Alors que sa dernière réalisation, Apollo 10 1⁄2: Les Fusées de mon Enfance a atterri il y a de cela quelques mois sur Netflix, Richard Linklater repart tête baissée s’atteler à la production de son projet le plus ambitieux de sa carrière, où le temps jouera une fois de plus un rôle prépondérant. Comme les plus curieux se rappellent sûrement, en 2019, le site américain Collider annonçait que le cinéaste avait dans l’idée de proposer une adaptation de Merrily We Roll Along, comédie musicale de Stephen Sondheim et George Furth créée en 1981 et jouée mainte et maintes fois à Broadway, elle-même basée sur la pièce de théâtre éponyme écrite par George S. Kaufman et Moss Hart en 1931.

La particularité de Merrily We Roll Along est sa non-linéarité, l’histoire se déroulant à rebours, sur une période de vingt ans. Centré sur Franklin Shepard, talentueux compositeur devenu producteur à Hollywood, la comédie musicale nous raconte les différentes étapes de sa vie l’ayant mené vers la gloire et le succès ainsi que la relation unique qui le relie à ses deux amis Mary et Charles, le tout se déroulant des années 1976 à 1957. Cette idée de jouer avec la temporalité va permettre à Richard Linklater de relever un défi de taille, supérieur à celui établi avec Boyhood. Si vous vous rappelez du film, sorti en 2014 avec au casting Ethan Hawke, Patricia Arquette (qui a obtenu l’Oscar Du Meilleur Second Rôle) et Ellar Coltrane, ce dernier s’était tourné sur une période de douze ans, relatant l’enfance du jeune Mason (Coltrane) dans sa famille recomposée, de ses six ans à sa majorité.

Linklater s’apprête donc à repousser ses limites puisque c’est un tournage de vingt ans qui l’attend désormais, ce dernier voulant respecter la chronologie de l’œuvre. Le producteur Jason Blum l’accompagne dans ce challenge et produit le film sous la bannière Blumhouse. Quant à la distribution, si Ben Platt (Pitch Perfect) et Beanie Feldstein (Booksmart) ont rejoint dès le départ cette aventure unique, campant respectivement Charley Kringas et Mary Flynn, un changement est à noter quant au personnage principal – celui de Franklin Shepard. Attribué à l’origine à Blake Jenner, qui avait commencé à tourner quelques séquences, le rôle a été recasté à la suite des accusations de violences domestiques à l’encontre de son ex-femme Melissa Benoist. Pour reprendre le flambeau et tout reprendre à zéro, le réalisateur a jeté son dévolu sur Paul Mescal, ce qui nous amène à reparler de ce projet hors norme. Repéré avec la série Normal People, le comédien prend doucement mais sûrement du galon, puisqu’après Aftersun, ce dernier sera la tête d’affiche de la suite de Gladiator développée par Ridley Scott.

Ainsi, après s’être enrayée, la machine est prête à repartir sur de bon rails. Se dire que nous ne verrons Merrily We Roll Along que d’ici 2039, si tout se passe bien, n’est-ce pas un peu irréel ? Richard Linklater va t-il réussir ce défi qu’il s’impose ? Réponse dans un peu moins de vingt ans.

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