Si l’on savait que l’industrie cinématographique n’était pas au mieux de sa forme depuis un an, l’information qui vient d’être communiquée tomber résonne comme un coup de massue, particulièrement pour le domaine de l’animation. Le site américain Deadline nous apprend en effet que The Walt Disney Company allait fermer Blue Sky Studios – filiale de feu la 20th Century Fox – qui était parvenue à se faire une place dans un milieu très concurrentiel. Une annonce sonnant le glas sur une aventure de près de trente-quatre ans.

Une décision qui amène quatre cent employés à devoir quitter leur poste et qui tue dans l’œuf la production de Nimona réalisé par Patrick Osborne. L’adaptation de la bande-dessinée fantastique éponyme imaginée par Noelle Stevenson, se concentrant sur une adolescente ayant le don de changer d’apparence, devait sortir le14 Janvier 2022 sur les écrans américains. Ce projet est désormais purement et simplement annulé. Comment en est-on arrivé là ? Qu’est ce qui a motivé Disney a baisser le rideau de ce studio ? La pandémie de coronavirus, si l’on en croit l’un porte-parole de la firme :

“Étant donné la réalité économique actuelle et après beaucoup de considération et d’analyse, nous avons pris la décision – difficile – de mettre fin à l’activité de Blue Sky Studios”

Depuis le début de la pandémie, The Walt Disney Company a dû faire face aux conséquences des nombreuses mesures sanitaires mises en place à la fois aux États-Unis mais également sur la surface du globe. Si au niveau des activités de loisirs, la société a dû faire face à la fermeture de ses parcs selon les territoires, concernant le monde du septième art, entre reports de films et sortie de certains titres directement sur sa plateforme streaming, des choix stratégiques ont été établis. Malheureusement, le monopole de Disney dans le milieu de l’animation, entre productions de la maison-mère et celles de Pixar, a condamné Blue Sky – d’autant plus que depuis le rachat de la 21st Century Fox en 2019, Fox Searchlight Animation (devenue 20th Century Animation) était également en leur possession. Un surplus de filiales qui a conforté les dirigeants à restreindre leur nombre.

Ce n’est pas la première fois que la compagnie aux grandes oreilles fait le ménage dans ce qui appartenait à la Fox, on se rappelle que Disney a décidé de fermer Fox 2000 Pictures – consacrée au cinéma indépendant – il y a deux ans. Leur dernière production, La Femme A La Fenêtre de Joe Wright, reste d’ailleurs encore à découvrir et débarquera courant 2021 sur Netflix. Ce cas de figure indique que la crise causée par la COVID-19 n’a pas fini de déstabiliser l’industrie, preuve en est, la MGM (Metro-Goldwyn-Meyer) une institution depuis 1928 dans le paysage hollywoodien, cherche actuellement un repreneur. Cela démontre également que la toute-puissance d’un studio peut mettre à mal un écosystème, en l’occurrence ici le cinéma, avec une mainmise dangereuse et un droit à la concurrence qui se restreint.

Quoiqu’il en soit, il est dommage de devoir reporter de telles annonces, surtout que Blue Sky Studios avait réussi à se démarquer dans un univers impitoyable. Réussir à trouver un public et à tenir tête à Disney a toujours été compliqué dans le monde de l’animation, Steven Spielberg et Don Bluth peuvent en témoigner avec Amblimation et Don Bluth Production, deux sociétés n’ayant pas tenu avec le poids des années. Fondé en 1987 par Chris Wedge, Michael Ferraro, Carl Ludwig, Alison Brown, David Brown et Eugene Troubetzkoy, Blue Sky avait réussi son petit bonhomme de chemin, débutant dans la confection d’effets spéciaux. Dix ans après sa création, l’entreprise a gagné en puissance grâce à la 20th Century Fox – sa compagnie VIFX devenant actionnaire majoritaire de cette dernière, ce qui a permis aux employés de travailler sur des films tels que Alien Resurrection, La Souris, Fight Club ou encore Star Trek : Insurrection.

Ce qui a changé la donne est le court-métrage Bunny réalisé par Chris Wedge, qui a été récompensé de l’Oscar du Meilleur Court-Métrage d’Animation en 1999. Un premier essai prometteur, qui donnera l’idée au co-fondateur de Blue Sky de se lancer dans la production de long-métrage. Une aventure qui a démarré avec L’Âge De Glace, sorti en 2002, qui est parvenu à attirer un public familial dans les salles obscures, réunissant 3 058 970 spectateurs en France et totalisant 383,2M$ de recettes dans le monde. Un succès donnant naissance à une franchise populaire très lucrative, puisque en cinq films, L’Âge De Glace amassera 3,2 milliards de dollars. Si les facéties de Sid, Manny, Diego et de l’inénarrable Scrat ont permis d’installer Blue Sky dans la cour des grands, le studio sur d’autres titres pour consolider sa réputation comme Robots, Horton, Rio, Epic, Ferdinand ainsi que Snoopy Et Les Peanuts. Si son treizième et désormais dernier ouvrage, Les Incognitos, n’a pas remporté l’adhésion, ne récoltant que 171M$, notons que l’entreprise a engrangé 5,9 milliards de dollars au box office en près de deux décennies.

Malgré de bons résultats et un potentiel non-négligeable, c’est sur une note amère que s’achève les trente quatre années de bons et loyaux services de Blue Sky, qui mettra la clé sous la porte au mois d’Avril. Seul lot de consolation – si l’on peut dire – le développement d’un spin-off de L’Âge De Glace centré sur les personnages de Buck, Crash et Eddie, planifié pour 2022 la plateforme Disney +.

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