Si durant sa première année, la Phase 4 télévisuelle du MCU s’est articulée sur des personnages connus du public, Marvel Studios est passé à un niveau supérieur en nous introduisant à de nouvelles figures, notammet dans le domaine télévisuel. Ainsi, après Moon Knight et Miss Marvel, Kevin Feige a décidé de faire sortir de sa case She-Hulk pour la mettre à l’honneur d’une série supervisée Jessica Gao (Rick & MortySilicon Valley) et portée par Tatiana Maslany – qui campe ainsi Jennifer Walters brillante avocate qui, comme son cousin Bruce Banner va devoir composer avec un alter-ego vert de rage…

Si l’on avait quelque peu perdu le fil quant aux diverses séries du MCU, qui s’enchaînent à vitesse grand V sur la plateforme Disney +, She-Hulk suscitait la curiosité quant au traitement de son personnage central qui, dans l’univers des comics, bénéficie d’une totale liberté de ton – ce qui en fait son atout. Pouvant briser le quatrième mur et se permettre autant d’apartés qu’elle le souhaite, Jennifer Walters n’hésite pas à sortir de sa case pour donner un autre point de vue sur ses aventures. D’une importance capitale, ce sens de la conscience ne pouvait que se retrouver dans cette adaptation à l’écran, de quoi lui donner une certaine originalité dans le paysage télévisuel de Marvel Studios.

Un point essentiel qui n’a pas été oublié par Jessica Chao et son équipe, qui s’en donnent à cœur joie pour faire de She-Hulk une pause récréative où peu de place est laissée à la dramaturgie, un parti pris qui en fait à la fois sa force mais aussi sa faiblesse. Ainsi, que ce soit devant ou derrière l’écran, chacun cherche sa voie, que ce soit Jennifer ou les scénaristes, impliquant un rythme en dents de scie. Si au départ, les deux premiers épisodes se montrent efficaces en terme de narration, ne perdant pas une minute pour mettre notre héroïne en devenir face à sa nouvelle condition, les choses se gâtent quelque peu par la suite. Tout d’abord épaulée par son illustre cousin, Bruce Banner, pour un numéro de duettiste bon enfant, la géante de Jade se retrouve face à elle-même et se doit de trouver un équilibre, désormais chamboulée par ses pouvoirs. Comment concilier vie personnelle et professionnelle lorsque l’on devient un phénomène de foire ? Une question qui se pose tout du long de cette première saison, alors que l’avocate et plus globalement la femme derrière les muscles de She-Hulk se retrouve scrutée de toutes parts.

Attendue au tournant, notre protagoniste sait que ses moindres faux pas feront réagir, à l’instar de l’équipe créative – qui se décide à troller son public, en particulier la gente masculine. De quoi permettre à la série de viser juste quant il s’agit d’anticiper les réactions de cette cible et d’apporter du grain à moudre à leur moulin. D’autant plus lorsqu’une intrigue sur la nocivité de ces misogynes se met progressivement en place avec l’évocation de l’Intelligencia, un groupuscule déterminé à détruire la réputation de Jennifer. Hélas, malgré des graines plantées ci-et-là au détour des neuf épisodes proposés, l’envie de troller les trolls prend le dessus dans un ultime chapitre en forme de digression, annihilant tout le potentiel de ce fil rouge. Cette volonté de se la jouer en mode décontracté porte au final préjudice au show, qui étiole son potentiel en restant dans un cadre restreint, celui de la vanne. Si les atermoiements de Jennifer sur son quotidien et son rôle dans ce monde super-héroïque aident à maintenir l’intérêt – principalement grâce à la partition enjouée de l’excellente Tatiana Maslany, dont le capital sympathie donne son cachet à la série – le manque d’ambition de la part de Jessica Chao et ses collègues concernant la teneur des storylines connexes ternissent le tableau vert dépeint.

Outre d’énormes facilités scénaristiques, notamment dans le domaine du système judiciaire, les affaires abordées étant traitées par dessus la jambe, la farandole de caméos s’orchestrant d’un bout à l’autre de la saison finie par résonner comme un aveu de faiblesse – surtout quand l’humour prédomine. Si l’apparition d’un certain habitant de Hell’s Kitchen prête à sourire, la présence de seconds couteaux tels que Wong ou encore Emil Blomsky n’est pas des plus pertinentes, surtout lorsqu’ils se contentent de n’être que des ressorts comiques. Autre détail pouvant piquer, le côté aléatoire de la réalisation des épisodes, oscillant entre le bon et le mauvais en terme de mise en scène et d’effets spéciaux principalement sur le rendu de nos Hulk(s) et de l’Abomination, qui ne sont pas toujours à leur avantage. À trop se disperser, Marvel Studios éreinte les hommes et femme en charge des effets visuels et cela se remarque de plus en plus que ce soit sur le petit ou le grand écran. Si l’on tente de faire passer la pilule quant à ces défauts en les pointant du doigt en fin de partie, avec un second degré pouvant sonner comme de la nonchalance, il n’en reste pas moins un petit goût amer dans la bouche après avoir visionné cette première saison, qui ne tient pas toutes ses promesses – ne racontant pas grand chose scénaristiquement parlant.

Le potentiel est là mais l’exploitation laisse parfois à désirer. Espérons que le futur soit plus radieux pour She-Hulk, elle le mérite.

Marvel Studios

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