Sept ans après Tango Libre, le réalisateur Frédéric Fonteyne est de retour derrière la caméra, aux côtés de la comédienne et scénariste Anne Paulicevich. Ensemble ils co-réalisent Fille De Joie, un drame comprenant au casting Sara Forestier, Noémie Lvovsky, Annabelle Lengronne, Nicolas Cazalé, Sergi López et dressant le portrait de trois femmes partageant un secret, celui de mener une double vie…

Avec Filles De Joie, Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich dépeignent le quotidien moribond de femmes se battant fassent à l’adversité, pour une plongée malsaine dans le monde de la prostitution.

Le scénario du long-métrage, écrit par Anne Paulicevich, se veut un portrait sans fards de cet univers si sombre mais réel pour un résultat cru et déstabilisant, soit le but premier de sa démarche. Ainsi, à travers le parcours de Axelle, Dominique et Conso, traversant chaque jour la frontière franco-belge pour aller travailler en maison close, Filles De Joie expose les difficultés de ce que l’on surnomme le plus vieux métier du monde tout en mettant en avant le lien qui unit notre trio principal, une amitié salvatrice dans ce cadre sordide.

Présenté sous la forme de chronique, s’intéressant tour à tour à chacune de nos protagonistes pour mieux expliciter l’enjeu final, le film oscille entre drame et thriller le tout sur un ton engagé. Si du point de vue social, nous avions peur d’un misérabilisme omniprésent, celui-ci reste en bordure et le pathos est vite oublié pour se concentrer sur le combat de ces femmes courages, qui sont traitées ici comme des figures héroïques, ce qui est aussi bien souligné par leur nom de scène, à savoir Athéna, Circé, Héra que par leurs actions, visant à se protéger, elles et leurs proches.

FillesDeJoie
© Versus production – Les Films du Poisson

Cet esprit de solidarité dépareille dans ce terne tableau qui nous est montré, avec un manque flagrant de nuances, l’intrigue se voulant trop manichéenne par rapport à la figure masculine mais ce point dérangeant est compréhensible, du fait de la démarche de Fonteyne et Paulicevich, qui est de créer le malaise, ce qui est pour le coup réussi. Au final, de ce sinistre univers, nous retenons cet esprit de camaraderie et d’abnégation, surlignant le message féministe au coeur de Fille De Joie, ce qui en fait sa force, à l’image des scènes de groupe situées dans la maison close, représentant parfaitement l’essence du long-métrage avec ce contraste avec ces moments enjoués se déroulant au sein de ce triste bordel où tout n’est qu’artifice pour mieux satisfaire les fantasmes de la gente masculine.

Au niveau de la distribution, Sara Forestier, Noémie Lvovsky et Annabelle Lengronne s’en sortent avec les honneurs, portant le film sur leurs épaules et réussissant à rester crédibles dans les bons comme dans les pires moments, parvenant à incarner des personnages dignes dans toutes les situations, même les plus glauques. Chacune des actrices donne de sa personne et cela ajoute une plus-value à l’ensemble, le spectateur compatissant aux épreuves subies par Axelle, Dominique et Conso. Quant à la réalisation, la mise en scène naturaliste de Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich, proche du documentaire, créée une atmosphère particulièrement froide, sans émotions (ce qui est rattrapé par la direction d’acteurs), un choix qui est discutable, n’aidant pas à adhérer tout de suite à l’oeuvre présentée.

Avec Filles De Joie, Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich signent un film féministe et engagé, nous plongeant dans l’univers des travailleuses du sexe pour mieux mettre en avant la solidarité et l’entraide de ces femmes au quotidien difficile. Particulièrement cru et glauque, le long-métrage met mal à l’aise, un effet recherché, sauf que son manque de subtilité lui fait malheureusement défaut pour pleinement convaincre, malgré des points pertinents et des comédiennes investies. 

© © Versus production – Les Films du Poisson

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