Quatre ans après la dernière tentative en date de 20th Century Studios pour lui redonner un second souffle, la saga Predator revient sur les écrans avec Prey, réalisé par Dan Trachtenberg (10 Cloverfield Lane) avec Amber Midthunder, Dakota Beavers, Dane DiLiegro, Stormee Keep, Michelle Trush ou encore Julian Black Antelope au casting et s’articulant sur l’arrivée d’un Yautja en plein XVIIIe siècle, en territoire comanche…

Mal accueilli par le public et la critique, The Predator de Shane Black avait été synonyme de déception, ne faisant pas d’étincelles au box office en engrangeant seulement 160,5M$ de recettes sur la surface du globe, pour un budget de 88M$. De quoi calmer les ardeurs de 20th Century Studios, qui a mis un frein à toute idée de suite malgré une fin ouverte, ce qui laissait craindre une nouvelle mise au placard de la franchise. C’était sans compter sur la volonté de Dan Trachtenberg de se frotter à ce monument de la science-fiction, qui aura su convaincre les producteurs et les têtes pensantes du studio qu’il y avait de la matière pour poursuivre l’exploration de sa mythologie.

S’amusant avec le concept phare de cet univers initié au milieu des années 80 par les scénaristes Jim et John Thomas – qui auront bénéficié du savoir-faire de John McTiernan pour que leur idée de départ débouche sur un film culte – le cinéaste reprend ainsi la main sur une saga inégale qualitativement parlant, cherchant à l’amener sur un territoire où elle aurait des chances de s’épanouir. Ce qui nous amène à Prey, tentative de retour aux fondamentaux où la rencontre du troisième type s’apparente à une épreuve de force pour le prédateur de même que sa proie. En soit, rien de nouveau sous le soleil au premier abord, le face à face entre Yautjas et humains suivant un mode opératoire classique depuis 1987. Alors comment parvenir à insuffler cette dose de sang neuf qui pourrait relancer la machine et intéresser de nouveau les amateurs de Predator ? Une question qui trouve finalement sa réponse dans le final du second opus, mis en scène par Stephen Hopkins, quand le personnage de Michael Harrigan (Danny Glover) acheva son adversaire venu d’une autre galaxie. En guise de récompense, ce dernier reçu des mains des doyens de l’espèce un pistolet à silex datant du XVIIIe siècle…preuve d’une présence plus accrue que prévue sur cette bonne vieille planète bleue.

Un élément qui sert de base à ce nouvel opus, qui fait office de préquel en s’ancrant en 1719, sur les terres autrefois occupées par le peuple comanche. De cette contextualisation provient ce léger vent frais dont avait besoin la franchise pour élargir ses horizons, le champ des possibles étant désormais immense. Cette exploration de l’Histoire américaine (à quand un Predator en Europe ?) via le prisme de la science-fiction se révèle un bon point dans la mesure où cela instaure des changements de dynamiques, notamment quant à la thématique de la colonisation dans ce cas précis, à une époque où les rapports entre natifs et colons étaient à bâtons rompus. Puisant dans ce sous-texte pour alimenter son récit, Patrick Aison fait de ce cinquième volet un voyage en terre hostile, où la sauvagerie fait rage aussi bien dans la nature que dans le cœur des Hommes, pour une lutte sans merci parmi les vastes étendues des Grandes Plaines, ce qui est en soit un terrain de jeu idéal pour notre Yautja en pleine découverte de la faune et la flore locale.

Si nous resterons loin du niveau du magnum opus qu’est le film de McTiernan, Prey n’en reste pas moins une série B sympathique à suivre, qui rattrape les précédentes errances propres aux volets de Robert Rodriguez et Shane Black en allant droit à l’essentiel sans trop d’artifices. En se concentrant sur une tribu comanche, en phase avec son environnement, le scénario amène plus aisément cette fameuse intrigue de jeu de chat et de la souris vers la direction du survivalisme, la période abordée le permettant plus aisément. Autre intérêt, le parcours de Naru, protagoniste principale, ne demandant qu’à faire ses preuves et montrer sa valeur aux siens, qui offre une autre grille de lecture quant à la notion de jugement – essentielle lors d’une partie de chasse. Au milieu des prédateurs se trouvant sur sa route, qu’ils soient humains ou non, la jeune femme observe, se défend et rend les coups, pour une initiation s’élaborant dans la douleur, ce qui fait d’elle le cœur du long-métrage, une position centrale renforcée par la performance d’Amber Midthunder (repérée dans la série Legion) qui s’en tire avec les honneurs avec ce premier grand rôle.

Si l’on regrette des ellipses quelques peu bancales et certaines facilités, la cohérence s’effaçant sur l’autel du divertissement, fort heureusement, concernant l’action et la violence, Prey tente de se démarquer en se voulant plus démonstratif dans sa bestialité avec des séquences où les démembrements et autres réjouissances peu ragoûtantes sont au programme. Alors que l’on penserait qu’en passant directement par la case Disney +, l’édulcoration serait la norme, le contraire s’est produit, ce qui est appréciable. Par contre, si Dan Trachtenberg profite des décors naturels s’offrant à lui avec une utilisation à bon escient de plans larges, sa mise en scène aurait gagné à avoir plus de lisibilité durant les scènes de combats. Autre bémol, concernant les effets spéciaux. Malgré un véritable costume à l’ancienne pour le ‘Predator’, dont le design divisera selon l’appréciation de chacun, il est dommage qu’en ce qui concerne les images numériques, le résultat ne soit pas à la hauteur, principalement les GCI réalisés sur les animaux (à l’exception du chien, un vrai de vrai, l’autre star de Prey). Ultime remarque, soulignons l’excellente initiative de proposer un doublage en comanche, qui donne une autre dimension à l’ouvrage. Seul soucis, que la piste de sous-titre soit en anglais – ce qui détournera les non-anglophones de cette version.

Pour son second long-métrage, Dan Trachtenberg s’aventure du côté de la franchise Predator, bien déterminé à lui redorer son blason avec Prey, qui se sert de la caution prequel pour revenir en toute simplicité aux bases de sa mythologie. Une tentative se soldant par un survival dans l’Ouest sauvage qui, malgré des défauts, s’avère un minimum divertissant. Après deux opus qui rataient de loin leur cible, le niveau se réhausse doucement et pourrait continuer à prendre de la hauteur avec cette idée d’ancrage temporel – pouvant amener nos Yautjas à n’importe quelle époque. A voir quelle sera la trajectoire suivie dans l’avenir.

© 20th Century Studios

1 commentaire »

  1. Pour ma part, « Prey » est un très bon film d’action, disposant d’une histoire se déroulant dans un contexte original, d’une intrigue familière et d’un développement classique. Le rythme monte progressivement en puissance, le récit est fluide et la narration est linéaire. La photographie est somptueuse, les effets spéciaux sont excellents, la musique est agréable et le montage est cohérent. La distribution offre de très bonnes prestations, dominée par la superbe performance de la jeune Amber Midthunder alors que Dane DiLiegro fait honneur au regretté Kevin Peter Hall dans le costume de l’extraterrestre. Dan Trachtenberg, le réalisateur, gère très bien sa mise en scène, créant lentement, mais sûrement le suspense et la peur. « Prey » est un digne successeur du Predator original et vient clairement relancer une franchise qui avait basculé dans le grotesque…

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