Après un an d’absence, Désenchantée, la dernière série d’animation en date de Matt Groening (le papa des Simpson et Futurama) co-créée avec Josh Weinstein est finalement de retour sur Netflix, pour clore sa seconde saison – ce qui correspond à sa quatrième partie. Alors que la précédente salve se terminait avec la séparation contrainte et forcée entre Bean, Elfo et Luci, chacun se retrouvant dans une situation périlleuse, il est finalement temps de découvrir comment notre trio infernal va se sortir de ce nouveau coup du sort…

Si elle a su progressivement trouver ses marques et affirmer son identité, notamment en prenant un virage plus sérieux lors du lancement de sa seconde saison, force est de constater que Désenchantée commence à ne plus savoir où donner de la tête au terme de cette dernière, la quatrième partie du show partant dans diverses directions sans parvenir à consolider ses acquis. Ce qui donne lieu à une petite rechute au niveau qualitatif, la faute à une narration éclatée qui commence à montrer ses limites – malgré des pistes intéressantes à suivre.

Depuis le départ, la volonté de l’équipe créative de se démarquer des précédentes productions de Matt Groening a été l’occasion de se lancer dans une chevauchée héroïque à la sauce fantasy s’articulant autour d’intrigues continues où la mythologie s’enrichit à travers le développement de fils rouges. Un processus impliquant de savoir dans les grandes lignes vers quelles trajectoires se diriger pour que les pièces du puzzle s’emboîtent de manière fluide et cohérente. Balbutiant quelque peu au démarrage, la série avait réussi à ajuster sa formule en cours de route, où entre jeux de pouvoirs et délires plus ou moins potaches, des informations été révélées au compte-goutte quant à de multiples mystères entourant le royaume de Dreamland ainsi que sa magie, des plus nébuleuses. Beaucoup de questions concernant ces zones d’ombres méritent d’être éclaircies mais nous avons tout de même pu obtenir quelques réponses concernant les manigances autour du trône du roi Zøg et de la place de Bean dans une apocalypse à venir.

Après une troisième partie synonyme d’évolution pour nos personnages principaux, en proie à une crise identitaire, nous sommes cette fois en pleine croisée des chemins. Tandis que nous assistions précédemment à un changement de paradigme au niveau de la gouvernance de Dreamland avec le couronnement d’une Teabeanie devant accepter un rôle dont elle n’a jamais voulu – se devant de remplacer un père en proie à la folie – des ennemis du passé sont venus mettre leur grain de sel dans une mécanique qui commençait à bien se huiler. Entre des ogres bien destinés à semer le chaos et la résurgence d’une Dagmar toujours aussi manipulatrice, les événements ont pris une tournure tragique entre les sacrifices d’Elfo et Luci pour sauver ceux qu’ils aiment et la descente – littérale – aux enfers de Bean, contrainte de suivre sa démoniaque génitrice dans un de ses plans farfelus…Un cliffhanger plein de promesses pour la suite, qui nous accapare ici – après un an d’attente. Que nous ont donc réservé Matt Groening et Josh Weinstein pour cette nouvelle salve de dix épisodes ?

S’ils donnent l’illusion de savoir quel chemin emprunter, la sensation que notre tandem de showrunners et leurs scénaristes commencent tourner en rond se fait doucement ressentir – notamment dans le développement de la mythologie principale, où un ralentissement est à noter. En jonglant avec trop de balles à la fois, ces derniers perdent un temps fou à se reconcentrer sur l’essentiel et à reconnecter entre eux les protagonistes qu’ils se sont évertués à séparer. Perdus entre le ciel, l’enfer, le pays des ogres et un asile, nos cartes maîtresses de Désenchantée doivent tout d’abord s’extirper de leur position inconfortable avant de reformer la dream team improbable que l’on apprécie – ce qui prend pas moins de trois épisodes. Si cela permet de redonner de leur superbe à Elfo et Luci, qui ressortent grandis de leur expérience personnelle – le premier découvrant quelle est sa place dans cet univers avec une révélation attendue quant à ses origines tandis que le second profite de son voyage au paradis pour reprendre du poil de la bête niveau sarcasme et utilité – Bean se retrouve quant à elle lésée, son conflit avec sa mère n’apportant rien de réellement nouveau sous le soleil…jusque la fin de saison. Le véritable gagnant de cette phase transitoire s’avère à la surprise générale Zøg qui, après avoir été mis plus bas que terre, remonte la pente et gagne en sincérité, que ce soit dans ses relations avec ses enfants – plus nombreux qu’on ne le pense – ou avec son peuple.

L’accent n’étant plus mis sur l’introspection de manière générale, l’humour pointe davantage le bout de son nez dans cette quatrième partie avec des situations alambiquées et des running-gags qui font leur preuve. De quoi compenser le manque d’ambition globale de cette session d’épisodes, qui relègue au second plan bien trop d’éléments importants à l’image de la malédiction entourant la lignée royale, passée tout simplement à la trappe. Même constat à l’échelle de l’utilisation des personnages, des pions majeurs comme Oona, Odval ou Alva Gunderson se contentant d’apparitions furtives, avant de mieux revenir dans le futur – Steamland opérant un retour sur le tard, qui a de l’intérêt pour l’avenir. La réelle avancée concerne les fondations de Dreamland, liée aux elfes qui, eux ont le droit à un véritable développement, leur place dans le royaume étant maintenant connue. De quoi préfigurer d’une guerre pour le trône d’ici peu. Les tenants au titre de souverain(e) gonflent leur rang, la concurrence étant rude comme l’annonce le dernier chapitre de cette nouvelle mouture de Désenchantée, voyant Bean tomber de haut après un énième affrontement avec sa génitrice et une adversaire pour le moins intime – qui vient apporter un autre lot de questions sur un tas qui ne cesse de s’épaissir.

Tout ce que l’on espère à ce stade, c’est que la collaboration avec Netflix se poursuive, la plateforme n’ayant pas encore fait part de son intention de poursuivre l’aventure au terme de cette seconde saison, ce qui laisse songeur pour la suite. Matt Groening et Josh Weinstein pourront-ils raconter de A à Z l’histoire de Teabeanie et de ses comparses ? Affaire à suivre…

Petit coup de mou pour Désenchantée qui, après avoir accéléré la cadence, opère une phase de transition avec sa quatrième partie, qui est de ce fait moins efficace. Avec un style désormais affirmé, la série reste bien entendu toujours plaisante à suivre mais on reste quelque peu sur notre faim niveau développement – en-deçà de la partie précédente en se trouvant à la croisée des chemins.

© Netflix

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