[Critique] Un Prince à New York 2, un trône pour deux
Trente-trois ans après le long métrage de John Landis, qui scella son statut de star, Eddie Murphy fait revivre l’univers d’Un Prince à New York à travers une suite réunissant […]
Pour ceux qui se font des films en séries
Trente-trois ans après le long métrage de John Landis, qui scella son statut de star, Eddie Murphy fait revivre l’univers d’Un Prince à New York à travers une suite réunissant […]
Trente-trois ans après le long métrage de John Landis, qui scella son statut de star, Eddie Murphy fait revivre l’univers d’Un Prince à New York à travers une suite réunissant au casting Arsenio Hall, Shari Adley, Jermaine Fowler, Kiki Layne, Vanessa Bell Calloway, Leslie Jones, Tracy Morgan, Wesley Snipes, John Amos ou encore James Earl Jones. Réalisé par Craig Brewer, ce second volet nous ramène au Zamunda où le prince Akeem s’apprête à devenir le souverain du pays…
Comme nous avons déjà pu le constater par le passé, les suites tardives à des films populaires font rarement l’unanimité et sont la plupart du temps – malheureusement – synonymes de déception. Dans le cas d’Un Prince à New York 2, Craig Brewer et l’équipe créative sont pleinement conscients qu’ils n’arriveront pas à faire mieux que le premier volet, un point littéralement énoncé dans un dialogue sur l’état du cinéma hollywoodien actuel. Sans autre ambition que de réunir la majorité du casting original afin de passer de nouveau du temps avec eux, cette suite contentera probablement les amateurs du film de John Landis tandis que les autres passeront rapidement leur chemin.
Le principal attrait du long-métrage réside ainsi dans cette familiarité propre aux retrouvailles entre Eddie Murphy, Arsenio Hall, Shari Adley ou encore James Earl Jones, qui semblent prendre du plaisir à rejouer ensemble, surtout le tandem principal. En effet, Murphy et Hall, en plus de reprendre les rôles d’Akeem et de Semmi, prêtent de nouveau leur trait à toute une galerie de personnages déjà aperçu dans le premier opus, leur donnant l’occasion de se grimer et de faire le show, même si la présence de certains alter-egos est plus que dispensable mais qu’importe, notons cet effort de faire le plus de rappels possible à l’œuvre originale, jouant la fameuse carte de la nostalgie, ce qui aide à élever le niveau, qui est plutôt faible en ce qui concerne le scénario.
Celui-ci, co-écrit par Kenua Barris, Barry W. Blaustein et David Sheffield, tente tant bien que mal de trouver un prétexte amenant à un voyage retour en Amérique et celui du fils caché semble tiré par les cheveux par rapport à la trame de son prédécesseur mais soit, à l’aide d’un flash-back le tour est joué et Akeem se découvre un héritier, ce qui est une aubaine pour lui puisque selon la tradition seul un mâle peut régner sur le trône zamundais. Une idée convenue, qui permet dans ce cas précis d’inverser le choc des cultures et d’appréhender la question du progressisme, avec une conclusion attendue dès le départ et qui peine à prendre corps. Notre prince devenu roi n’ayant eu que des filles, ce dernier décide en effet de ramener cet enfant illégitime au pays pour l’introniser et le présenter à sa famille, une décision prise alors que les relations diplomatiques du Zamunda avec le Voiziland ne sont pas au beau fixe et qu’un possible mariage arrangé pourrait assainir les relations entre les deux contrées.
Alors qu’il y aurait pu avoir de la matière pour une vraie réflexion sur le conservatisme et l’héritage, Un Prince à New York 2 préfère se concentrer sur l’effet miroir de son modèle et ainsi, nous suivons avant tout l’arrivée de Lavelle, le fils prodigue, et de sa famille – sa mère et son oncle principalement – dans ce dépaysement offert par le Zamunda, où les us et coutumes sont aux antipodes de ceux du Queens. Si les interrogations de notre prince en devenir sur sa destinée font redites avec la trajectoire d’Akeem, sa découverte des convenances de son futur royaume prête quelques fois à sourire, même si la subtilité n’est pas au rendez-vous, ce que l’on constate davantage lorsqu’un lion usé flatule en pleine cambrousse ou encore quand Mary et l’oncle Reem, les proches de Lavelle, sont sur le devant de la scène, le surjeu de Leslie Jones et Tracy Morgan n’aidant pas à nous attacher à ces nouveaux protagonistes, qui parasitent littéralement cette suite, éclipsant bien trop souvent des protagonistes clés comme Lise (Shari Adley), Meeka (Kiki Layne) et Omma (Bella Murphy).
Ratant le coche sur l’angle choisi, cette suite possède tout de même des moments qui prêtent à sourire mais généralement ceux-ci proviennent de ses souvenirs du passé et de l’abattage d’Eddie Murphy et Arsenio Hall, accompagnés d’un Wesley Snipes s’éclatant dans un second rôle qui n’est pas irritant à suivre, le général Izzi. Si la dernière partie du film, lorsque Akeem et Lavelle sont à la croisée des chemins, nous amenant à une énième aller-retour à New York, que l’on aperçoit un potentiel qui ne demandait qu’à être réellement exploité. Reste une réalisation classique mais soigné de la part de Craig Brewer avec une plongée réjouissante dans la culture afro-américaine (et Zamundaise bien entendu) avec décors grandioses et costumes resplendissants.
S’il avait réussi à faire revenir Eddie Murphy devant la lumière des projecteurs avec Dolemite Is My Name, Craig Brewer échoue cette fois-ci à donner un écrin convenable au comédien malgré ce voyage en terre connu, reposant sur la nostalgie du film de John Landis pour remporter l’adhésion du public. Ainsi, malgré sa conscience de ne pas pouvoir rivaliser avec son prédécesseur, Un Prince à New York 2 reste une semi-déception, se contentant de peu pour exister alors que le potentiel était présent, le scénario se reposant sur ses lauriers et préférant être poussif plutôt qu’innovant. Dommage.