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[Critique] Il Était Une Seconde Fois, vestiges de l’amour

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Le scénariste et réalisateur Guillaume Nicloux, qui vient de revenir au cinéma avec Thalasso, s’essaye au petit écran avec Il Était Une Seconde Fois, une mini-série composée de quatre épisodes de cinquante-deux minutes avec au casting Gaspard Ulliel et Freya Mavor. Le couple formé par les deux acteurs est le point central du show, qui relate de l’amour et de ses déboires, sous fond de science-fiction.

Proposée ce soir dans son intégralité sur Arte, Il Était Une Seconde Fois semble avoir été pensé comme un long-métrage, un effet qui se fait ressentir si l’on visionne la série d’une traite, comme cela est prévue par la chaîne franco-allemande.

Au programme de la série, une quête à la fois amoureuse et existentielle, celle de Vincent (Gaspard Ulliel), au plus bas après sa rupture avec Louise (Freya Mavor). Comblant son désespoir dans les soirées arrosées, ce dernier peine à remonter la pente. Lorsqu’il reçoit un jour à son insu un appareil capable de le faire voyager dans le passé, ce dernier en profite pour plonger dans les vestiges de sa relation, espérant y trouver son salut et une chance de récupérer la femme qu’il a tant aimée.

Guillaume Nicloux et Nathalie Leuthreau combinent les genres et mêlent drame amoureux et fantastique, s’amusant avec les possibilités infinies du voyage dans le temps. Ne cherchant pas à élaborer de théories complexes quant à cette notion de science-fiction, Nicloux et Leuthreau vont au plus simple concernant cet outil scénaristique, le principal restant le parcours de ces personnages. Un cube ouvrant une fenêtre sur le passé et le tour est joué.

L’essentiel d’Il Était Une Seconde Fois repose sur l’humain et sa perte de repères, un effet renforcé par l’utilisation des multiples temporalités. Les principaux personnages que nous croisons en chemin sont des âmes en peine. Vincent et Louise, malgré leur amour, ont l’esprit embrouillé par leurs différents problèmes personnels. Si l’idée d’une reconquête est rapidement mise en oeuvre, celle-ci est surtout l’occasion de faire le point sur la vie du couple où chacun est en proie aux doutes, entre problèmes familiaux et envies d’ailleurs.

Se démarquant du schéma classique du voyage dans le temps, où les protagonistes sont généralement bloqués dans une timeline spécifique jusqu’à temps qu’une épiphanie se produise, la série joue sur le principe d’aller-retour. Vincent peut passer du présent au passé à sa guise. Un choix scénaristique cohérent avec la volonté de se centrer sur la confusion qui règne dans l’esprit des gens. Au cours de ces quatre épisodes, flash-backs et flash-forwards font leur apparition, le tout en pèle-mêle, apportant au final plus de questions que de réponses au fur et à mesure de l’avancée de l’intrigue. Nous sommes face à un puzzle, qui se reconstitue une fois la série terminée.

Gaspard Ulliel et Freya Mavor sont les atouts principaux d’Il Était Une Seconde Fois et leur prestation, tout en silence et regards évocateurs, permet de saisir l’essence de leur personnage, tout aussi perdus l’un que l’autre, chacun ayant des problèmes à surmonter et trouvant en l’autre un refuge. Suivre Vincent et Louise et découvrir ce qui a rongé leur relation et de savoir si un possible renouveau est à espérer est l’attrait majeur de cette mini-série et les mystères planant sur ce fameux cube et le voyage dans le temps font de cette dernière un agréable mélange des genres.

Guillaume Nicloux aime creuser la psyché et entrer dans la tête des gens, ce qui est une nouvelle fois le cas avec Il Était Une Seconde Fois, qui offre une introspection métaphysique réussie sur les affres de l’amour et de la vie, portée par un duo au diapason.

©Christophe Offret

[Critique] L’Empereur De Paris, en quête d’honneur

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Pour leur troisième collaboration après le diptyque Mesrine et le remake d’Un Moment D’Égarement, Jean-François Richet et Vincent Cassel s’attaquent à une figure historique française, Eugène-François Vidocq, qui aura connu un destin iconoclaste durant l’époque Napoléonienne en passant de bagnard à membre d’une force spéciale de la police.
Comptant au casting Olga Kurylenko, Patrick Chesnais, Freya Mavor, Denis Ménochet, Denis Lavant, August Diehl ou encore James Thiérrée et Fabrice Luchini, L’Empereur De Paris a été présenté en avant-première lors de la dix-neuvième édition de l’Arras Film Festival en présence de son acteur principal et de son réalisateur.

Avec L’Empereur De Paris, Jean-François Richet nous concocte un film d’aventure aux allures de blockbuster.

Le scénario écrit par Éric Besnard se veut rythmé et le destin hors-norme de Vidocq nous est conté sans perdre de temps. L’efficacité est au centre du script et très rapidement les principaux protagonistes et enjeux nous sont présentés. La psychologie laisse donc place à l’action et une fois ce parti-pris assimilé le voyage au coeur du Paris napoléonien aux côtés de notre héros se révèle divertissant.

Nous naviguons en eaux troubles et la nuance entre le monde de la justice et le monde de la pègre est mince. Entre les deux se trouvent Vidocq, n’ayant jamais voulu être considéré comme criminel et voulant laver son honneur. De cette volonté d’être gracié, d’obtenir la rédemption à laquelle il tient tant il va se retrouver dos à dos avec les deux milieux. De là nous sommes propulsés dans une quête survitaminée où les péripéties ne manquent pas.

Le moteur du film est donc la détermination d’un homme pour s’affranchir du poids du passé et tenter de vivre un avenir meilleur, un anti-héros solitaire devant travailler en équipe pour mener à bien sa mission et en étant perpétuellement mis à l’épreuve. Les tribulations de cette fine équipe aussi bien dans les bas-fonds que dans les haut-lieux du pouvoir se révèlent distrayantes et le long-métrage sait surprendre le spectateur lors de certaines séquences bien pensées.

Vincent Cassel s’impose dans la peau d’Eugène-François Vidocq et livre une prestation convaincante oscillant entre jeu tout en intériorité, laissant passer ses émotions à travers la silhouette et le visage de son personnage et laissant exploser de temps à autre la rage d’un homme malmené par la société de l’époque dans laquelle il ne s’intègre pas. Face à la présence de Cassel, les autres comédiens tentent de se faire une place mais si Patrick Chesnais, Denis Lavant, Olga Kurylenko ou encore James Thiérée en font parfois un peu trop, Fabrice Luchini joue toujours avec sa verve habituelle, Denis Ménochet est bon dans son rôle de sidekick de même que Freya Mavor qui ajoute une fraîcheur bienvenue, et, dans son rôle d’antagoniste, August Diehl offre un bon contre-poids au jeu de Cassel.

Ce qui marque surtout dans L’Empereur De Paris est la réalisation de Jean-François Richet qui a été inspiré par son sujet et nous plonge dans un XIXème très bien retranscrit, on ressent le budget investi à l’écran et cela fait plaisir à voir de même que le travail sur la photographie qui ajoute du charme à l’image. Surtout, Richet se fait plaisir et sa caméra virevolte, rend Vidocq avec sa silhouette élancée et son haut-de-forme. Enfin des idées de mise en scène émaillent le film et l’action est parfaitement lisible tout en étant rythmée. Du bon travail de la part du réalisateur.

L’Empereur De Paris nous offre une nouvelle incarnation de Vidocq remise au goût du jour et tournée vers l’action pour un résultat divertissant orchestré un tandem Vincent Cassel/Jean-François Richet nous proposant un spectacle généreux, digne d’un blockbuster visuellement, faisant oublier les quelques errances scénaristiques.