Cinq ans après La 5ème Vague, le réalisateur J Blakeson fait son retour derrière la caméra avec I Care A Lot, comprenant au casting Rosamund Pike, Peter Dinklage, Eiza González, Dianne Wiest, Chris Messina et nous faisant suivre une tutrice réputée, spécialisée auprès d’individus âgés et riches, qui prend un malin plaisir à escroquer les clients âgés placés sous sa garde…

Avec I Care A Lot, J Blakeson nous livre une comédie noire dénonçant la perversité d’un système envers ses aînés, pour un film irrévérencieux qui ne manque pas d’idées et s’amuse de son ambivalence pour mieux devenir grinçant, malaisant.

Auteur du scénario, Blakeson s’évertue à nager en eaux troubles, nous introduisant à un univers impitoyable où l’égoïsme et le profit règnent en maître, sous l’autel du capitalisme et de l’ambition. Une société où l’humain n’est qu’une variable, une ressource que l’on peut exploiter à sa guise. Premières victimes de cette pensée consumériste, les personnes âgées, devenus de véritables appâts pour les rentiers aux dents longues. Alors que ces derniers ont cotisé toute leur vie dans l’espoir de jouir d’une retraite paisible, à l’abri du besoin, il arrive que certains d’entre eux n’aient pas le temps d’en profiter, se retrouvant placés dans des établissements d’hébergement spécialisés, de gré ou de force. Une condition qui est au cœur des enjeux de I Care A Lot, qui montre les rouages d’un business bien juteux.

Sur un ton acerbe, le long-métrage met le doigt sur les malversations tournant autour de nos aïeuls, qui deviennent des vaches à laits servant à engraisser des gens peu scrupuleux. Cette critique d’un modèle économique se gargarisant du porte-monnaie de leurs proies du troisième âge se traduit à travers le parcours de Marla Grayson, une tutrice spécialisée prenant sous son aile des personnes ne pouvant plus être dépendants. Un ange soit disant gardien qui se révèle être une diablesse derrière son sourire carnassier, profitant de l’argent de ses protégés pour mieux les spolier et s’enrichir sur leur dos. Une manœuvre purement révoltante d’autant plus que celle-ci est légale. La perfidie de ce système est mise en lumière par le biais d’un jeu cruel où la course aux billets vertes prévaut sur toute notion humaniste.

Caustique, I Care A Lot veut bousculer le spectateur en forçant le trait sur l’absence de moralité régentant ce monde ici dépeint. Un choix qui fait son effet car les agissements malhonnêtes de Marla et de tous les acteurs de cette combine font réagir, provoquent la colère. De cette atmosphère délétère établie, le long-métrage en tire sa force d’autant plus lorsque nous bifurquons vers un règlement de comptes où tous les coups sont permis. En effet, quand notre femme vénéneuse croit flairer le pigeon idéal, une femme âgée qui se révèle être affiliée à la mafia. Avec un fils prêt à en découdre pour faire sortir sa mère de la maison de retraite dans lequel elle est enfermée malgré elle, s’engage un conflit qui prend progressivement de l’ampleur. Une vengeance karmique avec du potentiel sauf qu’à trop étirer son récit, J Blakeson fait perdre de son mordant à ce duel explosif entre nos principaux protagonistes, avec une dernière demi-heure se rapprochant du thriller et se perdant dans des chemins de traverses plus convenus, moins convaincants.

Si le scénario ne tient pas ses promesses sur la longueur, heureusement cela est contrebalancé par une réalisation clinquante avec effets de style et photographie criarde, ce qui sert le propos du film, renforçant cet aspect cyniquement mercantile ici décrié, où la vanité prend le pas sur l’humanité, sans aucune nuance. Mais ce qui retient avant tout l’attention est la prestation de Rosamund Pike, l’atout numéro un de I Care A Lot. Si Eiza González et Peter Dinklage s’en sortent bien, ils se font éclipsés par l’actrice, qui prend décidément un malin plaisir à camper des personnages immoraux. Avec panache, c dernière sait se montrer froide, calculatrice et impitoyable, électrisant l’écran dans la peau de Marla Grayson.

© Seacia Pavao/Netflix

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