S’il n’a plus réalisé de longs-métrages depuis The Ward en 2010, John Carpenter continue d’avoir un impact sur le cinéma de genre, auquel il a aidé à donner une nouvelle impulsion à l’aube des années 70. Parmi les récentes preuves de cette influence, le résurrection de l’une de ses œuvres fondatrices, Halloween, qui sous l’impulsion de Blumhouse et de David Gordon Green a eu le droit à une trilogie portée par nulle autre que Jamie Lee ‘Laurie Strode’ Curtis – renforçant la nostalgie propre aux revivals des productions issus des seventies/eighties. Remportant une beau paquet de billets verts, cette entreprise menée par Jason Blum a semble t-il réveillé d’autres grands pontes d’Hollywood, décidés à puiser dans la filmographie de ‘Big John’ le matériel nécessaire pour (peut-être) relancer une franchise.

Parmi les dix-huit réalisations à son actif, pour le grand écran, près de la moitié ont été passées à la moulinette par l’industrie US avec diverses tentatives d’extensions et de reboot à travers les époques. Si Halloween, tel Michael Myers, a connu plusieurs vies – avec une timeline partant littéralement dans tous les sens – notons tout de même les tentatives manquées de proposer une nouvelle version d’Assaut sur le Central 13 et de The Fog au début des années 2000 ainsi que l’échec du préquel de The Thing qui a vu son potentiel sacrifié par des décisions créatives douteuses (dont un changement de dernière minute des effets visuels, conçus numériquement à la va-vite). Face à ce palmarès peu glorieux, les producteurs devraient réfléchir à deux fois avant de se frotter à l’univers de Carpenter et pourtant certains persistent dans leur idée.

Ce qui est le cas de Blumhouse justement, qui planche depuis juin 2021 sur une relecture de Christine, l’adaptation du roman éponyme de Stephen King, dont l’écriture et la mise en scène ont été confiés à Bryan Fuller. Si ce projet ne fait plus parler de lui depuis cette annonce, nous avons appris il y a peu via Deadline que 20th Century Studios entrait également dans la partie avec un remake de New York 1997 (ou en V.O. Escape from New York). Sorti il y a déjà quatre décennies, le film de science-fiction – comme son titre l’indique – nous plongeait dans l’enceinte de la Grosse Pomme et plus précisément à Manhattan, transformée en prison de haute-sécurité dans ce ‘futur’ dystopique (1997 est loin derrière nous désormais). Une zone de non-droit dans laquelle se retrouve piégé le Président des Etats-Unis à la suite du crash de Air Force One, qui ne pourra compter que sur l’aide d’un certain Snake Plissken pour se sortir de ce bourbier et ce en moins de vingt-quatre heures.

Servi notamment par un Kurt Russell charismatique et iconique dans la peau de ce détenu devenant par la forces des choses un ‘bon’ samaritain, ce sauvetage à haut risque a su trouver son public, devenant culte parmi les amateurs de S-F. Ceux-ci durent prendre leur mal en patience pour revoir Plissken au cinéma, John Carpenter se décidant à prolonger les mésaventures de son anti-héros en 1996 (soit quinze ans après le premier volet) dans Los Angeles 2013, qui situait cette fois son intrigue au cœur de la Cité des Anges, devenue une enclave détachée du continent renfermant les bannis de la société – qui ne rencontra pas le succès escompté niveau box office. Ce qui n’empêcha pas cette suite d’avoir une place de choix parmi beaucoup de fans du cinéaste. Un revers ayant coupé court à ses ambitions, lui qui voulait emmener Snake dans l’espace avec un troisième opus qui aurait du se nommer Escape from Earth.

Restée en état d’hibernation, la franchise se voit donc décongelée par 20th Century Studios, qui cherche à sortir du placard notre criminel à l’œil aiguisé pour qu’il se remettre à dégommer du criminel à la chaîne. Ce qui nous amène à la mise en marche active d’une nouvelle version de New York 1997, assignation confiée au collectif Radio Silence, composé de Matt Bettinelli-Olpin, Tyler Gillett et Chad Villella. Se faisant repérer avec V/H/S et Wedding Nightmare, le trio s’est réapproprié la franchise Scream, étant à la manœuvre du cinquième et du sixième volet (prévu pour début 2023). S’il n’est pas attaché à sa réalisation ni à son écriture, ‘Big John’ fait malgré tout parti de cette équipée sauvage, l’homme occupant le poste de producteur. Notons que ce n’est pas la première fois que s’initie une telle entreprise, Leigh Whannell (Upgrade, Invisible Man) ayant aussi fait part de son intention de revisiter ce monde post-apocalyptique – avant de ne plus en parler. Maintenant que ce reboot devient réalité, la principale interrogation est de savoir à quelle sauce Snake Plissken va être mangé ? Et surtout, qui va prendre le relais de Kurt Russell ?

© StudioCanal

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