Cette année aura été particulièrement compliqué pour tout le monde face à la pandémie de coronavirus et l’industrie cinématographique n’a pas été en reste avec tournages interrompus et salles de cinéma fermées durant plusieurs mois. Une période de crise qui a commencé à modifier le modèle économique établi, certaines majors n’hésitant plus à proposer leur films directement sur leur propre plateforme – on pense notamment à Disney qui a préféré ajouter Artemis Fowl, Mulan et Soul au catalogue Dinsey + plutôt que de risquer de perdre beaucoup d’argent en les projetant sur grand écran – et d’autres revendant les droits de leurs longs-métrages à Netflix ou Amazon Prime Video – en France cela a été le cas pour Forte et Brutus vs. César notamment.

Si chez nous, nos studios et distributeurs ont su tirer leur épingle du jeu en conservant leur line-up, qu’ils soient des acteurs majeurs ou indépendants dans le milieu, un choix qui commençait à porter ses fruits avant le second confinement – le public étant petit à petit au rendez-vous – sur le sol américain la situation a été plus complexe. Si vous suivez l’analyse du box office, vous avez dû constater qu’aux Etats-Unis, la reprise n’a jamais vraiment eu lieu malgré un léger sursaut fin-Août avec la sortie de Tenet par Warner Bros, qui totalise à ce jour 57,4M$ de recettes (357,8M$ dans le monde). Un ‘faible’ score pour un blockbuster de cette envergure, qui a poussé la compagnie a envisagé une nouvelle stratégie. Une stratégie sans précédent qui va bouleverser le paysage cinématographique.

Avec une crise sanitaire qui est bien installée et malgré de futurs vaccins qui pourraient bientôt changer la donne, le flou règne sur 2021 et l’horizon n’est toujours pas dégagé. Après les résultats catastrophiques de 2020 avec à la clé son lot de reports, de sorties sur plateformes et en VOD, il est vrai que l’industrie du septième art fait grise mine. D’autant plus que outre-Atlantique, les salles de cinéma referment là où les nôtres vont bientôt rouvrir, de quoi inquiéter tout le monde. Que faire dans une position où selon les territoires il ne sera pas possible d’exploiter correctement les longs-métrages qui s’apprêtent à sortir ? Une question auquel vient de répondre Warner Bros. en explosant purement et simplement la chronologie des médias. Si Universal Pictures a récemment convenu de réduire l’attente entre sortie en salle et sortie en vidéo à la demande, sa concurrente va plus loin dans sa démarche et vient d’acter un fonctionnement inédit.

Il y a quelques jours, nous avons appris que Wonder Woman 1984 de Patty Jenkins allait sortir le 25 Décembre à la fois dans les salles obscures et sur la plateforme HBO Max sur le sol américain. Un choix que l’on pensait être une exception en ces temps troublés mais qui confirme aujourd’hui la trajectoire que veut prendre la Warner. En effet, via un communiqué officiel, la major d’Hollywood vient d’acter sa manœuvre pour 2021, qui consiste à sortir l’intégralité de ses longs-métrages selon le modèle inauguré par la suite de Woman Woman. Ainsi, les dix-sept titres de la line-up du studio arriveront sur HBO Max dès leur sortie au cinéma et ce pour une période de trente-et-un jours (sans surcoût – l’abonnement est de 14$99 par mois). Une révolution qui va sans nul doute modifier en profondeur l’économie actuelle. Les spectateurs iront-ils d’abord découvrir les films sur grand écran avant de le revoir tranquillement à la maison ou l’inverse ? Où alors préfèreront-ils les regarder sur la plateforme sans avoir à bouger de chez eux ? La donne va changer.

L’impact de cette décision va pouvoir être analyser sans trop attendre puisque nous verrons si les chiffres du box office repartent à la hausse ou si au contraire la fréquentation continue de s’effondrer. Si tel est le cas, que va t-il advenir des salles de cinéma dans un futur plus ou moins proche ? Quoiqu’il en soit pour le moment, ces interrogation n’est pas à l’ordre du jour puisque mode de fonctionnement ne concerne que l’année 2021, comme l’a indiqué Ann Sarnoff, la PDG de WarnerMedia Studios and Networks Group lors de l’annonce de cette stratégie :

« Personne ne veut voir les films de retour sur grand écran plus que nous. Nous savons qu’ils sont le poumon de l’exploitation cinématographique mais nous devons prendre en considération la réalité, qui est que la plupart des salles opéreront très certainement en capacité réduite durant cette année 2021. Avec ce plan d’une durée unique – d’un an – nous pouvons soutenir nos partenaires de la distribution avec une proposition constante de longs-métrages de premier ordre mais également donner aux spectateurs ne pouvant pas accéder – ou qui ne sont pas encore prêt à y remettre les pieds – la chance de découvrir nos nouveautés. Nous voyons ce choix comme gagnant-gagnant à la fois pour les cinéphiles et les exploitants et nous sommes extrêmement reconnaissants envers nos partenaires de l’industrie, qui travaillent de concert avec nous sur cette réponse innovante à ces circonstances inédites. »

Concernant la France (et l’international), cette décision ne change pas grand chose à première vue puisque HBO Max n’est disponible que sur le territoire américain et comme pour Tenet cet été, la diffusion en salles est la priorité – à condition que celles-ci ne referment pas dans le courant de l’année. Si un jour la plateforme venait à débarquer chez nous, là ce serait plus compliqué à l’image des cas Mulan et Soul, qui étaient des blockbusters pouvant faire grimper la fréquentation et qui ont été enlevés aux exploitants sans aucune chance de projection. Mais à priori Warner Bros. n’est pas Disney puisqu’au pire nous aurions tout de même la possibilité d’aller voir leurs films sur grand écran. Le problème qui va par contre se poser est la mise en ligne des films sur internet car ceux-ci seront disponibles sur HBO Max au format 4k et donc on pourra facilement les trouver les regarder hors-US.

Ainsi, l’analyse du box office va être d’une grande importance en 2021, afin de constater si les dix-sept nouveautés de la Warner. réussissent à avoir une carrière lucrative ou non. D’autant plus qu’il y a des productions très attendues qui pourraient relancer la machine (Matrix 4, Godzilla vs. Kong, The Suicide Squad, Dune, Conjuring 3 : Sous L’Emprise Du Diable…) et d’autres qui pourraient créer la surprise (Tom & Jerry, In The Heights, Space Jam : Nouvelle Ère, Mortal Combat…).

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