Après un an et demi d’absence, Désenchantée, la dernière série d’animation en date de Matt Groening (le papa des Simpson et Futurama) co-créée avec Josh Weinstein est finalement de retour sur Netflix, pour entamer son cinquième et ultime chapitre. Alors que la quatrième partie – et accessoirement fin de la deuxième saison – s’achevait sur la prise de pouvoir de Dreamland par Dagmar et Lucifer, l’heure est finalement venue de découvrir comment Bean va parvenir à déjouer les plans de son infâme mère et reconquérir le trône de son royaume…

Passée une période plutôt brouillonne, où elle ne savait plus où donner de la tête à cause d’une multiplication de fils rouges, Désenchantée revient avec un objectif principal en tête : démêler ce sac de nœuds narratif afin de déblayer au maximum le terrain à l’approche de la dernière ligne droite – qui se trouve être à quelques mètres. En effet, à l’approche de sa diffusion, la cinquième partie de la série a été annoncée comme la dernière par Netflix, ce qui avait de quoi compliquer la tâche de l’équipe créative. Avec seulement dix petits épisodes pour conclure cet imbroglio fantaisiste, Matt Groening, Josh Weinstein et leur pool de scénaristes ont-ils réussi à conclure comme il se doit leur création commune ?

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le chantier était immense pour parvenir à boucler la boucle, tant la dispersion fût au programme de la précédente salve d’aventures, qui se terminait sur divers échecs. D’un côté celui de Bean, qui s’est faite chipée le trône de Dreamland par sa manipulatrice de mère puis de l’autre celui de Zøg, qui a pour sa part échoué à retrouver ses deux fils, retenus prisonniers dans le fameux freak-show de Steamland. Et au milieu, Elfo et Luci, ne pouvant que constater les dégâts. En soit de bons cliffhangers, donnant du grain à moudre quant à la suite des évènements, qui a pour vocation de nous éclairer sur la prophétie apocalyptique teasée depuis les débuts du show.

Mais étant donné le changement de paradigme, c’est à dire avec une saison rabotée de moitié (précédemment les commandes de la plateforme étaient de vingt épisodes), le chemin devant nous amener à la confrontation finale tant attendue entre Bean et sa génitrice se raccourcit sérieusement. Ce qui, contre toute attente, se révèle être un mal pour un bien puisque l’intrigue se doit de cesser les pas de côté pour se concentrer sur l’essentiel à savoir ramener nos protagonistes à Dreamland pour parachever leur histoire commune. Pour s’y faire, les scénaristes tentent d’accélérer le mouvement afin de réunir tout ce beau monde sur le même échiquier sauf que cela n’est pas de tout repos, en témoigne la première partie de cet ultime chapitre, qui se partage entre les allers-retours de notre héroïne dans les divers royaumes visités au gré de son épopée, pour sauver son paternel et ses proches. Ce qui empêche de faire évoluer la situation à Dreamland, où le temps semble s’arrête, ce que souligne la storyline pour rassembler la tête et le corps du double maléfique de Bean, qui joue la montre.

Heureusement, une fois les retrouvailles effectuées pour la majorité de nos personnages (et une pléiade de seconds couteaux), les choses sérieuses commencent, l’humour pince-sans-rire laissant place à une atmosphère plus lourde, l’action prenant le pas sur l’humour tandis que chacun fait face à son destin. De quoi retrouver la magie des débuts, avec des surprises à la clé comme les rôles attribués aux comparses de Bean, que ce soit Luci, Elfo et même Miri (Mop Girl), qui ont chacun le moment de briller durant les trois derniers épisodes. La bataille pour Dreamland s’avère ainsi satisfaisante dans la mesure où il y a un véritable sentiment de conclusion en terme de mythologie, toutes les pistes suivies – parfois maladroitement – menant une destination précise. Ce qui n’empêche pas des facilités, notamment concernant les plans d’Alva Gunderson avec les Trøgs par exemple mais dans l’ensemble, l’acte final remplit son cahier des charges.

Officiant à l’écriture du cinquantième épisode, Matt Groening se voit offrir la durée nécessaire pour mettre un point final à son incursion dans le monde de la fantasy, offrant des portes de sorties convenables à nos principaux héros en privilégiant les liens du cœur. Après avoir longtemps cherché sa place au sein de son royaume, Bean trouve finalement sa raison d’être de même que ses compagnons d’infortune, l’amour l’emportant sur la noirceur. Une conclusion romantique, qui a son importance, refermant sur une note de douceur une série qui aura connu des hauts et des bas en ne parvenant pas à réellement trouver sa voie tout du long de ces cinq parties. Si elle ne restera pas dans la mémoire collective contrairement au Simpson et à Futurama, Désenchantée n’en reste pas moins divertissante, grâce à son ton sardonique et ses expérimentations artistiques (la dimension mélancolique de la première moitié de seconde saison en est le parfait symbole).

Disposant d’un temps réduit pour conclure tous ses arcs, Désenchantée accélère le mouvement avec sa cinquième partie synonyme de baroud d’honneur et parvient à achever sa quête avec plus ou moins de panache – ce qui n’était pas garanti avec les bases fragiles dérivant de son précédent chapitre.

© The Ululu Company/Netflix

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