Deux ans après Vice, le réalisateur Adam McKay effectue son retour derrière la caméra avec Don’t Look Up : Déni Cosmique, nouvelle satire qui rassemble un casting quatre étoiles comprenant Leonardo DiCaprio, […]
Deux ans après Vice, le réalisateur Adam McKay effectue son retour derrière la caméra avec Don’t Look Up : Déni Cosmique, nouvelle satire qui rassemble un casting quatre étoiles comprenant Leonardo DiCaprio, Jennifer Lawrence, Meryl Streep, Jonah Hill, Cate Blanchett, Timothée Chalamet, Himesh Patel, Ron Perlman, Mark Rylance ou encore Ariana Grande ainsi que notre frenchy Tomer Sisley. Au programme du long-métrage, développé pour Netflix, la découverte par deux astronomes d’une comète se dirigeant droit vers la Terre…
Depuis son virage vers un registre plus caustique, qui s’est opéré avec The Big Short, Adam McKay s’amuse à dézinguer la sphère politique ainsi que le système capitaliste dans lequel nous baignons tous, ou corruption et désinformation règnent en maître sous l’autel du bien commun. Deux bêtes noires qui se retrouvent une fois de plus sous le feu nourri du réalisateur qui, avec Don’t Look Up, s’affaire à nous montrer l’irresponsabilité de ces décideurs et de leurs petites mains, qui s’échinent à entraîner le plus de monde possible droit dans le mur. Ce qui donne lieu à une farce au vitriol qui tape sur un maximum de cibles sans se soucier de la précision des coups, ni de l’efficacité du combat à la longue – impliquant de nombreuses baisses de rythme ayant pour conséquences d’atténuer la force du propos abordé.
Tandis que la réalité à tendance à devenir elle-même une parodie digne d’Idiocracy, ce que le réchauffement climatique puis la pandémie de COVID-19 a permis de mettre au jour, que ce soit dans la rue, sur les plateaux de télévision ou dans les plus hautes sphères de l’Etat, Adam McKay en rajoute une couche par le biais d’un récit d’anticipation au cruel constat. Peu importe les menaces mettant en péril cette chère planète bleue, le plus grand des dangers reste l’espèce humaine – prompt à jouer à la roulette russe pour favoriser le profit du plus petit nombre au détriment de toute logique, de tout discernement. Sous couvert d’un humour salé, le réalisateur, qui officie également à l’écriture, n’y va pas par quatre chemins pour dénoncer l’évidence : avec les dirigeants qui sont les nôtres, difficile d’entrevoir de l’espoir quant à l’avenir – aussi sombre soit-il.
Pour faire passer la pilule, Don’t Look Up prend le parti de la raillerie, destiné à pointer du doigt l’incurie des gouvernants, l’ingérence des puissants sans oublier la vacuité de la sphère médiatique, le tout pour un simulacre de David contre Goliath. Une lutte déloyale, qui se traduit par l’ubuesque odyssée de deux astronomes, la doctorante Kate Diabisky et son tuteur le docteur Randall Mindy, qui tentent d’alerter les autorités compétentes qu’une comète se dirige droit vers la Terre. Avec une apocalypse en prévision, notre tandem de scientifiques pensait que des décisions seront prises pour palier au pire. Mais que nenni. A leur grand effarement, ils vont rapidement comprendre que face à des enjeux politiques et financiers, leur parole n’a pas de valeur. Alors que faire quand ni la Présidente des États-Unis, ni le moindre journaliste ne prend au sérieux ce danger venant du ciel ? Une question que vont être amenés à se poser nos personnages, au fur et à mesure qu’ils mettent les pieds dans un système dont ils ne maîtrisent pas les codes. De quoi permettre une première partie efficace, où Leonardo DiCaprio et Jennifer Lawrence s’époumonnent à cœur joie dans leur combat contre des moulins à vent. Face à eux, tout le beau monde que l’on croise prend un malin plaisir à jouer cette belle brochette d’incapables et de parvenus – avec une mention spéciale pour le tandem Meryl Streep/Jonah Hill.
En employant les gros moyens niveau casting, Adam McKay se pare d’une force de frappe puissante, cette distribution de premier ordre aidant à la qualité intrinsèque du film D’ailleurs sans la présence de ces cadors, il aurait été sûrement plus compliqué de rester totalement accaparé par le spectacle apocalyptique se déroulant devant nos yeux. Une fois passé l’exercice de la démonstration, Adam McKay patine quelque peu en étirant plus que de raison son intrigue et perd le fil – tout comme ses personnages. Les errances de chacun amènent à de sérieux trous d’air en seconde partie de métrage où, face à des décisions ubuesque, l’humanité se voit condamnée à sa perte. Si le processus de manipulation de l’opinion, avec l’entrée sur la piste d’un milliardaire avide de billets verts (Mark Rylance, impeccable en mix improbable d’Elon Musk/Jeff Bezos) permet de redonner un peu de fouet à ce mic-mac – en soulignant l’effet destructeur du capitalisme – il est dommage que cette dénonciation manque de mordant, le scénario s’essouflant sérieusement. Heureusement, pour son ultime coup, le réalisateur vise juste en choisissant un angle pessimiste empli d’amertume, confirmant que la bêtise humaine est la plus destructrice des armes. Tout un symbole à une époque où l’on peut littéralement voir les effets de la désinformation, des mensonges d’état et des petits arrangements entre amis (fortunés de préférence). Entre fiction et réalité, la frontière s’amincit, ce qui est le véritable drame.
Avec Don’t Look Up, Adam McKay monte sur le ring et délivre une série de coups droits à destinationdes grands de ce monde, les fustigeant par le biais d’une satirebien sentie, qui nous alerte sur la dangerosité de ceux qui nous gouvernent et du capitalisme, deux fléaux aussi néfaste que n’importe quelle catastrophe naturelle.Si, malgré un casting de haut vol, la fable caustique s’essouffle sérieusement à cause d’un scénario qui s’éternise et frappé dans le vide, il n’empêche que ce film d’anticipation a tout de même quelques atouts dans sa poché. Il est juste dommage que la démonstration soit si longue, venant ternir la force des messages délivrés.
1 commentaire »