Quatre ans après le semi-échec de Terminator : Genysis, la franchise robotique a été reprise en main par son concepteur, James Cameron qui avait laissé sa place à d’autres pour mener à bien la suite de Terminator 2 : Le Jugement Dernier. Après trois opus qui n’ont pas été du goût de tous, ce dernier revient en tant que producteur et avec Tim Miller à la réalisation, fait repartir la saga vers de nouveaux horizons avec Terminator : Dark Fate, qui marque le retour de Linda Hamilton en plus de celui d’Arnold Schwarzenegger.

Restaurer une machine à bout de souffle, telle est la mission qui a été confiée à Tim Miller après plusieurs tentatives ratées pour faire repartir la saga vers de bons rails. A t-il réussi cette mission à haut risque ?

Avant toute chose, le premier point positif à aborder est que Terminator : Dark Fate propose un spectacle d’un niveau supérieur à Terminator : Genysis, ce qui, pour être honnête était relativement simple vu le nombre de mauvaises décisions prises dans ce précédent opus. Nous pouvons même dire qu’au rayon divertissement, ce qui nous est offert à l’écran est un cran au-dessus de Terminator : Renaissance qui, malgré la bonne idée de se consacrer à ce futur apocalyptique tant redouté par Sarah Connor, échouait au final à captiver.
Faisant table rase du passé (et du futur par la même occasion), ce sixième volet devient officiellement Terminator 3 dans la chronologie de la saga, pour un résultat qui, ironiquement, ressemble au troisième opus originel, Le Soulèvement Des Machines. Pour quelle raison ? Les deux films ont en commun le fait de ne pas parvenir à se démarquer de la formule initiée en 1984 malgré des pistes plus ou moins intéressantes à suivre.

Dans le cas de Dark Fate, malgré l’ombre de James Cameron à la production, ce dernier étant à la base de l’histoire proposée ici, nous sommes plus dans le recyclage que dans la réelle nouveauté, malgré un point de départ osé, qui promettait de rabattre les cartes.
Le script, écrit par un pool de scénaristes d’après l’idée de Cameron, est au final coincé entre tentatives d’emmener la franchise vers des directions inédites et envies de jouer la sécurité.

De ce scénario qui ne sait pas réellement où aller, ne boudons pas notre plaisir de retrouver, en plus d’Arnold Schwarzenegger dans la peau et les circuits du T-800, Linda Hamilton l’autre figure de proue de Terminator, qui fait un retour remarqué en tant que Sarah Connor. Sa présence est clairement l’atout majeur de Dark Fate et l’on se plaît à la suivre, cette dernière se rappropriant avec aisance son personnage d’héroïne badass, qui  n’a rien perdu de sa verve et de son maniement des armes, bien déterminée à casser du cyborg.
Si le repositionnement de ces deux emblèmes de la franchise fait sans aucun doute partie du fan-service, une évolution de leur parcours respectif est tout de même à noter, ce qui fera forcément parler dans le cas du T-800, que ce soit en bien ou en mal, mais cela à de quoi justifier leur inclusion dans cette énième course contre la montre pour empêcher le Jugement Dernier.

Nos vétérans ne sont désormais plus l’alpha et l’omega de cette boucle temporelle et de nouveaux protagonistes sont au centre des enjeux. Dani Ramos, incarnée par Natalia Reyes reprend le rôle qui incombait anciennement à John Connor et si dans cet opus elle est souvent reléguée au rang de la victime, la dernière partie du long-métrage nous intrigue quant à sa future place dans cet avenir toujours aussi sombre. Diego Luna est quant à lui le Terminator nouvelle génération et si visuellement ce Rev-9 propose un dédoublement d’entités bienvenue, l’acteur ne parvient pas à insuffler la peur que doit inspirer cet implacable tueur, peu aidé il est vrai par la réalisation qui ne joue pas de cet effet.
Celle qui s’en sort le mieux et tient la dragée haute par rapport à ses camarades est Mackenzie Davis qui apporte le renouveau dont la saga avait besoin avec le personnage de Grace, que l’on pourrait considérer comme la Kyle Reese de Dark Fate à la différence que notre soldat du futur est améliorée pour pouvoir tenir tête à son ennemi, ce qui en fait une alliée de poids et une adversaire à la hauteur. La trajectoire du protagoniste est maîtrisée, liant à la fois les timelines du film et ses interactions impliquant le casting principal. De ses joutes verbales avec Sarah Connor à sa relation avec Dani, qui a quelques surprises à la clé, nous avons là la deuxième bonne idée du long-métrage.

Si le schéma de l’intrigue est on ne peut plus classique pour la franchise, se contenant de changer Skynet pour une autre entité, avec les mêmes desseins à savoir l’avènement des machines sur l’être humain, c’est donc du côté du trio féminin de ce Terminator que réside le semblant de sang neuf annoncé et ajoutons à cela un soupçon de critique de la société américaine et plus précisément de l’ère Trump, à travers son ancrage au Mexique.

Même au niveau de l’action, parmi les séquences émaillant le film, nous retrouvons des éléments déjà proposés dans Terminator 2 entre la course-poursuite sur autoroute où l’utilisation d’hélicoptères par notre tueur cyborg. Des moments de bravoure inédits sont fort heureusement de la partie et proposent du divertissement de qualité, appuyés par la réalisation de Tim Miller qui fait le job concernant la mise en scène de ces scènes, ce dernier s’y connaissant dans ce domaine et le montrant à l’écran. Dans sa forme, nous sommes donc en présence d’un blockbuster dans la lignée de ce qui s’est fait dernièrement au cinéma, à savoir un minimum divertissant mais pas marquant.

Tentant de revigorer une franchise en difficulté, Tim Miller parvient à rehausser d’un cran le niveau avec Terminator : Dark Fate, qui réussit à faire mieux que Terminator : Genysis. Hélas, bloqué par les balbutiements de l’équipe créative quant à la direction à prendre, le réalisateur ne parvient pas à redorer le blason de la saga. Si nous sommes à des années lumières des deux premiers volets, cette sixième aventure à tout de même un avantage, son casting. Entre le plaisir intact de revoir Linda Hamilton et Arnold Schwarzenegger, la bonne surprise que constitue l’arrivée de Mackenzie Davis, c’est avant tout grâce aux acteurs que l’on suit ce Dark Fate qui, à défaut d’être inoubliable, se laisse regarder. Au lieu de déléguer, James Cameron devrait s’investir totalement dans l’univers qu’il a initié pour lui redonner le second souffle tant attendu.

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