[Séries Mania] Les Gouttes de Dieu, in vino veritas
Figurant parmi les titres en lice dans la Compétition Officielle, Les Gouttes de Dieu a été présentée en avant-première mondiale dans le cadre de Séries Mania. Adaptation du manga éponyme […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Figurant parmi les titres en lice dans la Compétition Officielle, Les Gouttes de Dieu a été présentée en avant-première mondiale dans le cadre de Séries Mania. Adaptation du manga éponyme […]
Figurant parmi les titres en lice dans la Compétition Officielle, Les Gouttes de Dieu a été présentée en avant-première mondiale dans le cadre de Séries Mania. Adaptation du manga éponyme de Tadashi Agi chapeautée par Quoc Dang Tran, la série comprend au casting Fleur Geffrier, Tomohisa Yamashita, Stanley Weber, Tom Woznickza, Gustave Kervern ou encore Cécile Blois et nous fait suivre le parcours de Camille Léger, fille d’un œnologue de renom devant prendre part à une compétition qui ne manque pas de sulfites afin de revendiquer l’héritage de son père…
Fort de ses quarante-quatre tomes, Les Gouttes de Dieu a su trouver le bon mélange pour aiguiser les papilles de ses lecteurs, le manga de Tadashi Agi, dessiné par Shū Okimoto, se vendant à des millions d’exemplaires sur la surface du globe depuis le début des années 2000. Auréolée d’excellentes critiques, se voyant même considéré comme le “meilleur livre du monde sur le vin” par la Gourmand World Cookbook Awards en 2009, l’œuvre aura fait l’objet d’une adaptation au Japon cette même année. Résistant à l’épreuve du temps, l’œuvre n’a pas perdu de sa superbe et se présente sous une nouvelle forme grâce à l’association de Apple TV +, France Télévisions et Hulu Japan, qui ont joint leurs forces pour proposer une relecture du récit imaginé par Okimoto.
Confiée à Quoc Dang Tran, que l’on connaît pour Marianne et Parallèles, cette tâche de mener à bien une série à destination d’un public international paraissait des plus périlleuses au premier abord. Comme beaucoup le savent, porter à l’écran un manga relève du défi et celui-ci n’est que trop rarement réussi, à l’image des récents Death Note et Cowboy Bebop, mal accueillis par le public et la critique. S’il n’y a pas de formule à proprement parler pour que la satisfaction soit au rendez-vous, divers dosages doivent être élaborés pour concilier respect de l’œuvre et apport de sa touche personnelle, ce qui n’est pas un exercice des plus aisés car tout étant une question de goût.
Aux côtés de ses scénaristes Alice Vial et Clémence Madeleine-Perdrillat, le showrunner n’hésite pas à procéder à des changements plutôt importants d’ordre géographiques et structurelles, délocalisant sa trame principale dans le deuxième pays producteur mondial de vin, la France. Ce qui a pour conséquence de modifier la caractérisation de l’un des piliers du manga, Shizuku Kanzaki, qui devient dans cette version Camille Léger. Un choix qui pourra dérouter certains fans, de même que celui de faire l’impasse sur les douze apôtres (les vrais savent comme on dit) mais tout ceci à une certaine logique, aidant à accentuer le choc des cultures inhérente à l’intrigue mais également à assaisonner différemment la relation opposant le tandem central – la clé de voûte des Gouttes de Dieu. En dépit des libertés prises, les tenants et aboutissants restent similaires, la série s’articulant avant tout sur un duel fraternel sur l’autel de l’œnologie.
Un conflit qui est la pièce maîtresse du show, laissant diffuser ses arômes boisés avant de révéler son véritable caractère. Face à l’absence d’un père, ses enfants de sang et de cœur vont tout tenter pour se montrer digne de son talent, s’affrontant dans une épreuve pour le moins originale. Se partageant entre l’hexagone et le pays du Soleil levant, Les Gouttes de Dieu suit ainsi le parcours de Camille Léger, fille d’une figure du milieu vinicole se retrouvant sur une voie qu’elle ne pensait jamais emprunter en prenant part à un défi orchestré par nul autre que son défunt géniteur. En guise de récompense, son héritage, à savoir la plus grande collection de vins au monde. Pour l’obtenir, rien de plus simple, identifier et décrire toutes les saveurs d’un vin mystérieux. Ce qui ne sera pas une mince affaire pour notre héroïne, qui doit se retourner sur un passé douloureux et faire face à un adversaire dont elle ignorait l’existence. Issei Tomine, élève surdoué de son paternel Alexandre, qui le considérait comme son fils spirituel.
Comme constaté après visionnage de ses deux premiers épisodes, ce cru produit par nos scénaristes se laisse savourer tranquillement, se voulant moins énergique que son modèle mais tout autant pédagogique et créatif – notamment en matière de sensation. Visuellement parlant, le réalisateur Oded Ruskin est un atout de poids, ce dernier faisant de son mieux pour que le spectateur se sente impliqué dans cette quête riche en saveurs, usant de trouvailles visuelles et esthétiques bien pensées pour que l’on ait l’impression de collaborer avec Camille et Issei. Un tandem qui ne manque pas de charme, grâce à la partition de Fleur Geffrier et Tomohisa Yamashita qui, tel le nectar qu’ils analysent, laissent percevoir avec sensibilité leurs nuances en terme de jeu. L’actrice française, aperçue dans dernièrement dans Vise le cœur, et la star d’Alice in Wonderland forment un binôme raffiné et s’en sortent avec les honneurs, sachant palier aux quelques baisses de régime de l’intrigue – en particulier dans le deuxième chapitre de la série, qui s’égare plus que de raison à travers les vignes.
Maintenant que les bases sont posés, le rythme devrait s’accélérer dans les six épisodes restants et il sera intéressant de voir comment l’équipe créative va regrouper tous les fils conducteurs esquissés. Pour cela il faudra attendre sa diffusion sur Apple TV +, dès le 21 avril prochain (pour les personnes qui ne sont pas abonnées à la plateforme, il faudra s’armer de patience, Les Gouttes de Dieu n’arrivant pas sur le service public avant 2024).