Deux ans après La Villa, Robert Guédiguian est de retour à la réalisation avec Gloria Mundi, qui comprend au casting Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Anaïs Demoustier, Robinson Stévenin, […]
Deux ans après La Villa, Robert Guédiguian est de retour à la réalisation avec Gloria Mundi, qui comprend au casting Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Anaïs Demoustier, Robinson Stévenin, Lola Neymark et Grégoire Leprince-Ringuet. Présenté en avant-première lors de la vingtième édition de l’Arras Film Festival, le long-métrage se centre sur le retour d’un homme au sein de sa famille, désormais recomposée, suite à son incarcération il y a de longues années.
Avec Gloria Mundi, Robert Guédiguian se montre alarmiste et fataliste en pointant du doigt la décomposition de la société, symbolisée par l’éclatement de la cellule familiale.
Du prologue poétique dépeignant le miracle de la naissance, le scénario du long-métrage, que le réalisateur a co-écrit avec Serge Valletti, nous plonge dans un drame pessimiste, enfonçant progressivement ses personnages dans un inexorable engrenage.
La venue au monde de la jeune Gloria est le point névralgique de l’intrigue, qui s’affère à nous montrer le fossé qui se creuse entre les différents protagonistes et par la même occasion celui qui s’étend entre les classes sociales.
Par le biais de Daniel, pour qui sonne l’heure de la libération, nous sommes introduits à ce qui fût autrefois sa famille, désormais recomposée. Celle qui fût sa compagne et sa fille ont refait leur vie et le temps perdu doit être rattrapé malgré le poids des années et la tension inhérente à cet abandon forcé. Le personnage incarné par Gérard Meylan, d’un calme olympien, ponctue son parcours vers la réinsertion d’une touche de sensibilité avec la lecture de ses haïkus, qui offrent de douces parenthèses au milieu de l’agitation environnante.
Si le misérabilisme n’est pas loin, c’est avant tout un constat amer de notre époque qui nous est dressé avec Gloria Mundi. Chaque membre de ce cercle intime se voit touché par la dure réalité de la vie et personne n’est épargné par les soucis du quotidien. Entre les parents, s’épuisant littéralement pour le bien de tous, aux enfants qui eux brillent par leur individualisme, on nous expose les disparités entre deux générations, deux époques complètement opposées.
Robert Guédiguian et son co-scénariste exploitent avec un certain cynisme les failles qui habitent chacun pour mieux appuyer sur la désillusion ambiante, présente en filigrane dans les pores de notre civilisation. Les liens du sang, les relations de couples, le monde du travail, tout finit par être perverti jusqu’à mener à des points de non-retour. Ce point précis est très bien représenté par le tableau qui est fait du milieu populaire dans lequel évolue tout ce beau monde. Entre précarisation et ubérisation, la solidarité s’efface au profit de l’égocentrisme.
La distribution, composée des habitués du cinéaste, amplifie ce marasme ambiant avec leur prestation, à commencer par Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, qui impressionnent par leur jeu tout en subtilité et dignité. Pour contre-balancer cette pudeur, le quatuor composé d’Anaïs Demoustier, Robinson Stévenin, Lola Neymark et Grégoire Leprince-Ringuet propose une partition collégiale qui varie entre désinvolture et exagération, renforçant les défauts de leur pendant à l’écran.
Même dans la réalisation, cette dégradation est présente de part la peinture de Marseille, l’emblème de sa filmographie, qui malgré le soleil se montre froide entre quartiers populaires qui s’effritent et présence militaire.
Avec Gloria Mundi, Robert Guédiguian porte un regard désabusé sur notre société qui se craquelle irrémédiablement. Les coups du sort qui frappent cette famille recomposée en décomposition font peine à voir, ce qui est le but recherché et atteint du réalisateur, servant de miroir à une réflexion plus profonde sur ces écarts qui se creusent entre les classes sociales.
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