Neuf ans après The Galapagos Affair : Satan Came to Eden, le tandem Dan Geller et Dayna Goldfine effectue son retour à la réalisation avec Hallelujah, les mots de Leonard Cohen. Présenté en avant-première lors du 48e Festival du cinéma américain de Deauville, ce documentaire se centre sur le titre culte de l’artiste canadien, qui aura su transcender son art et inspirer des générations.

Dévoués à leur tâche, Dan Geller et Dayna Goldfine ne dérogent pas à leur réputation en s’attelant à une mise à nu de Leonard Cohen avec Hallelujah, un documentaire à fleur de peau sondant l’âme du poète/musicien en s’articulant sur le poids émotionnel de l’une de ses chansons phares, qui aura forgé l’homme et sa légende dans la culture populaire. En résulte pour le duo un voyage intimiste à visée humaniste, démontrant avec tact comment dessiner à la fois un portrait nuancé tout en proposant des pistes de réflexion quant à la portée universaliste d’un titre auquel personne ne croyait.

Acceptée par Leonard Cohen lui-même avant sa disparition en 2016, la démarche des cinéastes d’analyser les contours de sa personne par le biais de l’analyse de la conception de ce titre culte – et de son héritage – se révèle convaincante dans sa forme, dans son fond. En effet, de ce parti pris les cinéastes s’embarquent dans une odyssée musicale dont les notes suaves offrent une caisse de résonnance intéressante quant au processus créatif s’orchestrant dans l’esprit du compositeur, démontrant par la même occasion l’aura de son travail au gré des époques. S’appuyant sur des images d’archives, témoignages de proches et de collaborateurs et de matériel mis à disposition par les siens, dont les fameux carnets où étaient griffonnées les multiples vers qui deviendront son hymne à l’amour, à la croyance, le documentaire apporte un éclairage bienvenue sur la personnalité de l’artiste.

D’un fil conducteur solide, Geller et Goldfine proposent un long-métrage en trois mouvements, chacun venant apporter une pierre non négligeable à l’édifice ici construit, qui met en parallèle les fluctuations de la carrière de Cohen avec celles de ce morceau précis. Si à ce jour on ne compte plus le nombre de reprises, le parcours d’Hallelujah fût loin d’être une sinécure, sa génèse étant synonyme de doutes et d’interrogations pour son créateur, qui n’était alors plus au fait de sa gloire. En gestation durant près de cinq ans, le morceau qui allait devenir culte fût tout d’abord mal considéré dans la profession, se voyant rejeté par la maison de disque de l’interprète avant de débarquer dans les bacs au milieu des années 80, sans avoir le succès escompté. Il faudra attendre près d’une décennie pour que ressurgisse de l’ombre ce texte et cette mélodie, dont la spiritualité inspirera ses pairs, qui essayeront tour à tour de décrypter le sens de ces mots singuliers couchés sur papier.

Si tout reste question d’interprétation quant à sa signification et à son symbolisme, la valeur émotionnelle et transgénérationnelle de ce titre est pour sa part indéniable, comme en atteste le long-métrage, une balade mémorielle sachant mener son cap grâce à son sens de la narration, le tandem de cinéastes rendant un hommage sincère à cette grande figure de la musique qu’est Leonard Cohen, ne se contentant pas de louanges pour capter l’essence de l’homme, plus rugueuse qu’il n’y paraît.

Avec Hallelujah, les mots de Leonard Cohen, Dan Geller et Dayna Goldfine mettent en parallèle la carrière de l’artiste et l’histoire de l’un de ses titres cultes via une odyssée musicale pour le moins réussie, donnant envie de se replonger dans sa discographie au combien éclectique.

© The Jokers

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