Ancien policier devenu scénariste, Tony Schumacher nous livre sa toute première série, intitulée The Responder, qui comprend Martin Freeman, Adelayo Adedayo, Ian Hart, MyAnna Buring, Kerrie Hayes ou encore Warren […]
Ancien policier devenu scénariste, Tony Schumacher nous livre sa toute première série, intitulée The Responder, qui comprend Martin Freeman, Adelayo Adedayo, Ian Hart, MyAnna Buring, Kerrie Hayes ou encore Warren Brown au casting. Présentée en avant-première lors du festival Séries Mania, celle-ci se centre sur Chris, un agent d’intervention peu conventionnel, moralement corrompu et en pleine crise existentielle…
Puisant dans son expérience personnelle pour nourrir son tout premier projet en tant que showrunner, Tony Schumacher frappe fort, livrant avec The Responder un thriller policier d’excellente facture, offrant au public une virée à tombeau ouvert dans les tréfonds de Liverpool, où la frontière entre les deux côtés de la justice est des plus minces. Sombre et captivante, la série britannique cumule les points forts et vient apporter une nouvelle preuve du talent de Martin Freeman, qui trouve là un rôle complexe qui lui sied à merveille. Un constat que l’on peut dores et déjà effectué au terme de ses deux premiers épisodes (sur six au total), dévoilés à Séries Mania, avant une diffusion prochainement sur Canal +.
Au programme de ce drama, le quotidien d’un agent de police tourmenté, dont les problèmes professionnels et personnels impactent sa stabilité mentale, mettant ainsi en péril cet équilibre ténu lui permettant de survivre dans un environnement des plus instables. Chris Carson est un homme en proie à ses démons, un personnage isolé, se coupant des autres pour mieux se laisser consumer par la noirceur propre à son métier et son passé. Le point de départ de cette plongée âpre et opaque dans un univers où déambulent les âmes en peine. Patrouilleur de nuit, ce flic taciturne navigue en eaux troubles, peinant à rester la tête hors de l’eau le temps de ses interventions, qui l’amènent à côtoyer la misère mais aussi la criminalité. A force de rester dans les ténèbres, il peut être compliqué de ne pas s’y laisser absorber, quitte à y laisser son innocence, son équité. Ce que nous relate avec une froideur clinique Tony Schumacher, qui a exercé ce métier jusqu’à l’overdose, quittant son poste après un burn-out (comme il l’avait révélé au journal The Sun), ce dernier connaissant bien l’envers du décor. Si The Responder est une fiction, le showrunner sait de quoi il parle et cela se ressent à l’écran, dans ce soin porté au réalisme – notamment au niveau des interventions et de la dimension psychologique de l’intrigue générale.
Baignant dans une atmosphère glauque, la série tisse une toile d’où il est difficile de s’extraire, que l’on soit du bon côté ou non de la loi. Entouré de zones d’ombres, notre agent en service est un écorché vif, ne parvenant pas à extérioriser ses angoisses et ses peurs, s’enfermant dans une fragile coquille prête à se fissurer à la moindre occasion. Ces méthodes douteuses et ses accointances avec des personnes peu scrupuleuses, lui ont coûté une rétrogradation, le conduisant à ces services de nuit synonyme de chemin de croix. Constamment dans la zone grise, notre anti-héros se retrouve à prendre une direction des plus malvenue lorsqu’une sombre histoire de trafic de drogue le met malencontreusement sous le feux des projecteurs, obscurcissant davantage un tableau qui n’était pas des plus reluisants. Une storyline prometteuse, gagnant en intensité alors que les ramifications entre dealeurs, consommateurs et camés viennent compliquer les affaires de notre agent. Ajoutez à cela l’arrivée d’une collègue novice à cheval sur le protocole et des problèmes familiaux et vous avez face à vous une poudrière – où la moindre étincelle peut tout faire vaciller et faire définitivement voler en éclats l’existence de Carson.
Outre une écriture soignée et une réalisation léchée, qui met un point d’honneur à privilégier une ambiance poreuse, n’oublions pas la carte maîtresse de The Responder, Martin Freeman, qui excelle dans la peau de cet homme au trente-sixième dessous, au bord de l’implosion. L’acteur en impose par ses jeux de regards et ses silences, venant renforcer la détresse émotionnelle de son alter-ego. Si ses camarades ne sont pas en reste, notre tête d’affiche est clairement à un niveau supérieur, sa prestation emportant l’adhésion.
Belle entrée en matière pour The Responder, qui démarre sur des chapeaux de roues en alliant écriture et réalisation de qualité, nous plongeant dans un univers sombre et réaliste aux côtés d’un Martin Freeman sur le fil du rasoir. Le tout pour un drama policier prenant et oppressant. Tony Schumacher maîtrise son sujet et l’on à hâte de voir où sa série va nous mener– d’autant plus qu’une deuxième saison a déjà été signée par BBC One.