Remise dans son caisson de cryogénisation par Comedy Central en 2013, Futurama sort de nouveau d’une longue stase à l’initiative de la plateforme Hulu, qui a commandé vingt épisodes de la série […]
Remise dans son caisson de cryogénisation par Comedy Central en 2013, Futurama sort de nouveau d’une longue stase à l’initiative de la plateforme Hulu, qui a commandé vingt épisodes de la série culte de Matt Groening et David X. Cohen. Une salve divisée en deux saisons, dont la première a été diffusée de juillet à septembre sur Disney pour les spectateurs français. Alors, après une décennie d’absence, quelles aventures attendent Fry, Leela, Bender et l’équipe de Planet Express ?
Good news everyone ! Passée son épopée sur Netflix avec Désenchantée, Matt Groening quitte l’univers de la fantasy pour repartir vers celui de la science-fiction aux côtés de son comparse David X. Cohen, histoire de resusciter pour la troisième fois Futurama qui décidemment est plus puissante qu’un phénix. Un retour en grandes pompes donc, qui s’effectue en deux temps, avec tout d’abord une onzième saison synonyme de recalibrage pour les équipes techniques et créatives, qui se réapproprient leur bébé suite à une énième séparation. Dans une société qui a encore évolué en leur absence, est ce que nos scénaristes ont su rattraper le train en marche et prouver que la série était toujours pertinente ? Plus ou moins, mais de manière aléatoire.
Alors que la précédente conclusion du show offrait une porte d’entrée pour repartir du bon pied si jamais quelqu’un décidait de relancer la machine dans un avenir proche, quelques craintes subsistaient quant à l’approche voulue par Groening et Cohen pour ouvrir ce nouveau chapitre. En repartant à rebours, n’y avait-il pas un risque de faire trois pas en arrière niveau mythologie et surtout relationnel ? Le couple Fry/Leela, qui avait atteint un stade supérieur en terme de développement dans le poétique En attendant…, après des hauts et des bas allait-il devoir apprendre à se reformer ? Des questions auxquelles les fans ont rapidement eu des réponses. Pas d’entourloupes, nos tourtereaux ne repartent pas de zéro et avancent tranquillement main dans la main.
La continuité est au programme et cela concerne d’autres personnages, à l’image d’Amy et Kiff, dont la mise en avant dans Les Enfants du Marais permet de ressortir du chapeau (ou plutôt de l’eau) leur progéniture, introduite en saison quatre dans Kif et le Polichinelle dans le tiroir. De quoi grossir les rangs de la famille Planet Express et de constater une avancée niveau intrigues. Plusieurs rappels au passé sont donc à l’ordre de ces dix épisodes, à l’image de En vers et contre tous, qui profite de la présence de Nibbler et fameux parasites ayant autrefois rendus Fry intelligent pour parodier à sa façon Dune de Frank Herbert. Des petits clins d’œil qui font plaisir à voir et aident à s’investir dans cette saison, qui est dans sa globalité en dents de scie. Aimant se moquer d’elle-même, Futurama a pourtant opéré un retour en petite forme via Streaming impossible qui, hormis les saillies de Bender, s’est contentée d’une mise à jour sans réelle prise de risque narrativement parlant, alors qu’il y avait de quoi dézinguer l’ère de la consommation à outrance.
Heureusement, une fois cette réintroduction terminée, les scénaristes retrouvent leur mojo avec notamment La Mère de l’Univers et Souviens-toi Noël Prochain, les deux meilleurs épisodes de cette cuvée 2023, qui permet de railler Amazon et de passer des fêtes de fin d’années mortelles avec Bender, Zoidberg et le Père Noël. Question pertinence, si les travers de notre société sont toujours abordé avec humour, notons quelques ratés niveau pertinence, avec une évocation ratée de la pandémie (Non aux vaccins !) et un propos sur la cancel culture qui manque de finesse, ce qui est certes raccord avec le personnage de Zapp Brannigan – au cœur de ce Stage de Sensibilisation – mais sa structure narrative reste faible. Tout comme celle de Le Prince et le Produit, renouant avec les épisodes dits conceptuels, comme l’étaient par exemple Réincarnations et Naturama durant la période Comedy Central, qui ont une chance sur deux de plaire, ce qui n’est pas le cas ici. Le script imaginé par Ari John Kaplan et Eric Kaplan, où nos héros se transforment en jouets le temps de trois segments, était simplement inintéressant, ceux-ci étant reliés à une storyline bancale où Leela tombe sous le charme d’un prince. Simplement oubliable, ce qui est dommage.
Pour clôturer cette saison en mode montagnes-russes, David X. Cohen tente lui aussi de sortir des entiers battus avec un épisode articulé sur de la science-fiction pure et dure, où le professeur Farnsworth se lance dans une expérience scientifique questionnant les limites de la réalité, s’interrogeant sur le fait que l’univers soit le fruit d’une simulation. Une parenthèse qui permet de montrer une facette plus sensible de Bender et de refermer ce premier chapitre made by Hulu sur une note douce-amère, visuellement splendide. Globalement, en ce qui concerne l’animation, Rough Draft Studios n’a pas perdu la main et essaye toujours d’allier 2D et 3D durant certaines séquences comme à la bonne époque. De ce côté là rien ne change. Pour l’année prochaine et la douzième saison, il n’y a plus qu’à espérer davantage de cohérence en matière d’écriture et une résurgence de l’émotion entre deux délires, car Futurama sait nous prendre par les sentiments quand elle veut et sans crier gard, ce qui manquait quelque peu le long de ces dix épisodes.
Sortie de son caisson de cryogénisation par Hulu, Futurama est venue se rappeler au bon souvenir de son public avec une onzième saison synonyme de séquence de (re)calibrage de la part de l’équipe créative, qui tâtonne quelque peu pour trouver un souffle nouveau.Il y a des hauts et des bas qualitativement parlant mais dans l’ensemble, le plaisir de retrouver notre équipe de Planet Express reste intact.