi qui s’en donne à coeur joie.
Malgré quelques maladresses, cet humour poil à gratter fonctionne dans son ensemble, d’autant plus qu’il est accompagné d’une certaine poésie à travers le parcours de Johannes.
Comme il l’a déjà fait dans sa filmographie, Taika Waititi met en opposition l’innocence de l’enfance et la réalité de notre monde. Ainsi, aussi peu froid que peut paraître ‘Jojo’, la haine étant son moteur, les horreurs de la guerre se confrontent à ses préjugés et, par les actions de ses proches, de sa mère à Elsa, une Juive se cachant au sein de leur maison, le garçon voit les fondations de sa pensée unique se fissurer et dans sa seconde partie Jojo Rabbit gagne en épaisseur en se voulant plus doux-amer dans son traitement alors que les enjeux prennent une autre dimension pour ces principaux personnages. Le voyage initiatique de Johannes se heurte à la dureté de la vie et ce dernier doit s’affranchir de ses convictions profondes.
Le long-métrage vaut également le coup d’oeil pour son casting, que ce soit adulte ou enfant avec la découverte de Roman Griffith Davis, qui est la révélation de Jojo Rabbit, parvenant à rendre son personnage attachant et à retranscrire l’évolution de son personnage, qui oscille entre haine et amour ou la confirmation du talent de Thomasin McKenzie qui livre une prestation remarquée dans la peau d’Elsa, tantôt acerbe tantôt sensible, formant un tandem complémentaire avec le jeune Davis. Au rayon des seconds-rôles, Scarlett Johansson rayonne de sa présence, jouant tout en nuances le rôle de cette mère fantasque mais non dénuée d’épaisseur tandis que Sam Rockwell tout comme Rebel Wilson, Stephen Merchant et Alfie Allen, prennent un plaisir communicatif à camper ces hauts responsables nazis plus ridicules les uns que les autres, leurs bouffonneries faisant souvent mouche quant à la dénonciation de leur exactions inhumaines.
Au niveau de la réalisation, Taika Waititi adopte un style qui n’est pas sans rappeler celui de Wes Anderson, ajoutant une atmosphère proche du conte fantaisiste, aspect renforcé par la photographie colorée, la symétrie du cadre et de la mise en scène. L’univers mélodieux qu’il met en place est un outil efficace pour contraster le fond et la forme, pour ainsi dénoncer l’horreur sous un cadre idyllique et bucolique, un mélange des genres qui fonctionne.
Avec Jojo Rabbit, Taika Waititi joue, avec douceur, la carte de l’irrévérence en dénonçant le nazisme et ses dangers pour le peuple, à travers une comédie se voulant burlesque mais ne manquant pas d’épaisseur lorsqu’il s’agit de confronter l’innocence de l’enfance à la cruauté de l’Homme, pour en renforcer cet appel à la tolérance, le tout pour un résultat détonnant.
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