Deux ans après La Belle Époque, Nicolas Bedos fait son arrivée aux manettes de la saga OSS 117, prenant la suite de Michel Hazanavicius au poste de réalisateur pour le troisième volet des aventures de ce cher Hubert Bonnisseur de La Bath, sous-titrée Alerte Rouge En Afrique Noire et réunissant autour de Jean Dujardin, Fatou N’Diaye, Pierre Niney, Natacha Lindinger, Wladimir Yordanoff, Habib Dembélé, Pol White ou encore Gilles Cohen.

Avec OSS 117 : Alerte Rouge En Afrique Noire, Nicolas Bedos avait une pression certaine sur ses épaules, prenant les rênes d’une franchise indissociable de son réalisateur avec un troisième volet arrivant près de douze ans après son prédécesseur. Si tous les doutes étaient permis quant à la qualité de cette mission, avec notamment la crainte de voir s’envoler l’esprit irrévérencieux qui fait le sel de cette relecture parodique de l’oeuvre de Jean Bruce, ceux-ci sont levés…en partie.

Au menu de cette nouvelle plongée dans le monde de l’espionnage made in France, une volonté de se s’inspirer de l’atmosphère bondienne de l’ère Roger Moore, plongée dans les années 80 oblige à priori. Une influence qui se ressent dès l’introduction musclée en Afghanistan qui se conclut sur un générique hommage à la franchise 007, qui donne ainsi le ton de ce troisième opus, qui se veut plus proche d’un réel film du genre. Un choix artistique qui se défend mais encore faudrait-il que celui-ci se marie avec l’humour caustique et poil à gratter présent depuis Le Caire Nid D’espion. C’est là que le bât blesse. Si la présence au scénario de  Jean-François Halin avait de quoi rassurer et offrir une continuité avec les deux films de Michel Hazavanicius, force est de constater que la structure du film souffre de problèmes d’écriture et de rythme.

Avant de pointer du doigt ce qui cloche dans ce OSS 117, débutons par les réjouissances, la première étant le plaisir intact de retrouver notre agent double zéro. Si les décennies passent, cette tête à claque de Hubert – que peu de monde nous envie – reste fidèle à lui-même, faisant toujours office de vieux fossile dans une société en perpétuel changement. Son côté vieille France et sa culture d’un autre temps viennent une fois encore s’entrechoquer avec une époque qu’il ne comprend pas. Preuve en est avec cette assignation, le mettant face aux instabilités politiques du continent africain, avec en ligne de mire la gestion d’un conflit entre un dictateur – installé au pouvoir par le gouvernement – et une faction rebelle.

Entre une situation diplomatique dont il ne saisit aucunement les nuances et son accolade avec un agent issu d’une génération qu’il ne comprend pas, OSS 1001, notre espion d’un autre âge navigue à vue et se voit complètement largué, une habitude pour cet incompétent notoire. Grâce à un truculent Jean Dujardin, dont le plaisir à incarner l’inénarrable Hubert Bonnisseur de la Bath reste intacte, les pitreries indigentes de son alter-ego en costume trois pièces prêtent à sourire. L’acteur ne lâche rien et redouble d’efforts pour ridiculiser un OSS 117 vieillissant, même quand l’écriture patine et tend à nous rendre notre anti-héros sympathique.

Concernant l’intrigue, il est en effet dommage que celle-ci ne tiennent pas toutes ses promesses en traînant en longueur, les tenants et aboutissants de la mission au cœur des enjeux perdant de leur puissance au fur et à mesure de son avancée. Si l’on se gausse au départ de la satire du contexte géopolitique dans lequel se situe le long-métrage ainsi que de l’opposition entre les méthodes de travail diamétralement opposées de nos deux comparses au service de la patrie, outil scenatistique aidant à entériner de la Bath – vestige du passé – on termine finalement par trouver le temps long. Le script de Halin ne sait pas réellement sur quel pied se reposer pour provoquer l’hilarité et cela se ressent dans l’utilisation des figures censés représenter ce souffle de révolte sur lequel repose l’intrigue, à savoir OSS 1001 et Zéphyrine Sangawe Bamba.

Malgré l’entrain de Pierre Niney, dont le tandem avec Jean Dujardin fonctionne du tonnerre, ainsi que la ténacité de Fatou N’Diaye qui vient sauver un dernier acte à bout de souffle, nos petits nouveaux doivent composer avec des personnages sous utilisés, se voyant reléguer au second plan sans réelle raison, ce qui semble prouver que l’équipe créative ne savait pas où aller avec ces pièces de l’échiquier. Preuve ultime de ces balbutiements, une non-fin venant clore une investigation en demi-teinte alors qu’il y avait du potentiel à amener la franchise vers un horizon inédit.

Ce qui fonctionnait à merveille dans les opus de Michel Hazavanicius était cet appui volontaire sur le pastiche des films d’espionnage et un ton très second degré permettant de créer le décalage nécessaire pour dénoncer les travers de nos personnages, permettant ainsi de rire sans vergogne de l’odieux OSS 117, raciste, misogyne et pleutre. L’association entre Jean-François Halin et Nicolas Bedos terni cet esprit bouffon, qui est moins présent que précédemment à l’exception de quelques séquences clés, ce qui résulte en une altération de cette distance nécessaire à la grille de lecture du long-métrage. En cherchant à être mordant tout en effaçant cette patte loufoque – et donc ce fameux second degré – les intentions du scénariste et du réalisateur s’en voient floutées, ce qui implique une perception moins claire de l’humour. Ce qui est sûr, c’est que Alerte Rouge En Afrique Noire divisera le public.

S’il dispose de bons moments, difficile de totalement adhérer à OSS 117 : Alerte Rouge En Afrique Noire qui, malgré l’énergie manifeste de Jean Dujardin – et par extension de Pierre Niney – a des difficultés manifestes à nous embarquer dans la nouvelle mission de notre bras cassé de la République, la faute à un scénario montrant rapidement ses limites et un ton tendancieux. Un retour en demi-teinte donc pour notre Hubert Bonnisseur de la Bath national.

Gaumont

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