Trente ans passée une première expérience pour le moins désagréable sur grand écran, Nintendo tente à nouveau d’adapter l’univers de sa franchise Super Mario sur grand écran. Pour s’y faire, le géant du jeu-vidéo s’est associée au studio Illumination, devenu un acteur majeur dans le monde de l’animation, notamment grâce au succès de la franchise Moi, Moche et Méchant. Ensemble, les deux compagnies ont mixé les éléments des diverses aventures du célèbre plombier et de son cadet, pour mettre sur pied une nouvelle incursion au cœur du Royaume Champignon.

Véritable phénomène culturel, sa popularité ayant dépassé depuis bien longtemps les frontières de l’univers vidéoludique, le personnage de Mario se prépare à une partie pour le moins attendue au tournant, son expérience au cinéma s’étant révélée compliquée. Si depuis son apparition sur les bornes d’arcades au début des années 80, le plus connu des plombiers aura su mener sa barque vers le succès au sein de son domaine de prédilection, les divers jeux-vidéos produits depuis les quatre dernières décennies ayant consolider une lucrative franchise, une défaite lui reste en travers de la gorge : sa première aventure en live action, qui avait été un échec cuisant lors de sa sortie en 1993, le long-métrage proposé par Rocky Morton et Annabel Jankel n’ayant que très peu de choses à voir avec la mythologie imaginée par Shigeru Miyamoto. Une expérience traumatisante, aussi bien pour les fans, que pour Nintendo (et sûrement pour Bob Hoskins), qui aura mis du temps avant de reconsidérer un projet cinématographique tournant autour de Super Mario Bros.

Il aura fallu attendre 2018 pour qu’un partenariat entre la firme nipponne et Illumination remette la machine en marche, amorçant la nouvelle partie qui nous accapare ici. Cette fois terminé le live-action, bonjour l’animation. Soit un choix judicieux car le meilleur moyen de respecter la matériau de base, en usant de graphismes similaires aux multiples jeux conçus. Pour mener à bien cette entreprise, les manettes ont été confiées au tandem Aaron Horvath/Michael Jelenic, à l’œuvre sur Teen Titans Go ! et ces derniers ont su être à la hauteur des attentes. Le point fort du long-métrage réside en effet dans sa mise en scène, parfaitement maîtrisée et inspirée, sachant retranscrire la galaxie Mario pensée par Miyamoto. Que ce soit le character design ou le visuel des différents mondes aperçus à l’écran, du fameux Royaume Champignon monde des ténèbres de ce cher Bowser, on se sent come devant sa console.

On aurait aimé que le scénario tricoté par Matthew Vogel, qui a officié sur Les Minions 2 : Il Etait Une Fois Gru, soit du même calibre mais malheureusement cela n’est pas le cas. Si son rythme effréné tente de faire illusion, Super Mario Bros se voit malgré tout pénalisé par une écriture en mode automatique, ne cherchant qu’à empiler les éléments principaux qui ont fait le succès de la saga pour avancer vers la ligne d’arrivée. Ce qui donne lieu à un patchwork géant, où l’on assemble les pièces sans réellement chercher à consolider le tout. En dépit d’un départ en fanfare, permettant de nous connecter avec Mario, son frère Luigi et d’introduire comme il se doit l’infâme Bowser et ses Koopas, l’intrigue survole par la suite son sujet, dès que notre duo de plombiers se voit transporté vers l’inconnu.

Empruntant plus d’un raccourci pour nous mener au duel avec notre ennemi de taille, le film ne prend pas réellement le temps de crédibiliser son univers et enchaîne les morceaux de bravoure sans qu’il n’y est réellement de liant. On convoque ainsi l’esprit de Donkey Kong, Mario Kart, Mario Galaxy, Luigi’s Mansion pour avancer dans la quête principale mais à part cumuler les clins d’œil, le scénario ne fait pas beaucoup d’efforts pour donner du corps aux péripéties de notre héros moustachu. L’exemple le plus probant est le manque criant d’explications quant au fonctionnement des différents pouvoirs mis à disposition des personnages. Il y peu, l’adaptation live de Sonic tentait un minimum de modeler la mythologie propre au hérisson bleu – ce qui n’est pas le cas ici. Il n’y a que quand la patte quelque peu cartoon d’Illumination se fait ressentir que l’on se dit qu’il y a du potentiel, à l’image de la sérénade de Bowser ou des répliques réconfortantes d’un Luma doté d’une joie de vivre plutôt cocasse. Maintenant que les bases sont posées, espérons que par la suite des efforts soient fait en matière d’écriture. Mario le mérite.

Si le scénario ne tient pas ses promesses, force est de constater que le passage de Super Mario Bros en mode animation fonctionne, Nintendo et Illumination ayant joint efficacement leurs forces pour que le divertissement soit au programme. De quoi aisément comprendre le succès triomphal du film au box office.

© Universal Pictures

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