Trois ans après avoir fait un massacre dans les salles obscures, devenant ainsi l’opus le plus rentable de la franchise avec 255,6M$ de recettes mondiales (pour un budget s’élevant à 10M$), le reboot […]
Trois ans après avoir fait un massacre dans les salles obscures, devenant ainsi l’opus le plus rentable de la franchise avec 255,6M$ de recettes mondiales (pour un budget s’élevant à 10M$), le reboot d’Halloween initié par Blumhouse se pare d’une suite – premier volet d’un diptyque. Intitulée Halloween Kills, celle-ci comprend au casting Jamie Lee Curtis, Judy Greer, Andi Matichak, Will Patton ou encore Anthony Michael Hall et reprend là où l’on s’était arrêté, avec une Laurie Strode pensant être venue à bout de Michael Myers après l’avoir laissé se faire dévorer par les flammes…
En ressortant de son cercueil l’un des croquemitaines les plus iconiques du septième art, Jason Blum avait de la suite dans les idées, son ambition étant de redonner un coup de fouet à une franchise arrivée maintes fois à bout de souffle. Aux côtés de David Gordon Green, le producteur a fait table rase du passé en gommant tout ce qui s’était fait après le film original de John Carpenter, histoire de proposer une direction nouvelle aux exactions de Michael Myers. Mais difficile de rayer de la carte une partie de l’héritage d’Halloween, la tentation se vouloir puiser dans ce matériel désormais considéré comme obsolète étant forte…
Ce que l’on constate dans Halloween Kills, qui oscille entre volonté d’insuffler du sang neuf et l’envie de rendre hommage à l’œuvre de Carpenter, piochant à droite et à gauche des idées déjà développées précédemment, le tout pour un long-métrage qui se cherche et au final fait beaucoup de bruit pour rien. Episode de transition oblige, ce volet se retrouve le ‘postérieur’ entre deux chaises pour le dire avec tact, se devant de raccrocher les wagons avec son prédécesseur tout en préparant le terrain pour le futur. N’ayant pas grand chose à dire, David Gordon Green et ses co-scénaristes Danny McBride et Scott Teems tentent de donner le change en laissant parler la violence, mettant les bouchées doubles pour proposer au public un carnage en règle à la sauce Michael Myers. De ce fait, alors que l’on pensait que Laurie Strode avait finalement réussi terrasser son nemesis, en le faisant rôtir en enfer avec l’aide de sa fille et de sa petite-fille, le destin en a décidé autrement, notre boogeyman trompant une fois de plus la mort, pour mieux la répandre autour de lui.
En se voulant dans la continuité directe de la nuit des masques de 2018, cette suite se prive de certains de ses atouts pour mieux se concentrer sur des sous-intrigues plus ou moins exécutées maladroitement. A la manière d’un Halloween II, l’intrigue met de côté Laurie Strode – maillon ô combien essentiel de la saga – cette dernière passant le plus clair de son temps clouée dans son lit d’hôpital. Heureusement la sororité Strode est bien représentée à l’écran avec les deux générations successives mais il est dommage de voir nos héroïnes servir de faire-valoir durant trop longtemps avant de passer l’action, la faute à un scénario préférant se diriger vers une réflexion sur le mal, riche en symbolisme mais pauvre intellectuellement parlant – un défaut dû en grande partie à une écriture maladroite. Face à une ville traumatisée par le spectre de Michael Myers, ce que de nombreux flash-backs viennent lourdement appuyé, la résurgence du bourreau dans les rues d’Haddonfield réveille les peurs des uns et des autres, amenant à l’émergence d’un esprit de vengeance.
Multipliant les emprunts à l’historique de la franchise sans réelle originalité, ressortant par exemple la carte Tommy Doyle – déjà exploitée plus d’une fois – afin de témoigner de la puissance destructrice de Michael aussi bien physiquement que psychologiquement, Halloween Kills s’évertue à mettre l’impassible tueur face à ses victimes, pour un règlement de compte pour le moins sanglant. Si l’intention de dénoncer les dérives d’une justice expéditive est louable, avec en plus l’idée que les monstres génèrent d’autres monstres, le traitement de cette thématique est on ne peut plus caricaturale – ce qui vient annihiler son potentiel. Clichés ambulants, la plupart des nouveaux personnages introduits dans cet opus ne servent à rien, à part à déblatérer ad nauseum que “le mal meurt ce soir” et prendre des décisions stupides. Seul point positif à l’apparition de cette galerie de bras cassés, ceux-ci servent de chair à canon pour notre boogeyman qui, malgré ses blessures est dans une forme olympique. C’est donc avec un certain plaisir sadique que nous voyons les cadavres s’enchaîner à un rythme soutenu et avec sauvagerie, avec un Michael Myers dont la brutalité rappelle celle de la version de Rob Zombie.
D’ailleurs David Gordon Green semble lui aussi plus intéressé à mettre en scène les meurtres perpétrés de manière barbare par notre créature de la nuit, qu’à s’appliquer à l’écriture, avec des séquences plutôt tape à l’œil à la clé – venant souligner de la nature démoniaque de notre amateur de couteaux et autre objets contondants. Ce qui est sûr, c’est que les explications avancées quant à la nature réelle de Michael et la portée de son aura divisera sans nul doute les spectateurs – comme cela l’avait été dans le passé lorsque le surnaturel s’était invité dans la saga. Il n’y a plus qu’à patienter jusqu’à la sortie de Halloween Ends pour voir sur quel terrain veut nous emmener l’équipe créative.
Avec Halloween Kills, David Gordon Green est pris au piège d’un épisode transitoire ayant trop peu à raconter, essayant tant bien que mal de doubler la mise niveau violence pour combler les carences d’une intrigue mal ficelée. Si par moments il y a dû potentiel, celui-ci est malheureusement sous-exploité à cause d’une écriture faiblarde. Attendons désormais le prochain opus, histoire de voir ce qu’il adviendra de ce cher Michael Myers et de sa plus proche ennemie Laurie Strode.